A première vue, tout est normal. Les marchandises sont bien arrangées selon leurs rayons et les vendeurs en majorité des femmes sont là en bavardant entre elles en attendant des clients potentiels. Les denrées de premières nécessités aussi sont étalées. Le haricot dit « kirundo » qui avant les manifestations se négociait à 1300Fbu le kilogramme, se vend actuellement à 1000Fbu. Le haricot dit « jaune » avant fin Avril 2015 s’achetait à 1700 Fbu le kilo mais ce jeudi le kilogramme se vendait autour de 1400 Fbu le kilogramme. Le kilogramme du riz appelé « umuzambiya » avant les manifestations anti-troisième mandat du président Nkurunziza s’achetait à 1500 Fbu alors que ces jours-ci on vous supplie d’acheter ce même kilogramme du riz à 1300Fbu le kilo. Le riz tanzanien réputé de première qualité avec sa bonne odeur se négociait à 2200FBu le kilo fin avril mais en ce moment avec un billet de 2000 Fbu on obtient un kilogramme de bon riz dit tanzanien. Cette diminution des prix des produits de premières nécessités va de 200 Fbu à 300 Fbu par kilo de marchandises voulues.
Cependant les oignons blancs et les fretins secs très prisés dans tout le Burundi ne suivent pas la même tendance. Ces deux denrées sont chères au marché. Par exemple, le kilogramme d’oignons blancs qui était à 1200 Fbu le 25 avril, aujourd’hui son prix a augmenté de 1000Fbu soit 2200 Fbu le kilo. Les « ndagala » secs qui s’achetaient à 18000 Fbu ont doublé de prix car il est à 32000 Fbu. Le prix de la viande de bœuf ou de la chèvre est resté le même bien que les clients ne « s’aventurent » plus à demander son prix car le panier de la ménagère a connu un certain vide depuis le début des manifestations contre le troisième mandat de Nkurunziza. La viande rôtie est à 6000 Fbu le kilo alors que celle appelée « changa-changa » est à 5000Fbu le kilo avec un bonus d’un sachet noir.
Clients en refuge.
Selon les commerçants de l’ancien marché central de Bujumbura, ces prix des denrées de premières nécessités ont diminué pour plusieurs raisons. Pour Gilles qui vent des pommes de terre venues du Rwanda communément appelés « Ruhengeri », « la rareté des pommes de terre s’observe souvent au mois d’Avril car il n y avait pas de fournisseurs venant du Rwanda et les prix montent en flèche » affirme t-il. Mais pour le moment « c’est la récolte de pommes de terre qui fait que cette denrée devienne nombreuse en quantité au marché. Avec la loi de l’offre et de la demande, ces commerçants n’ont pas d’autres choix que de diminuer les prix » termine notre interlocuteur. Autre facteur qui pousse les commerçants à revoir à la baisse les prix des denrées de premières nécessités, c’est l’absence de clients. Selon Mariam de la commune Kinama qui vent le riz et haricot au marché central de Bujumbura sur la place dite Le Grenier, « depuis les manifestations contre la troisième candidature du Président Nkurunziza, il ya eu des clients qui ont préférés s’exiler au Rwanda ou dans les pays limitrophes. Et cette fuite à envoyer beaucoup de monde en chômage et l’argent ne circule plus » se lamente Mariam.
Ce n’est pas seulement les commerçants qui ont manqué de recettes, même l’Office Burundais de Recettes OBR en sigle dans son rapport d’avril 2015 a reconnu avoir enregistré un manque à gagner de plus de 10 milliards de francs burundais par rapport à ses prévisions, et de 16 milliards de francs en mai 2015 alors le gros du budget intérieur vient des recettes collectées par l’OBR.
