Une jeune femme, Jeanne Ndayishimiye, a été arrêtée mardi à l’aéroport de Bujumbura alors qu’elle s’apprêtait à embarquer pour Kigali au Rwanda. Elle est accusée d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat. Mais la jeune femme serait victime de ses liens de parenté avec la directrice de la radio Isanganiro en exil, Anne Niyuhire qui est sa sœur. 

 

C’est en se préparant à embarquer dans l’après-midi de ce mardi que Jeanne Ndayishimiye a été arrêtée à l’aéroport de Bujumbura. Selon une source sur place, la jeune femme âgée de 26 ans a été emmenée directement dans le bureau du chargé de la sécurité de l’aéroport qui l’a interrogée durant plus d’une heure avant qu’il ne la remette à des agents du service national des renseignements venus la récupérer. 

 

Depuis mardi, Jeanne Ndayishimiye se trouve aux cachots du SNR. Sa famille est très inquiète pour sa sécurité et rejette en bloc les accusations « d’atteinte à la sécurité » portée contre la jeune femme. Pour la famille, Jeanne Ndayishimiye est victime de ses liens avec la directrice de la radio Isanganiro en exil, Anne Niyuhire, qui est en fait sa sœur. Le SNR l’accuse de travailler pour la radio Inzamba, une des radios crée et animée par des journalistes en exil mais la famille rétorque que Jeanne Ndayishimiye n’est pas une journaliste.

 

 

 

« L’arrestation et la détention de Jeanne Ndayishimiye sont illégales, car elle n’a jamais eu de convocations pour se présenter devant la justice », fait remarquer Me Gustave Niyonzima, avocat du barreau de Bujumbura.

 

Cet homme de loi ajoute que Jeanne Ndayishimiye est détenue sans qu’elle n’ait été signifiée des chefs d’accusation. « En se référant aux procédures d’enquêtes, l’arrestation de la sœur de la directrice de la Radio Isanganiro s’est faite en violation de la loi. Elle est pourtant passée par l’aéroport pour se rendre au Rwanda et elle s’est retrouvée en état d’arrestation sans savoir pourquoi » ajoute Me Niyonzima.

 

L’alinéa 5 de l’article 10 du Code de Procédure Pénale permet aussi à l’accusé d’être assisté par un avocat avant l’interrogatoire, « sauf que cela n’a pas était le cas pour Jeanne Ndayishimiye », s’indigne Me Gustave Niyonzima. 

Il relève aussi, entre autre violation des procédures, l’incompétence du directeur de l’aéroport pour mener des interrogatoires : « Est-ce que le patron de l’aéroport international de Bujumbura a la qualité d’un officier de police judiciaire pour mener un interrogatoire ? Cela nous montre l’irrégularité de son arrestation » poursuit Me Niyonzima.

 

Aussi, toute personne arrêtée est présumée innocente jusqu’à preuve du contraire, selon l’article 52 du Code de Procédure Pénale : « la détention est l’exception. Il faut la relâcher car il n’y a aucune preuve tangible des accusations portées contre elle. Nous constatons donc que l’arrestation de Jeanne Ndayishimiye est politique. Elle est victime de sa sœur et c’est aussi une violation de la loi qui stipule que la responsabilité pénale est individuelle et non collective » conclut l’avocat au barreau de Bujumbura.

 

 

 

Des informations indiquent que Jeanne Ndayishimiye est accusée de travailler pour le compte de la radio Inzamba, une des radios crée et animée par des journalistes burundais en exil et diffusée sur les réseaux sociaux. 

 

Alexandre Niyungeko, un des coordinateurs de cette radio, affirme que « Jeanne Ndayishimiye n’est pas journaliste » mais qu’elle serait victime d’être la sœur d’Anne Niyuhire, directrice de la radio Isanganiro en exil. « Au sein de la radio Inzamba, on n’a pas le nom de Jeanne Ndayishimiye comme Journaliste. Nous sommes organisés au sein de notre radio et nous avons nos propres sources pour avoir accès à l’information. On n’a donc pas besoin de Mme Jeanne Ndayishimiye pour avoir des informations au Burundi. Notre constat est qu’elle a été arrêtée uniquement parce qu’elle est la sœur d’Anne Niyuhire, directrice de la radio Isanganiro » ajoute Alexandre Niyungeko.

 

Jeanne Nayishimiye n’appartient à aucune classe politique, comme le fait savoir sa famille. Elle fut employée de l’agence de voyage Jodav, une agence qui a été fermée suite à la crise et alors que la jeune femme venait d’y travailler une année seulement. Avant cela, Jeanne Ndayishimiye était au chômage depuis 4 ans.