Depuis bien avant 2015, année de fin de mandat du president Pierre Nkurunziza, « le Président et ses proches voulaient à tout prix que Nkurunziza brigue un troisième mandat » comme nous l’ont révélé plusieurs de ses anciens collaborateurs. Nos sources ajoutent que le pouvoir en place trouvait que « les médias indépendants sont l’obstacle majeur à l’aboutissement de ce plan ».
C’est ainsi qu’un plan a été concocté et certains directeurs et journalistes des médias indépendants ont été approchés à maintes reprises « pour accompagner ce plan de Nkurunziza » mais en vain. Après leur échec cuisant, poursuivent nos sources, le pouvoir Nkurunziza s’est contenté de diviser certains médias « en cherchant cette fois les journalistes qui peuvent accepter de travailler à la solde du pouvoir ». Les personnes qui étaient responsables de mettre à exécution ce plan étaient : Willy Nyamitwe le chargé de la communication et de l’information au sein de la Présidence, l’ex-patron du Service National des renseignements Feu Général Adolphe Nshimirimana ainsi que Joseph Ntakarutimana le deuxième vice-président du parti au pouvoir CNDD-FDD qui est proche de Nkurunziza.
Ce groupe qui voulait diviser les médias et journalistes utilisait les fonds du gouvernement et de leur parti pour acheter la conscience des journalistes visés. Mais certaines de nos sources révèlent qu’une bonne partie de ces fonds n’est jamais arrivée aux destinataires mais qu’elle a plutôt été détournée par ces mêmes planificateurs. C’est ce qui expliquerait à nouveau l’échec de ce second plan. La dernière décision radicale préparée par les ténors du pouvoir a été la fermeture et la destruction des médias indépendants.
La mise à l’exécution du plan
Le pire a commencé après la date du 25 avril où le Président Nkurunziza annonce officiellement qu’il va briguer un troisième mandat jugé illégal au vu de la Constitution et de l’accord d’Arusha. Au lendemain de cette annonce, la société civile, les partis de l’opposition et les frondeurs du parti CNDD-FDD qui jugent illégal ce mandat lancent un appel à la manifestation pacifique contre cette candidature. Le Président Nkurunziza et ses proches s’attaquent aussitôt aux médias et leur exigent de ne pas retransmettre en direct ces manifestations.
Pour la RPA, déjà dans le collimateur du pouvoir, beaucoup se souviennent encore de la présence de quatre ministres : celui de l’intérieur à l’époque Edouard Nduwimana, Pascal Barandangiye qui fut Ministre de la justice,le ministre de la sécurité publique Gabriel Nizigama ainsi que celui de la Communication Tharcisse Nkezabahizi. Cette équipe avait la mission de fermer la radio pour l’empêcher de parler des manifestations en cours. Les quatre ministres ont finalement accepté de discuter et ont abouti à un arrêt des retransmissions en direct des manifestations contre le troisième mandat. Cette opération sera menée dans les radios Bonesha et Isanganiro.
Encore une fois, nos sources indiquent que l’équipe des ministres avait échoué au vu du mandat qui leur avait été donné. D’où le lendemain, lundi 27 avril 2015, le gouvernement envoi cette fois des policiers lourdement armés pour fermer définitivement la RPA. Les radios Bonesha et Isanganiro continueront d’émettre à Bujumbura seulement car les fréquences de l’intérieur du pays de ces trois radios avaient été coupées sur décision du directeur général de la RTNB Jérôme Nzokirantevye.
Finalement, le pouvoir profitera de la tentative manquée de coup d’Etat du 13 mai 2015 pour mettre à exécution la destruction des médias indépendants le 14 mai 2015 dès l’aube. La veille, les militaires putschistes avaient eux aussi détruits la radio Rema Fm jugée proche du pouvoir, seule radio justement à avoir été autorisée à émettre à nouveau par le procureur général.
Depuis la destruction des médias il y a 7 mois, plus de 70 journalistes ont déjà pris le chemin de l’exil craignant pour leur sécurité.