FORSC dénonce des irrégularités dans le recensement des victimes et des biens spoliés mené par la CVR

Le Forum pour le renforcement de la société civile affirme que le recensement des victimes de massacres et des biens spoliés, réalisé en mai et juin derniers par la Commission vérité et réconciliation, présente de graves irrégularités. Dans une déclaration sortie ce 15 août, le FORSC estime que ce travail, mené en pleine campagne électorale, est biaisé et pourrait attiser les tensions.
Le FORSC accuse la CVR de mener son recensement, couvrant la période du 26 février 1885 au 4 décembre 2008, avec des conclusions déjà préétablies, en se concentrant sur les massacres de 1972 et en affirmant qu’un génocide a été commis contre les Hutu, tout en négligeant d’autres massacres, notamment ceux de 1993. Le FORSC dénonce également que la CVR se permette de qualifier elle-même des crimes, compétence normalement réservée aux tribunaux.
Selon le FORSC, le recensement, réalisé dans certaines provinces et visant à connecter les victimes à leurs biens spoliés, a été mal conduit, avec des témoins préparés à l’avance et des enquêteurs principalement issus du CNDD-FDD, le parti au pouvoir. L’organisation relève que 95 % des victimes recensées pour 1972 sont des Hutu, tandis que les victimes Tutsi de 1993 sont quasiment absentes.
Le FORSC critique aussi la CVR pour son insistance sur le génocide des Hutu de 1972, notamment à travers une conférence organisée au siège des Nations Unies le 25 juin, alors que l’histoire du Burundi inclut d’autres événements tragiques en 1965, 1988, 1993 et 2015.
Le FORSC rappelle que plusieurs rapports de l’ONU et d’ONG indépendantes ont dénoncé la partialité de la CVR, citant notamment le rapport international sur le Burundi de 1996, réalisé par une commission d’experts internationaux, qui avait conclu à un génocide contre les Tutsi en 1993.
Enfin, le FORSC demande au gouvernement de faire cesser ces activités de recensement qui menacent l’unité nationale, appelle la CVR à travailler de manière neutre et sollicite le soutien de la communauté internationale pour un dialogue interburundais véritable et inclusif.