Bujumbura : le manque d’hygiène persiste dans les petits restaurants

Le manque d’hygiène s’observe dans différents quartiers de la ville de Bujumbura, en particulier dans les petits restaurants, au moment où l’épidémie de choléra continue de sévir. Les habitants estiment que si rien n’est fait pour améliorer la situation, il sera difficile de lutter efficacement contre cette maladie.
Dans les quartiers où se trouvent ces petits restaurants, l’hygiène est insuffisante. La nourriture n’y est pas suffisamment protégée contre les microbes. Des habitants affirment que l’entretien n’est pas une priorité dans ces établissements. Un résident de la zone Kanyosha témoigne que les petits restaurants y sont nombreux mais présentent de sérieux problèmes de salubrité. Selon lui, les cuisines sont sales, les eaux usées sont souvent versées à proximité des lieux de préparation et aucune mesure stricte n’est appliquée. Il estime que si le gouvernement faisait respecter les règles d’hygiène, la situation pourrait s’améliorer. La même situation est rapportée dans d’autres quartiers de la ville de Bujumbura.
Selon des habitants de Bujumbura, le manque d’eau potable constitue la principale cause de cette insalubrité. Un habitant explique que dans différents bars et restaurants, les ustensiles sont mal lavés et attirent facilement les mouches. Certains établissements ne disposent pas de lieux d’aisance, et ceux qui en ont ne sont pas bien entretenus.
Ceux qui fréquentent ces petits restaurants indiquent que si des mesures ne sont pas prises, notamment en matière de sensibilisation sur l’hygiène et d’approvisionnement en eau potable, la lutte contre le choléra sera compromise et la situation risque de s’aggraver dans les jours à venir.
Des amendes pour le non-respect de l’hygiène
Le gouvernement burundais a récemment instauré une loi prévoyant des amendes pour les personnes et institutions ne respectant pas les règles d’hygiène dans les villes et ailleurs dans le pays. Adoptée le 5 août dernier, cette loi a été signée conjointement par le ministère de l’Intérieur, du Développement communautaire et de la Sécurité publique, le ministère des Finances ainsi que le ministère de la Santé publique et de la Lutte contre le Sida.
Elle prévoit une amende de 5 000 francs burundais pour toute personne qui enfreint la réglementation relative à la propreté et à l’hygiène. Les individus jetant des ordures, enfouissant des excréments, déversant les eaux de toilettes ou rejetant les cadavres d’animaux dans les caniveaux, lacs ou rivières risquent une amende de 50 000 francs. Les exploitants de restaurants, bars, lieux de culte ou marchés dépourvus de lieux d’aisance décents, ainsi que les fumeurs qui consomment du tabac dans des espaces publics fermés, seront sanctionnés de 100 000 francs.
Les propriétaires de terrains qui n’en assurent pas l’entretien devront payer entre 20 000 et 50 000 francs burundais, selon l’emplacement de la parcelle. Quant aux usines qui déversent des eaux usées dans la nature, elles s’exposent à une amende de 500 000 francs.
L’application de ces mesures relève des services d’hygiène et des administrateurs communaux. En cas de non-paiement dans les délais, une pénalité de 2 % sera ajoutée au montant de l’amende.
L’association FASHA pointe la responsabilité de l’État dans l’insalubrité
La décision du gouvernement burundais de sanctionner les habitants et les entrepreneurs qui ne respectent pas les règles d’hygiène est jugée abusive par l’association FASHA, engagée dans la protection de l’environnement. Son président, Patrice Sabuguheba, estime que l’État lui-même porte une lourde responsabilité dans l’insalubrité qui règne dans la capitale et dans plusieurs provinces du pays.
« L’eau manque cruellement en mairie de Bujumbura et dans toutes les provinces. Alors, comment voulez-vous que les gens rincent correctement les ustensiles qu’ils utilisent, par exemple dans les restaurants ? Et bonjour les mouches », souligne-t-il.
Selon lui, la gestion des déchets illustre aussi la négligence de l’État. « Les ordures ménagères, collectées dans des sacs, s’entassent souvent pendant des jours, voire des mois, faute de ramassage régulier. Les sociétés chargées de cette mission, en manque de carburant, n’assurent plus le service. Certains habitants profitent alors des coupures d’électricité pour déverser les ordures en pleine rue ou les brûler à ciel ouvert », dénonce Patrice Sabuguheba.
Pour le président de FASHA, la REGIDESO figure parmi les premiers responsables. « L’eau, c’est la vie. Sa disponibilité, tout comme celle de l’électricité, est essentielle pour assurer un minimum d’hygiène », insiste-t-il. Il appelle ainsi à une synergie entre la REGIDESO, les services administratifs, les chargés d’hygiène et les forces de l’ordre pour améliorer la situation.