Vers 15 heures de ce 20 Septembre 2015, RUBIMBA ET MBIZI étaient assiégés par des policiers et agents du Service National des Renseignements qui sont à majorité postés au Lycée communal de KIBAGO et les autres à MBIZI. Les habitants pensaient à l’arrivée d’un haut cadre venu de MAKAMBA pour la pacification après presque trois semaines d’arrestations en cascade de jeunes qui ne sont pas membres du parti CNDD-FDD.

Cet espoir a vite été anéanti car ces policiers ont procédé à de nouvelles arrestations de tout jeune homme sans aucune autre forme de procès. Celui qui résistait ou demandait le motif de son arrestation était passé à tabac, témoignent des sources sur place. Malheur à ceux qui ont tenté de s’enfuir car, signalent nos source, ils se faisaient tirer dessus au niveau des jambes puis embarqués vers des lieux inconnus. C’est le cas d’Elvis KARORERO, élève de la 9^ème Année, qui reste introuvable.

GOLGOTA : Les lieux de torture et transit d’enlèvement

Ces jeunes arrêtés sont pour la plupart membres du parti MSD et sont accusés d’appartenir ou de vouloir s’enrôler dans des groupes rebelles. Selon nos sources, ils subiraient des tortures par les hommes des GMIR et du SNR qu’ils  surnomment eux-mêmes ‘GOLGOTA’ : des coups de crosse au niveau des hanches et des côtes, des canons de fusils sur les tibias et des jets d’eau dans le visage sont la ration quotidienne de ces personnes arrêtées en attente des camions de la police et des véhicules du SNR qui viennent les embarquer vers les destinations inconnues de leurs familles.

Près de 200 personnes ont déjà été arrêtées dans de telles circonstances dans les seules communes de KIBAGO et MABANDA : une cinquantaine à majorité originaires des provinces du Nord en exode rural pour la recherche du travail a été libérée mais forcée de retourner dans leurs provinces d’origine.

Toutefois, certains membres des organes dirigeants du MSD à MAKAMBA dont Désiré NIYUNGEKO, Jean Bosco NSABIMANA et un surnommé Léonce ont été embarqués par des véhicules du SNR vers ses cachots de Bujumbura. Les sources sur place à MAKAMBA indiquent que Léonce aurait déjà été tué et son cadavre retrouvé en mairie de BUJUMBURA.

 Pillages systématiques et humiliations

Les policiers et agents du Service National des Renseignements sont aussi accusés de traitements dégradants envers la population de KIBAGO. Ces habitants témoignent que ces derniers pillent systématiquement dans les ménages, les boutiques, les cabarets et les restaurants. Les habitants affirment qu’ils ne peuvent réclamer quoi que ce soit sous risque de se voir arrêtés et taxés de rebelle.

Ces agents des forces de l’ordre poussent jusqu’au harcèlement des femmes et filles rencontrées sur leur passage.  Elles sont déshabillées publiquement par ces hommes en uniforme sous prétexte de rechercher de l’argent dans leurs sous-vêtements, et cela au vu des petits enfants terrifiés par la violence de ces « agents de sécurité », poursuivent nos sources.  Des habitants sur place indiquent que certaines d’entre elles auraient été violées et menacées de mort si elles osaient dénoncer ces cas de viol.

Les habitants des différentes communes de MAKAMBA fatigués par ces violences et traitements inhumains et dégradants accusent les autorités locales de complicité. Beaucoup ont déjà fui et continuent de fuir vers la Tanzanie et les provinces voisines.