La population des zones Mutakura et Cibitoke, au nord de la capitale dans la commune Ntahangwa vie une peur panique suite aux enlèvements, aux assassinats qualifiés de ‘sauvages’, aux tortures et autres crimes que certains des habitants de ces quartiers subissent quotidiennement. 

Depuis plusieurs mois, beaucoup de ces habitants ne logent plus chez eux. Certains ont fuis le pays suite à cette insécurité permanente dans leurs quartiers. Mais il y en a pour qui c’est difficile de quitter le pays. Ceux-là ont du demander asile dans d’autres quartiers. Ils passent ainsi de maison en maison puisque les familles d’accueil ne sont pas toujours capables de les héberger durant un long moment.

Certaines des familles rencontrées disent qu’elles sont « très fatiguées par les actes commis par la police dans leurs quartiers ». «Nous avons choisi de quitter notre maison de Mutakura. Aucun jour ne passe sans que les policiers viennent chercher des jeunes à enlever » témoigne un habitant de Mutakura qui a été forcé de quitter son quartier.

Pour beaucoup de cas, ces jeunes enlevés sont retrouvés morts le jour suivant ou quelques jours après. « Dis-moi comment je peux rester à Mutakura, moi et mes enfants dans ces conditions? J’ai des garçons qui étudient. La fois passé, on a enlevé un jeune de ma famille, nous l’avons retrouvé mort ! C’est dommage ce que fait la police » poursuit cette autre mère qui vivait à Mutakura.

Les habitants de Mutakura et Cibitoke sont d’autant plus terrifiés que les policiers agissent sans preuves et arrêtent les gens sans se soucier d’apporter des mandats d’arrêts. Le tort de ces habitants étant que beaucoup ont contesté le troisième mandat du Président Nkurunziza. « Pour le moment nous sommes en difficultés, nous avons quitté notre  maison. Je ne vis pas avec mes enfants et aucune famille ne peut nous accueillir tous à la fois. Même nos enfants  accèdent difficilement à l’école. Pour arriver à l’école, ils doivent faire plusieurs kilomètres car cela dépend du quartier où l’on a demandé asile » témoigne un autre habitant. « Nous sommes fatigués par une police qui devrait nous protéger » déclare la même source.

A Mutakura et Cibitoke, il est rare qu’une seule journée se passe sans détonation d’armes à feu ou explosions de grenades. Plusieurs habitants sur place affirment que des policiers en uniformes viennent quotidiennement chercher des jeunes à enlever. « Quelques fois ces jeunes résistent car être enlevé par la police ces temps-ci ne garantit pas qu’on reste en vie » poursuivent nos sources. Les policiers tirent alors sur ces jeunes pour les contraindre à se soumettre. Ceux qui ont échappé à ces actes de la police ont quitté leurs ménages et disent que leurs biens laissés ne sont pas à l’abri de vandalisme de la part de certains agents de la police. « Lorsque les policiers ne trouvent personne à arrêter, ils démolissent les portails et entrent dans les maisons, même sans mandat » témoignent les jeunes de ces deux quartiers.

L’exemple donné par nos sources est une maison à Mutakura qui a été brulée par des agents de la police la semaine dernière. La population de Mutakura et Cibitoke ne sait plus à quel saint se vouer et continue de réclamer une protection contre les policiers qu’ils jugent instrumentalisés par le pouvoir pour mettre la population dans cette situation d’insécurité permanente