La répercussion psychologique sur les parentés des disparus crée une torture mentale.
Pour les spécialistes en santé, les familles restent dans une grande angoisse : « ils s’imaginent sans cesse le sort du leur, est-il encore vivant? Le reverrons-nous un jour ? A-t-il changé ? Ils s’attendent chaque fois à le revoir et n’accepte jamais sa disparition », explique Gabriel Hakizimana, Dr en santé publique
Les membres de ces familles ont tendance à s’isoler, se méfier de tout le monde car ils ne sauront jamais pourquoi le leur a disparu, qui l’a fait disparaitre et ainsi soupçonnent la complicité, l’implication de toute personne, ajoute l’expert.
« La plupart du temps, ce sont les chefs de ménages qui disparaissent. Non seulement la famille ne pourra pas enterrer le leur mais ressente aussi son absence en ne parvenant plus à couvrir tous leurs besoins. Ainsi la dépression est aggravée par la pauvreté », clarifie Dr Hakizimana
Les enfants, des êtres fragilisés par ces disparitions
Des études montrent que les enfants dont tous les parents ou un d’eux a disparu, grandissent avec de la mélancolie.
« Habitué à jouir de la présence de tous les parents, si brusquement l’enfant ne revoit plus ses parents ou l’un d’eux, il perd ses repères. Côtoyant des enfants qui ont toujours les deux parents, sa tête se remplit de questions sans réponses », fait savoir le spécialiste
La pauvreté comme chez l’adulte, enfonce l’enfant également. « Ne pouvant plus être satisfait dans ses besoins comme avant, l’enfant regrette chaque instant la disparition de son parent. Et si la pauvreté perdure, l’enfant peut développer de la frustration en lui», avertit l’expert en santé publique.
Malgré la disparition de leurs parents, certains enfants une fois bien encadrés et aidés par la famille et l’entourage, peuvent adopter un esprit positif. Toutefois, d’autres optent pour la vengeance et sombrent dans la criminalité. «C’est le cas de certains des dirigeants actuels du Burundi. Ce sont des victimes du crime de disparitions forcées commis les années antérieures », constate le spécialiste de la santé publique
Une assistance psychologique pour préserver l’avenir des familles
Pour la protection et la sauvegarde de l'avenir des familles des disparus mais aussi pour celui de la nation, les spécialistes conseillent que les parents des disparus ne s'isolent pas et si c'est nécessaire les aider à consulter les services professionnels des psychologues ou des médecins psychiatres, ajoute Gabriel Hakizimana, Docteur en santé publique.
Docteur Gabriel Hakizimana fait savoir que pour les enfants c'est encore plus délicat, "Il faut rassurer l'enfant, il faut l'entourer d'amour, il faut que l'enfant puisse continuer à vivre sa vie. Autre chose, il ne faut jamais occulter la vérité, expliquer aussi les choses telles qu'elles sont tout en essayant de ne pas semer la rancune ou de ne pas faire en sorte que l'enfant puisse grandir avec la haine." Conclut Gabriel Hakizimana, Docteur en santé publique