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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Burundi : Sous le CNDD-FDD, la justice et les libertés sacrifiées sur l'autel du pouvoir

Burundi : Sous le CNDD-FDD, la justice et les libertés sacrifiées sur l'autel du pouvoir

Arrivé au pouvoir en 2005 après une décennie de guerre civile et une victoire électorale porteuse d'espoir, le CNDD-FDD a rapidement déçu les attentes des Burundais. Vingt ans plus tard, le bilan est accablant : violations systématiques des droits humains, justice aux ordres, répression politique et une consolidation du pouvoir qui a sacrifié les libertés fondamentales et l'État de droit. Eugène Nindorera, ancien ministre burundais des Droits de l’homme et ancien représentant du haut-commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a fait une évaluation de ces vingt ans que dure déjà le régime du parti de l’aigle.

Eugène Nindorera qui est aussi l'un des fondateurs de la Ligue Iteka (une ligue burundaise des Droits de l'Homme)  en 1991, dresse un constat implacable. L'espoir de tourner la page des souffrances du passé s'est rapidement dissipé face à la réticence du CNDD-FDD à placer l'édification de l'État de droit au cœur de sa gouvernance.

Un État de non-droit où la terreur règne

Depuis 2005, les Burundais sont victimes de violations généralisées, allant du droit à la vie aux droits économiques et sociaux. Exécutions extrajudiciaires, disparitions forcées, arrestations arbitraires et torture sont devenues monnaie courante. L'impunité est la règle, le gouvernement protégeant les agents de l'État responsables de crimes graves. L'appel public du chef de l'État, Évariste Ndayishimiye, à la lapidation des homosexuels en décembre 2023, et les appels au meurtre de citoyens par l'ancien président du Sénat, Révérien Ndikuriyo, en sont des exemples flagrants.

La crise de 2015 a marqué un tournant vers un autoritarisme assumé et un régime de terreur visant à museler toute voix dissidente, que ce soit au sein du parti lui-même, des institutions, des partis politiques, de la société civile ou des médias.

Une justice instrumentalisée et une opposition muselée

L'ancien ministre souligne l'instrumentalisation de la justice, où les juges subissent des pressions politiques et sont vulnérables à la corruption, compromettant leur indépendance. Les procès inéquitables sont fréquents, et les accusations d'atteinte à la sûreté de l'État sont utilisées pour réprimer toute opposition. Les autorités s'ingèrent régulièrement dans le fonctionnement des partis politiques, comme en témoigne l'éviction récente d'Agathon Rwasa de la tête du Congrès National pour la Liberté (CNL).

Un arsenal juridique répressif au service du pouvoir

Sous l'impulsion du CNDD-FDD, la gouvernance du pays s'est traduite par un durcissement des lois et une restriction des libertés fondamentales. La révision constitutionnelle de 2018 a marqué une rupture avec les accords de paix, et le code pénal est utilisé pour museler les voix dissidentes. La loi organique sur le Conseil Supérieur de la Magistrature de janvier 2021 fragilise l'indépendance de la justice, et le code électoral a été modifié à cinq reprises pour verrouiller le jeu politique. La loi sur la presse, bien que partiellement dépénalisée, reste une source de pression sur les journalistes et les citoyens.

La corruption endémique détourne les ressources publiques au détriment des besoins fondamentaux des citoyens. Les discriminations persistent, notamment dans l'accès à l'emploi public, où l'appartenance au parti au pouvoir est souvent un critère déterminant.

Une machine répressive au service d'intérêts sectaires

Selon les experts, l'autoritarisme du CNDD-FDD s'explique par la logique de la terreur du courant dominant du parti, héritier d'une culture politico-militaire. Militaires, policiers et milice Imbonerakure sont instrumentalisés pour intimider, arrêter ou éliminer les opposants. Les détournements de fonds publics, la corruption et la mauvaise gouvernance sont érigés en système, et la justice est dévoyée pour garantir l'impunité des fidèles du régime. Une guerre des clans interne oppose les cadres du parti pour le contrôle des ressources et l'enrichissement illicite, transformant l'État en butin de guerre.

Malgré ce tableau sombre, Eugène Nindorera souligne quelques points positifs, tels que les mesures prises par le Président Pierre Nkurunziza au début de son mandat pour rendre universel l'accès à l'éducation et favoriser l'accouchement des femmes enceintes ainsi que l'accès aux soins pour les enfants de moins de cinq ans.

Face à un petit cercle de privilégiés déconnecté des aspirations populaires, une prise de conscience citoyenne pourrait émerger. Solidarité et actions collectives pourraient ouvrir une brèche vers la bonne gouvernance. Mais le chemin vers un Burundi respectueux de l'État de droit reste un parcours semé d'embûches.

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Photo : Eugène Nindorera

 

 

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