Les marchés burundais face au défi de la sécurité
Les marchés du Burundi, fers de lance de l'économie locale, sont confrontés à un défi crucial : assurer la sécurité des commerçants et des clients alors que les accès de secours sont souvent bloqués par les activités commerciales. Une gestion plus efficace des espaces publics pour prévenir les catastrophes et garantir un environnement sûr pour tous s’impose.
Au marché de Ngozi, bien que des entrées aient été spécifiquement aménagées pour les véhicules d'urgence, elles sont rapidement envahies par les commerçants dès que les exercices de sécurité sont terminés. Un habitant témoigne : « En cas d'incendie, l'accès des véhicules de secours serait gravement compromis. Même les piétons ont du mal à circuler dans ces passages. »
La situation n'est guère meilleure à Cibitoke, où les voies réservées aux secours sont désormais occupées par des stands commerciaux. Un résident déplore : « C'est un problème sérieux, aggravé par l'appétit de nos dirigeants pour l'argent. » À Gitega, la situation est encore plus critique, avec une quasi-absence d'accès pour les véhicules de secours, selon les habitants.
Cette problématique s'inscrit dans un contexte plus large de vulnérabilité des marchés burundais aux sinistres. Le professeur Elias Sentamba, dans une étude menée en 2018, a mis en lumière plusieurs incendies majeurs qui ont frappé le pays ces dernières années. Le marché central de Bujumbura en 2013, celui de Kamenge en 2017, et celui de Ruziba en 2019 ont tous été ravagés par les flammes, causant des pertes considérables pour les commerçants et l'économie locale.
Sentamba identifie plusieurs facteurs aggravants : l'absence d'un cadre strict pour la gestion des risques d'incendie, l'insalubrité des installations, le stockage mal maîtrisé de produits inflammables, et le manque de systèmes de sécurité appropriés. Les conséquences de ces incendies sont dévastatrices, allant de la perte immédiate de biens à la précarisation des commerçants et à la perturbation des chaînes d'approvisionnement.
Pour prévenir ces tragédies, le professeur Sentamba recommande la modernisation des infrastructures des marchés, l'établissement de normes strictes de sécurité incendie, la formation des commerçants aux gestes de prévention, une meilleure surveillance des installations électriques et la construction de bâtiments adaptés aux risques d'incendie. Il souligne l'importance d'une approche collective impliquant autorités locales, commerçants et communauté pour renforcer la sécurité des marchés burundais.