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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Migration massive des jeunes Burundais : chômage et désespoir

La pauvreté persistante et l’absence de perspectives professionnelles poussent de plus en plus de jeunes Burundais à quitter le pays. Leur regard est tourné vers l’étranger, avec l’espoir d’y bâtir une vie plus stable.

En proie au chômage, à un système d’embauche marqué par le favoritisme et à l’indifférence des autorités, les jeunes se disent abandonnés. « Qu’on soit du parti au pouvoir ou d’ailleurs, nous sommes tous dans la même galère », confie l’un d’eux. Il dénonce un climat de désillusion généralisée, où des diplômés en médecine se retrouvent à conduire des taxis faute d’opportunités. La majorité d’entre eux ne voient aucun avenir après les études, d’autant que ceux qui ont fini l’université depuis une dizaine d’années sont toujours sans emploi.

À cela s’ajoute une tendance inquiétante : certains jeunes, désespérés, sombrent dans l’escroquerie pour survivre. « À Bujumbura, nombreux sont ceux qui demandent de l’argent avec promesse de remboursement, mais une fois obtenu, on ne les revoit plus », rapporte un jeune.

Les associations de défense des droits des jeunes révèlent qu’en 2024, plus de 20 000 élèves ont abandonné les bancs de l’école. La majorité d’entre eux ont pris le chemin de l’étranger, notamment les pays voisins et l’Europe, en quête d’un avenir qu’ils jugent introuvable au Burundi.

Dans des villes comme Kampala en Ouganda ou Nairobi au Kenya, ces jeunes Burundais, parfois âgés d’à peine 10 ans, vendent dans les rues des produits alimentaires comme des œufs ou des arachides. Bien que vivant souvent à plusieurs dans des chambres exiguës, et malgré le risque constant d’arrestation pour défaut de papiers, leur nombre ne cesse de croître.

Pour ceux ayant rejoint l’Europe, la situation semble moins précaire. L’accès au travail, la possibilité d’épargner et des revenus jugés satisfaisants leur permettent d’envisager une vie plus stable. « Ici, même un jeune peut économiser jusqu’à 1500 euros par mois, soit l’équivalent de 10 millions de francs burundais », affirme l’un d’eux. Toutefois, ils reconnaissent que ce confort a un prix : il faut souvent faire une croix sur les loisirs.

La migration massive des jeunes a pris de l’ampleur après les élections de 2015, aggravée en 2020 par la crise économique. Pour beaucoup, partir n’est plus un choix, mais une nécessité.

Une jeunesse sacrifiée, des voix s’élèvent

Le Mouvement pour la solidarité et la démocratie (MSD) estime que le départ massif des jeunes résulte de l’absence d’une politique nationale adaptée à la jeunesse. Son porte-parole, Epithace Nshimirimana, dénonce également l’insécurité, les disparitions forcées et les persécutions, tout en appelant les jeunes à revendiquer leurs droits au lieu de fuir.

Le Mouvement international de la jeunesse burundaise (MIJB) parle d’un avenir compromis à cause de dirigeants qui, selon lui, n’ont jamais valorisé la jeunesse. Son porte-parole, Daniel Ngendakumana, appelle la jeunesse à résister et le gouvernement à changer de cap avant qu’il ne soit trop tard.

Quant au Centre pour le renforcement de l'éducation et du développement de la jeunesse (CREDEJ), il attribue l’exil des jeunes à la vie chère et au manque d’opportunités. Félix Ndacayisaba, son vice-président, déplore les conséquences multiples pour le pays, les familles et les jeunes eux-mêmes, exhortant les autorités à réagir avant qu’il ne soit trop tard.

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