Parmi les membres de la délégation du Ministre ougandais figure le Dr Richard Sezibera, secrétaire général de la Communauté Est Africaine qui en principe appui l’envoyé ougandais dans l’équipe de la médiation. De sources concordantes, le Dr Sezibera a été bloqué de manière peu orthodoxe au moment d’entrer au Sénat. Il aurait reçu un coup de coude violent de la part d’un des membres de la sécurité au Sénat et forcé de retourner en dehors du bâtiment.
Cacophonie dans la communication autour de l’incident diplomatique
L’incident filtre rapidement et se retrouve sur la toile. Dès le lendemain matin, le Conseiller Principal du Président de la République Willy Nyamitwe s’empresse d’expliquer sur twitter que « le Dr Sezibera n’a pas été brutalisé. Il n’était ni annoncé ni attendu ». Toutefois, Nyamitwe confirme une chose : « Il a été empêché d’entrer au bureau du Sénat par la sécurité ». Seule la « manière » dont le secrétaire général de l’EAC a été bloqué n’est pas explicitée par le Conseiller du Président Nkurunziza.
Avant lui, le porte-parole du Ministère des Relations Extérieures Daniel Kabuto semble choqué du traitement infligé au secrétaire général de l’EAC : « ceux qui ont brutalisé le Dr Sezibera ont rendu un mauvais service au pouvoir de Bujumbura. Pour des excuses à l’EAC et à l’homme » écrit Kabuto sur twitter. Qui mieux placé que le porte-parole de la Diplomatie pour savoir ce qui s’est passé ce mercredi au sénat ?
L’affaire prend une tournure officielle
Mais l’incident diplomatique prend désormais une ampleur plus importante et officielle. Ce jeudi, le président du Sénat Révérien Ndikuriyo a décidé de protester officiellement contre « la violation des usages diplomatiques au Burundi par le secrétaire général de l’EAC » à travers une lettre adressée au Ministre des Relations extérieures. Le président du Sénat accuse Sezibera d’avoir voulu s’introduire « de force » dans la salle d’audience avec le Ministre ougandais Kiyonga. Révérien Ndikuriyo demande donc au Ministre burundais d’adresser une « note diplomatique de protestation » au président de l’EAC.
Apparemment, la Communauté de l’Afrique de l’Est a décidé d’en faire autant. Dans un tweet ce jeudi, l’EAC juge « inacceptable » l’agression contre le secrétaire général de l’EAC lors de sa visite officielle au Sénat burundais. L’organisation régionale annonce qu’ « une protestation officielle et diplomatique été envoyée à Bujumbura ». Ce vendredi, sur son compte facebook, l’EAC estime que « telle action mine les efforts de la Communauté qui accompagne le peuple burundais dans leur recherche d’une solution à la crise en cours ».
Il faut dire que le secrétaire général de l’EAC est dans le collimateur du Gouvernement Nkurunziza depuis quelques mois. La première attaque était venue de la Ministre en charge des affaires de la communauté Est Africaine Léontine Nzeyimana qui avait accusé le Dr Sezibera de bloquer le Burundi et de nuire à ses intérêts au sein de l’EAC. A cette époque, des sous-entendus sur la nationalité Rwandaise du Dr Sezibera avaient aussi été mis en avant, les relations entre Kigali et Bujumbura étant à ce moment déjà tendus depuis le début de la crise au Burundi car Bujumbura accuse son voisin de soutenir les « insurgés » qui déstabilisent le pays.