Trouver des devises comme la monnaie européenne Euro ou les dollars américains dans la ville de Bujumbura ou dans les bureaux de change est devenue un parcours du combattant. A cause de cette rareté des devises étrangères, le taux de change du dollar américain a fortement grimpé jusqu’à plus de 2000 BIF comme le témoigne ce changeur « maintenant le dollar s’achète à 2060 BIF et se vend à 2080 BIF à cause de la rareté de ces devises. Cela est dû à la décision prise depuis Février 2012 par Banque de la République du Burundi de stopper ce qu’on appelait la vente aux enchères. La BRB vendait ces devises aux banques commerciales et ces dernières nous les vendaient. Depuis que les bureaux de change ne reçoivent plus ces devises, ces dernières ont quasiment disparu de la circulation » affirme un détenteur d’un bureau de change.
A cause de la rareté de ces devises, les conséquences fâcheuses commencent à s’observer du côté des importateurs et des changeurs de la monnaie étrangère qui affirment que le prix des biens grimpe de jour en jour « pour les produits que nous importons du Kenya et de l’Ouganda, nous sommes obligés de revoir à la hausse leurs prix » ajoute cet importateur.
Cette montée en cascade du taux de change des devises est liée à la crise politico-sécuritaire qui perdure depuis fin avril 2015. La crise a déjà causé des manques à gagner énormes aux entrepreneurs, dont certains ont été contraints de fermer boutique faute de clients.
De faux billets de francs burundais en circulation
Plus grave est la circulation de faux billets dans certaines banques commerciales. Si le client ne vérifie pas bien ces billets, après avoir franchi la porte de la banque il n’a plus droit de faire retourner ces faux billets dans la banque concernée. Comme témoigne ce client d’une banque « il ya quelqu’un qui est venu retirer 50 millions dans une banque de la place. Arrivé dans son bureau, il a été surpris par de faux billets dans le lot qu’il a retiré de la banque. Au final, il y avait 750 milles Francs Bu de faux billets. Là tu ne vas pas retourner à la banque pour leur expliquer qu’on t’a servi de faux billets ! » termine-t-il.
Malgré les assurances du Gouvernement, la crise en cours a créé une récession entre 2 et 3% à la fin de l’année 2015 et une inflation de près de 7%. Les réserves de devises à la BRB sont à sec. Ainsi, le Gouvernement a donc décidé d’exiger à toutes les organisations détentrices de comptes en devises de loger leurs comptes à la banque centrale au lieu des banques commerciales. Une décision qui devrait être exécutée avant la fin du mois de mars 2016. Beaucoup accusent le Gouvernement de vouloir piocher dans ces devises pour pallier au manque de rentrées dans les caisses de l’Etat. Aussi, « la BRB se substitue aux banques commerciales en touchant les commissions habituellement perçues par les banques locales sur chaque transaction alors que son rôle est celui de régulateur» nous a confié un banquier.