À l’approche des élections au Burundi : des irrégularités massives menacent l’intégrité du scrutin

À quelques jours des élections législatives et communales au Burundi, de graves irrégularités entachent le processus électoral et alimentent les inquiétudes quant à sa crédibilité. À travers le pays, des témoignages concordants dénoncent des pratiques systématiques allant de la fraude électorale à l’intimidation politique, en passant par l’usage abusif des institutions publiques à des fins partisanes.
Depuis octobre dernier, des cas alarmants d’enfants inscrits illégalement sur les listes électorales ont été signalés. D’après plusieurs sources, cette opération a été orchestrée avec la complicité de certains responsables scolaires proches du CNDD-FDD, le parti au pouvoir. Des cartes d’identité ont été délivrées à ces mineurs pour leur permettre de voter, dans le but manifeste de gonfler artificiellement le corps électoral.
La sélection des agents électoraux s’est cette année déroulée dans une opacité totale. Les postes ont été réservés exclusivement aux membres du CNDD-FDD, sans appel public à candidatures. Pire encore, ces agents ont été conviés à des réunions confidentielles, au cours desquelles des consignes claires leur ont été données pour intimider les partisans de l’opposition.
Dans plusieurs provinces, les partis d’opposition se sont heurtés à des obstacles systématiques dans leur tentative de participer à la surveillance du scrutin. Les mandataires de formations comme la coalition Burundi Bwa Bose ont vu leurs dossiers rejetés sans explication, notamment dans la province de Burunga, où les procédures d’enregistrement ont été délibérément retardées jusqu’à la date limite.
La distribution des cartes électorales, entamée le 12 mai, a été marquée par de nombreuses irrégularités. Dans certaines localités, des membres de l’opposition se sont vu refuser leurs cartes, ou les ont retrouvées confisquées par les Imbonerakure, la ligue de jeunesse du CNDD-FDD. À Bujumbura, des cas d’achat et de revente de cartes par des militants du parti au pouvoir ont été signalés. À Mutaho, l’accès aux soins via les cartes CAM a même été conditionné à la présentation de la carte d’électeur.
Le climat politique se tend dangereusement à mesure que la campagne avance. Des militants de l’opposition ont été victimes d’agressions physiques, parfois très violentes. À Muyange, dans la commune de Nyanza Lac, un sympathisant de Burundi Bwa Bose a été grièvement blessé à la machette par des individus affiliés au parti au pouvoir, illustrant un climat d’insécurité généralisée.
La campagne du CNDD-FDD a peu à peu pris le dessus sur la vie sociale et économique dans de nombreuses localités. À Gihosha, par exemple, le samedi 31 mai, seuls les participants aux rassemblements du parti ont pu accéder aux commerces essentiels, y compris les boulangeries. Des citoyens rapportent avoir été contraints d’assister à ces manifestations sous peine de sanctions.
Des enfants ont été vus participant activement aux activités de campagne, en violation flagrante des conventions internationales relatives aux droits de l’enfant. Dans certaines écoles, les cours ont été suspendus pour permettre aux élèves de prendre part aux actions politiques du parti au pouvoir, perturbant ainsi gravement le calendrier scolaire.
Ces multiples dérives font planer une ombre lourde sur la sincérité du scrutin à venir. L’exclusion des opposants, l’intimidation, la manipulation des institutions et la violence politique minent la confiance de la population envers le processus électoral. Selon nos sources, l’issue des élections semble déjà écrite.
Alors que le scrutin approche à grands pas, les appels à un processus électoral transparent, inclusif et pacifique se multiplient au niveau national comme international. Mais pour de nombreux observateurs, les conditions actuelles laissent peu d’espoir quant à la crédibilité du verdict des urnes.