Des réfugiés burundais de Nyarugusu ont commencé à rentrer dans leur pays, contraints de le faire
Par : Générose Niyonkuru
Le retour des réfugiés burundais du camp de Nyarugusu, en Tanzanie, ce lundi 10 novembre, intervient dans un contexte tendu marqué par la décision du gouvernement tanzanien de fermer les camps hébergeant des réfugiés burundais. Les 16 et 17 octobre 2025, les autorités tanzaniennes ont en effet annoncé la fermeture du camp de Nduta d’ici le 31 mars 2026 et de la section burundaise du camp de Nyarugusu d’ici le 30 juin 2026. Ces deux camps abritent plus de 150 000 réfugiés burundais.
Les réfugiés rentrés ce lundi, estimés à environ cent cinquante, affirment avoir été contraints de retourner dans leur pays, le Burundi. Une grande partie d’entre eux figure parmi ceux qui avaient été rayés des listes des bénéficiaires des vivres sans motif valable, une mesure utilisée pour les pousser à rentrer. D’autres disent être revenus par peur, après des pressions exercées par des émissaires du gouvernement burundais venus leur annoncer que, s’ils ne rentrent pas volontairement, ils seront rapatriés de force dans de mauvaises conditions. Les responsables du camp ont commencé à afficher les noms des rapatriés sur des listes, marquant officiellement leur retour.
Une femme parmi ces rapatriés témoigne : « Moi, j’étais malade. Mon parent est allé avec mes enfants chercher les vivres et ils ont été servis. Mais le mois suivant, lorsque je suis allée prendre la ration alimentaire, le document de cinq personnes était déjà bloqué. Au bureau du responsable du camp, on nous a dit de rentrer chez nous. »
Certains réfugiés expliquent avoir passé des jours à demander pourquoi ils ne recevaient plus de nourriture, sans jamais obtenir de réponse claire. « Parmi ceux qui sont rentrés, il y a un homme qu’on avait rencontré vendredi au bureau. On lui avait signifié de s’inscrire et de rentrer. Je l’ai vu, il est rentré. C’est terrible », ajoute la même femme.
Selon d’autres témoignages, des Imbonerakure, jeunesse affiliée au parti CNDD-FDD, ont été envoyés dans le camp pour pousser les réfugiés à rentrer. Ces émissaires ont affirmé que ceux qui refuseraient de rentrer seraient expulsés de force, certains évoquant même des menaces physiques. « Ils disent aux gens qu’ils seront tués, que les Tanzaniens ne plaisantent pas. À cause de ces messages, beaucoup ont peur. Les vieilles femmes ou d’autres personnes préfèrent rentrer et mourir au Burundi », rapporte une source sur place.
Au camp de Nyarugusu, les réunions et les messages appelant les réfugiés burundais à regagner leur pays continuent d’être diffusés, alimentant un climat de peur et d’incertitude parmi les milliers de familles encore sur place.

