Pour la deuxième fois consécutive en moins de 48h, le quartier de JABE a été perquisitionné par la police lourdement armée ce mercredi. Personne n’a été autorisé à entrer ni sortir de ce quartier. D’autres quartiers de la ville de Bujumbura ont été passés au peigne-fin sans oublier les communes de RANGO et MUHUTA de l’intérieur du Burundi.
Jabe encore une fois a été ceinturée par la police ce mercredi. Aucune issue pour entrer ou sortir du quartier que ce soit pour les résidents ou d’autres personnes venus d’ailleurs ; même les enfants n’étaient pas autorisés à se rendre à l’école. La police a passé à la fouille-perquisition des maisons de ce quartier. Les habitants de Jabe ne comprennent plus le but de cette opération en moins de 48h. Un commerçant détenant un petit kiosque dans ce quartier se lamente « depuis dimanche mon commerce va très mal. Je vendais dimanche quand les balles ont commencé à siffler. Certains de mes clients sont partis en toute vitesse sans me payer. Lundi, toute la journée j’étais obligé de fermer à cause de la fouille-perquisition de la police » termine Gédéon. Plus loin, Mariam accompagnait ses fillettes à l’école HIMBAZA dite Kwa David. La police a ordonné à la mère de rentrer à la maison : « Comment voulez-vous que nos enfants progressent alors qu’ils ne sont pas autorisés à aller en classe ? » s’interroge t-elle.
Bilan de cette fouille perquisition musclée
Dans le quartier JABE, « 6 personnes ont été arrêtées pour des raisons d’enquête. Une culotte militaire, une épée, une matraque, 5 litres de boissons prohibées déversés aussitôt par la police et 120 boules de chanvres saisies » dresse le porte-parole adjoint de la police en guise de bilan de deux jours d’opération. Selon Pierre Nkurikiye, « aussi longtemps que les balles continueront à se faire entendre dans ce quartier, nous ferons des fouilles perquisitions jusqu’à attraper ces criminels non encore identifiés ». Curieusement aucune arme n’a été saisie par la police. Dimanche dernier pendant plus de 3h, des coups de feu et explosions de grenades se faisaient entendre dans ce quartier.
A Cibitoke dans le quartier Mutakura « 4 personnes ont été arrêtées lors d’une fouille de la police. Sur la 4e avenue au N° 50, deux armes kalachnikov, 76 cartouches de kalachnikov, 420 cartouches de l’arme Mi-kalachnikov, 5 chargeurs garnis, des tenues militaires, 3 machettes, 1 grenade, des médicaments et de béquilles. Sur la 5è avenue au N° 32, une gourde militaire avec 549 balles et une arme kalachnikov ont été saisies par la police derrière une maison » affirme Pierre Nkurikiye, porte-parole adjoint de la police nationale.
Opération similaire à Gitega
Le chef du quartier RANGO dans la ville de Gitega précise qu’environ 300 policiers ont ceinturé le quartier depuis 3 heures du matin de ce mercredi. Ils ont commencé la fouille vers cinq heures du matin. Cette autorité à la base ajoute que rien n’a été trouvé comme arme, sauf 32 cartouches et une veste imperméable policière saisie au domicile d’une veuve du quartier. La veuve a été arrêtée par la police puis libérée vers midi de ce même mercredi. La veuve en question déclare qu’elle ne savait pas qu’il y avait des cartouches dans sa maison. Elle explique cependant que son mari, décédé en 2001, avait un fusil mais qu’il l’avait remis avant sa mort. Quant à l’imperméable, elle déclare qu’elle l’a acheté au marché de GITEGA et qu’elle la portait quand elle conduisait une moto d’une ONG qui l’avait embauchée. Cette femme explique qu’elle ne savait qu’il s’agissait d’un imperméable de police, de part sa couleur noire sans aucune inscription de police sur l’imperméable en question.
A Muhuta, une arme a été découverte par la police ce mardi, ajoute le porte-parole adjoint de la police.
Guerre des chiffres sur les personnes arrêtées et leur destination.
D’après le président de l’Association de lutte pour la défense des droits de l’homme Ligue ITEKA, 21 personnes ont été arrêtées dans le quartier JABE depuis lundi. Anschaire Nikoyagize accuse la police d’amener ces personnes dans des endroits inconnus. Faux, rétorque le porte-parole adjoint de la police. Selon Pierre Nkurikiye, « les personnes arrêtées sont conduites dans les cachots de la police bien connus et la plupart des cas, ces personnes sont relâchées après interrogatoire ». Il ne nie cependant pas qu’il y a des personnes qui sont arrêtées par d’autres agents comme ceux du Service National des Renseignements et les forces de défense nationales. Il renvoie les défenseurs des droits de l’homme et les journalistes d’aller demander la destination de ces individus aux porte-paroles de ces autres institutions.