Elle accepte de témoigner malgré la douloureuse expérience vécue, estimant que les victimes ne doivent pas avoir honte de dénoncer ce genre de crime.
Comme elle le témoigne depuis le camp de Mahama au Rwanda, ceux qui l'ont violée sont des agents de la police burundaise. Cela s’est passé lorsqu’elle rentrait du marché dans la zone Cibitoke en mairie de Bujumbura.
« Je venais du marché et je suis tombée sur un groupe de gens en tenue policière. Ils m'ont arrêté et m'ont fait asseoir quelque part. Ils étaient au nombre de quatre, deux m'ont proposé de me tuer. Ils ont discuté sur mon cas », se rappelle-t-elle.
Après avoir discuté sur son assassinat, les choses ont changé de tournure. « Les deux sont revenus et ont demandé si on m'avait déjà tuée, les autres ont refusé. Après cela, ils m'ont dit: ‘Ecoutez madame, tu ne vas pas être tuée mais on te propose une seule chose et si tu n'acceptes pas, on va te tuer’. Moi je me suis demandée la chose en question », poursuit-elle.
Ayant constaté qu'ils voulaient la violer, la victime a tenté de se débattre mais sans succès. « Deux m'ont pris avec un fusil, les autres ont déchiré mes habits et tous sont passés à l'acte. Ils l'ont fait plusieurs fois, c'était à Cibitoke dans la ville de Bujumbura. Ils m'ont libéré par après mais ils ont volé mon téléphone et m'ont fouillé. Je me suis alors demandé comment je pouvais aller à l'hôpital. Je m'y suis rendue et ils ont trouvé le virus du SIDA », se rappelle la victime.
Après ce viol, la victime a décidé de fuir vers le Rwanda. Ce voyage n'a pas été facile car elle n'avait pas de moyens pour payer le transport. Elle a dû vendre une partie de ses pagnes. Depuis ce jour, la victime qui a requis l’anonymat indique qu’elle est traumatisée.
« Quand j'entends les histoires de la police burundaise, j’ai mal au cœur, je ne suis pas en paix. Je suis en train de prendre les médicaments mais je ne mange pas suffisamment ; je souhaiterais avoir des bienfaiteurs qui puissent suivre mon cas », indique la femme.
Cette victime de violence sexuelle invite les autres femmes qui ont subi le même sort de ne pas avoir honte, mais plutôt de dénoncer ce crime.
« Ce que je demande aux femmes victimes de ces viols, c'est de ne pas tenir le secret, qu'elles puissent le dénoncer afin de collaborer avec les organisations pour dire non à ces violations commises au Burundi », conclut-elle.