Burundi : La révolte des enseignants contre la FLE
Une vague de mécontentement sans précédent déferle sur la Fondation de Logement pour le Personnel Enseignant (FLE) au Burundi. Les enseignants affiliés à cette institution, créée pour faciliter leur accès au logement, se trouvent aujourd'hui dans une impasse financière et administrative qui soulève de nombreuses questions sur la gestion et la transparence de l'organisme.
Depuis près de deux ans, les enseignants cotisants à la FLE font face à une situation alarmante : malgré des prélèvements mensuels automatiques de 12 000 francs sur leurs salaires, aucun crédit n'a été accordé depuis le 4 juin 2023. Cette date marque un tournant dans l'histoire de la fondation, coïncidant avec la création d'une microfinance dans le cadre d'un nouveau projet étatique. Ce projet, initialement présenté comme une opportunité pour les enseignants d'obtenir des crédits en échange de leurs cotisations, semble avoir eu l'effet inverse, gelant complètement l'octroi de prêts.
La frustration des enseignants est palpable. Beaucoup avaient placé leurs espoirs dans ce système pour réaliser des projets personnels importants, notamment la construction de leur propre maison. Ces rêves se trouvent aujourd'hui suspendus, sans aucune visibilité sur une éventuelle reprise des activités de crédit de la FLE.
Le problème ne se limite pas à l'absence de crédits. Les enseignants qui, face à cette situation, souhaitent quitter la fondation, se heurtent à des obstacles administratifs considérables. Les procédures de résiliation d'adhésion, censées être simples et rapides, s'éternisent sans explication. Cette situation est en contradiction flagrante avec les engagements initiaux de la FLE, qui prévoyaient un arrêt immédiat des prélèvements et un remboursement de l'épargne sur deux ans pour les membres souhaitant se désengager.
Plus inquiétant encore, les enseignants qui osent demander des explications aux responsables de la FLE rapportent avoir été confrontés à des menaces plutôt qu'à des réponses claires. Ce climat d'intimidation renforce le sentiment d'impuissance et de colère parmi les affiliés.
Antoine Manuma, président de la Fédération Nationale des Syndicats du Secteur de l'Enseignement et de l'éducation du Burundi (FNASSEB), a pris publiquement position sur cette crise. Il demande une action immédiate du gouvernement, notamment la suspension du conseil d'administration de la FLE, actuellement dominé par des membres de la fédération COSSESSONA. Manuma accuse ce conseil d'avoir failli à sa mission de gestion efficace de la fondation.
Les enseignants affiliés à la FLE lancent un appel au président de la République. Ils demandent l'ouverture d'une enquête approfondie pour faire la lumière sur l'utilisation de leurs cotisations. En parallèle, ils exigent la suspension immédiate des prélèvements mensuels de 12 000 francs jusqu'à ce que tous les problèmes au sein de la fondation soient résolus de manière satisfaisante pour l'ensemble des affiliés.