« Je suis parti au mois de février et je suis revenu au mois de juin », témoigne le jeune enfant dès son arrivée au camp de Nduta.
Agé de 14 ans, il a été déporté par des personnes qui lui promettaient du travail rémunéré dans les champs ; et cela à l’insu de ses parents. « Ils nous disaient que nous allions tous travailler chez une même personne dans les champs de maïs à Muha et que nous allions être mieux payés. Nous avions beaucoup d’espoir que nous allions gagner de l’argent sans beaucoup de peine », ajoute-t-il.
La destination réelle était la région de Nguruka. Il passait des jours et nuits à subir des bastonnades. « Chez la communauté banyamwezi, on nous maltraitait. On me battait souvent. On dormait à la belle étoile sans couverture. On devait veiller à ce que les hyènes ne dévorent pas les vaches. Mais à la moindre maladresse, on nous retirait de l’argent, le salaire de tout un mois », poursuit-il.
Un homme de nationalité tanzanienne a proposé du travail au jeune enfant, cette fois dans la région de Kinyanga. Là-bas, il espérait y trouver un léger mieux. « J’ai fui et je me suis dirigé vers la communauté basukuma où j’ai été accueilli par un Muha. Il m’a emmené à Shinyanga, là j’ai travaillé chez un Musukuma. J’ai demandé un salaire mensuel, il a refusé ; j’ai insisté, il a dit non. J’ai alors dit que j’ai besoin d’un téléphone et cette fois-ci il m’a donné l’argent, c’est ainsi que j’ai décidé de prendre fuite », conclut l’enfant de retour au camp des réfugiés de Nduta.
Le salaire promis était de 30.000 shillings tanzaniens, une somme qu’ils n’ont jamais reçus. Pourtant, le gouvernement tanzanien est au courant de ce trafic des enfants du camp de Nduta pour cause d’esclavage.
La semaine dernière lors de la célébration de journée de l’enfant africain au camp de Nduta, le représentant du département des affaires sociales et logistiques de Kibondo où est érigé le camp de Nduta a affirmé qu’ils sont au courant de tout ce qui se passe chez les enfants de Nduta. « Ceux qui seront attrapés seront sévèrement punis », avait mis en garde ce responsable tanzanien.