Témoignage : Le porte-parole du MSD en exil salut le courage des policiers et militaires qui l’ont protégé
janvier 10, 2017
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Plusieurs acteurs politiques de l’opposition ont été contraints à fuir le pays depuis le début de la crise liée au 3ème mandat du Président Nkurunziza. Si la fuite a pu être rapide pour une grande majorité d’entre eux qui ont senti le vent tourner, la tâche a été plus dure pour ceux qui étaient déjà aux mains des services de sécurité du gouvernement de Bujumbura. C’est le cas de l’actuel porte-parole du parti MSD, Epitace Nshimirimana, qui a accepté de témoigner pour expliquer son calvaire jusqu’à l’exil forcé.
Arrêté le 12 mai 2015, Epitace Nshimirimana était chargé par son parti le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie (MSD) de coordonner les manifestations contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza. Cet opposant a passé un mois dans les geôles du service national des renseignements.
« J'ai été arrêté par plus de 70 policiers. Ils assuraient la sécurité lorsque Pierre Nkurunziza était en Tanzanie. Depuis ce jour-là jusqu'au 9 juin, je ne pouvais pas m'asseoir convenablement. Je souffrais beaucoup parce que les agents du SNR me passaient à tabac matin, midi et soir. Ils utilisaient des fers à béton, me battaient à coups de pieds et d'autres choses que je ne connais pas. Ils me tiraient également avec des cordes », explique ce cadre du MSD aujourd’hui en exil.
L'actuel porte-parole du MSD explique aussi qu'il a beaucoup souffert le jour de la tentative de coup d'Etat et les jours qui ont suivi. Epitace Nshimirimana confie que c'est au cours de cette même tentative de coup d'Etat de mai 2015 qu'il a le plus souffert.
« Les 13, 14 et 15 mai, ils m'obligeaient de m'allonger par terre pendant que beaucoup de coups de feu se faisaient entendre partout dans la capitale. Ils me disaient qu'avant de partir, ils devaient me tuer. J'ai des cicatrices laissées par des coups de couteaux », avoue l’opposant politique dans un témoignage.
C’est un peu plus d’un mois après son arrestation qu’il sera transféré des cachots du SNR vers la prison centrale de Mpimba à Musaga où il a passé deux autres semaines.
« Deux semaines plus tard, j'ai été transféré dans la prison de Rumonge. Ils m'accusaient toujours de continuer d'organiser des manifestations à Bujumbura. Malgré mon état de santé, je n'ai pas été soigné. Je ne m'asseyais qu'à peine, dormait que sur un côté et ce sont mes amis prisonniers qui prenaient soin de moi. Mais je pense fort qu'ils auraient essayé de me tuer en route vers Rumonge pendant mon transfert. Ils prétendaient qu'il y avait un groupe de gens armé qui voulaient leur tendre une embuscade », se rappelle Epitace Nshimirimana.
A la mi-juillet 2015, Epitace Nshimiramana a été reconduit à la prison de Mpimba, « grâce à la pression de certains diplomates et organisations », principalement l'Ambassadeur des Etats-Unis au Burundi, le représentant de l'UE au Burundi ainsi que d'autres organisations, ajoute-t-il, « qui ont beaucoup plaidé pour que je comparaisse devant le tribunal ».
Après son retour à la prison de Mpimba, le porte-parole du MSD n'a pas tardé à s'évader. Certains ont parlé de l’intervention du président du parti MSD, Alexis Sinduhije, dans son évasion ; mais Epitace Nshimirimana évoque plutôt des membres des forces de sécurité qui l’ont aidé.
« Je pense que le président du parti ne peut pas favoriser une telle action. Il est préoccupé par les problèmes qui hantent les burundais. Il peut avoir échangé avec ceux qui étaient chargés de mon évasion, mais je me suis évadé principalement grâce au courage et à la bravoure de certains militaires et officiers qui rêvent d'un Burundi meilleur », conclut Epitace Nshimiramana, comme beaucoup d'autres politiciens qui ont fui le pays à cause de la crise liée au troisième mandat du Président Pierre Nkurunziza.
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