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Dossier : L’armée Burundaise se disloque lentement suite à la crise du 3ème mandat

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L’ONG International Crises Group a récemment sorti un rapport intitulé « Burundi : L’armée dans la crise ». Dans ce rapport, ICG constate que la crise qui secoue le Burundi suite au 3ème mandat de Pierre Nkurunziza a contaminé l’armée burundaise qui se déchire progressivement.

 

ICG alerte dans son rapport, que l’armée burundaise aujourd’hui « appauvrie et polarisée » sur le plan politique et ethnique est « en ruine », et qu’elle ne pourrait se rétablir qu’au prix d’une résolution politique inclusive ; une perspective qui, aux yeux de ICG, semble s’éloigner avec le « durcissement continu » du régime Nkurunziza.

 

Thiery Vircoulon, consultant de l’ICG dans la partie de l’Afrique centrale, rappelle que cette armée aujourd’hui dans la croisée des chemins, avait été un honneur pour le Burundi dans les années qui ont suivi les Accords de Paix d’Arusha.

 

« C’est un rapport qui évalue l’impact de la crise sur l’institution militaire depuis 2015 et qui montre que cette institution a été, et est extrêmement fragilisée par la crise politique actuellement avec les désertions, des assassinats des militaires. Maintenant, la crise burundaise reflète une image du Burundi tout entier dans la mesure où l’armée semble être sous le contrôle du régime », explique l’expert.

 

Evoquant l’enrôlement des militaires burundais dans les missions onusiennes de maintien de la paix, l’ICG rappelle que cela a commencé « quand l’armée était mieux construite », et que cela ne causait pas de problèmes. Le problème a commencé avec la crise, et cette armée est pointée du doigt, à tel enseigne que certains sont même « révoqués » de leurs missions.

 

« Il est clair que l’armée burundaise s’est engagée dans ce genre de mission depuis 2007, mais le contexte actuel diffère des années d’avant 2015. Cette application dans le maintien de la paix avait pour but à la fois de montrer une bonne image diplomatique du Burundi, et l’armée burundaise était la vitrine de la réconciliation et de l’Accord d’Arusha en quelque sorte ; mais aussi, cet engagement dans le maintien de la paix avait pour but d’améliorer la situation financière et la situation en équipement de l’armée burundaise », indique Vircoulon.

 

Pourquoi les défections massives dans l’armée burundaise ?

 

Selon le rapport de l’ICG, « près de 2000 militaires ont déserté l’armée depuis seulement 2015 ». Toutefois, l’armée burundaise rejette en bloc ces chiffres et parle plutôt de 30 désertions au sein de la FDN.

 

Selon le Colonel Adolph Manirakiza, lui-même Officier burundais contraint à l’exile, les défections reconnues par le gouvernement devraient dépasser de loin le nombre de 30 militaires. «  Si le porte-parole de l’armée déclare un petit nombre, c’est pour ne pas être ridicule qu’on entende que des centaines de militaires ont quitté l’armée et ont fui », explique l’officier qui a longtemps servi lui-même comme porte-parole de la Grande Muette.

 

Les causes qui poussent ces militaires à prendre le large sont nombreuses, explique le Colonel Manirakiza, « mais la principale c’est qu’ils voient comment leurs frères d’armes sont arrêtés, malmenés, torturés, emprisonnés, tués et jetés dans des fosses communes ». Cette situation est « intenable » et certains préfèrent quitter cette armée pour se réfugier à l’étranger, ajoute l’Officier.

 

« Les militaires et policiers qui terminent leur mission de maintien de la paix préfèrent ne pas retourner au Burundi parce que certains sont informés qu’ils figurent sur des listes des militaires ou policiers à éliminer. Ces listes sont élaborées par leurs frères d’armes, mais d’origines CNDD-FDD. Ces listes sont dressées sur de simples soupçons de collaborer avec les opposants. La conséquence est que lorsqu’on arrive à Bujumbura, on est arrêté avant même de rejoindre la famille et on vit le calvaire de la mort », martèle le Colonel Manirakiza qui a refusé de subir ce sort.



Le conseil de sécurité de l’ONU reconnait que la paix est en péril au Burundi

 

Malgré cette crise qui secoue l’armée burundaise, 7.400 militaires burundais sont toujours en Somalie et en Centrafrique pour une mission onusienne de maintien de la paix. Toutefois, cette paix que les militaires burundais sont allés recouvrer pour le peuple étranger est en péril au Burundi, comme en témoignent les membres du Conseil de Sécurité de l’ONU.

 

Le 13 avril 2017, les interventions des diplomates sur le Burundi étaient claires à ce sujet ; la situation au Burundi n’a pas progressé. « La situation au Burundi ne connait malheureusement pas de progrès notable. Comment ne pas être choqué par les images de cette vidéo dans laquelle les jeunes miliciens Imbonerakureappellent au rancœur, au viol et au meurtre des opposants ? », a déclaré le représentant de la France au Conseil de sécurité.

 

Ce diplomate français ajoute que de tels comportements « ne devraient pas être tolérés » par les responsables du parti au pouvoir burundais.

 

« Une contradiction éthique et politique »

 

Selon Thiery Vircoulon, il y a une « grande contradiction » entre le fait qu’il y a une crise au Burundi et que, en même temps, les militaires burundais sont déployés pour rétablir la paix à l’étranger, essentiellement la Somalie et la Centrafrique.

 

« Après le renvoie du contingent policier et leur équipement, il n’y a pas eu d’effort entre l’ONU et l’UA pour trouver les remplaçants des contingents militaires burundais une fois renvoyés », indique-t-il.

 

Pour le Professeur Méthode Ndikumasabo, ancien Officier de l’armée burundaise et spécialiste du Droit International Pénal et de la Résolution Pacifique des conflits, il est lamentable que les militaires burundais s’entretuent sur des bases ethniques ou politiques.

 

« Il me semble qu’il y a beaucoup de militaires d’ethnie Tutsi en activité, démobilisés ou pensionnés qui sont ciblés pour mort en raison d’une haine ethnique qui tient à l’histoire du Burundi. La deuxième raison tient au soupçon de ne pas soutenir le 3ème mandat de Nkurunziza ; et quand un militaire ou policier est soupçonné, il est assassiné s’il ne file pas. Tout cela illustre les failles du dispositif présent dans les Accords d’Arusha, qui édifie une armée de 50% de Tutsis et 50% Hutus soi-disant pour équilibre. Malheureusement, il suffit d’une seule mauvaise politique pour que l’armée se disloque de nouveau soit de l’intérieur, soit de l’extérieur, et il n’y a plus de garanti. C’est ce qui se passe actuellement », analyse-t-il.

 

Selon ce Professeur, le problème de division de l’armée burundaise devrait être discuté lors des négociations comme d’autres points. Il propose entre autre que soit abordée la question des quotas ethniques au sein de la FDN, mais aussi des militaires qui doivent restés apolitiques. « La crise qui secoue le Burundi aura prouvé que les militaires issus du CNDD-FDD s’impliquent en politique et cela devra être corrigé », conclut le Professeur Ndikumasabo dans son analyse.

 

Le gouvernement du Burundi n’a pas encore réagi au rapport de International Crisis Group sur l’armée burundaise.

 

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