Dans cette déclaration, Daniel BEKELE revient sur le discours menaçant du Président Nkurunziza du 2 Novembre, où il appelait les forces de l’ordre à « user de tous leurs moyens pour désarmer ceux qu’il qualifie de terroristes ». Ce discours a poussé les habitants de Cibitoke et Mutakura, au nord de la capitale,« à fuir leurs ménages de peur d’être attaqués ».
Au discours menaçant du Président de la République, s’ajoute « des propos incendiaires de certaines autorités burundaises ». Dans sa déclaration, Human Rights Watch cite Révérien Ndikuriyo, Président du Senat. Dans son discours aux élus locaux le 29 Octobre, Ndikuriyo a mis un accent sur le mot « gukora », « travailler » en français ; « un mot tristement célèbre au Rwanda voisin, avant et pendant le Génocide de 1994 », précise la déclaration.
Dans son bilan des violations des droits de l’homme, Human Rights Watch est également revenu sur le meurtre du fils du défenseur des droits humains, Pierre-Claver Mbonimpa le 6 Novembre, qui résidait à Mutakura. Il avait été arrêté par la police plus tôt, avant que ses proches ne le retrouvent mort. A propos des meurtres imputés à la police justement, HRW est revenu sur l’assassinat d’une famille à Ngagara, toujours au Nord de Bujumbura, c’était le 13 Octobre 2015. Les victimes, un cameraman de la télévision nationale, sa femme, ses deux enfants, son neveu ainsi que leur domestique « ont tous été tués d’une balle dans la tête ». C’est d’après plusieurs témoignages qui affirment que « les auteurs étaient en tenue policière ». Selon toujours Human Rights Watch, « la police ne commet pas seule ces exactions », d’après des enquêtes qu’il a mené. « Elle est souvent accompagnée par des membres de la ligue des jeunes du parti présidentiel nommée imbonerakure ». La déclaration souligne toutefois la présence de « personnes armées sympathisantes de l’opposition et qui ont eu recours à la violence, en attaquant des postes de police avec des grenades ou en tirant sur des policiers ».
Depuis le mois d’Aout, 100 personnes ont été tuées, dont certaines par des membres des forces de sécurité à Bujumbura et ses environs. « La fréquence et la brutalité des meurtres ont atteint des niveaux inquiétants » s’alarme HRW. Cependant, cette organisation des droits humains dit ne pas confirmer le nombre exact de victimes, car beaucoup de résidents de Bujumbura ont eu peur de témoigner.
Pour conclure, Human Rights Watch a évoqué un volet judiciaire, où le procureur général de la République et le porte-parole de la police ont déclaré à cette organisation que des enquêtes sont ouvertes sur tous les signalements de meurtre. Mais une autorité judiciaire a confié à Human Rights Watch que « les magistrats n’ont pas toujours mené des enquêtes approfondies, car certains cas sont traités directement par des magistrats ou d’autres autorités proches du parti au pouvoir », conclut la déclaration.