Selon des sources à Gihosha, la député de l’EALA sortait de son domicile à Mutanga nord et venait d’effectuer une centaine de mètres. Un véhicule de marque Toyota, type Ti l’a cogné à l’arrière de son véhicule. Hafsa Mossi a été alors abattue de deux balles dans la poitrine alors qu’elle venait de sortir de son véhicule pour constater les dégâts.
Les témoins affirment que le véhicule transportant les tueurs portait ne portait pas de plaques d’immatriculation alors que le porte-parole de la police a déclaré que le véhicule avait des plaques tanzaniennes. Les tueurs ont fui juste après leur forfait en tirant sur leur passage, il était 10h30. Aussitôt après, la député de l’EALA a été évacuée à l’hôpital militaire situé non loin de Mutanga nord où Hafsa Mossi a succombé de ses blessures.
Le porte-parole de la police nationale a confirmé l’assassinat de Hafsa Mossi. Dans un tweet, Pierre Nkurikiye a indiqué que « Mme Mossi a été assassinée à 10 heures 30 par deux criminels dans un véhicule ».
Par ailleurs, des témoins s’étonnent qu’un tel assassinat ait pu être commis en plein jour à quelque distance à peine des policiers qui avaient bouclé certaines avenues du quartier pour une fouille perquisition.
« La députée de l’EALA recevait depuis quelques temps des menaces » affirme le journaliste Innocent Muhozi qui a longtemps travaillé avec Mossi. Des menaces qui auraient commencé après sa visite dans un camp de réfugiés Burundais qui ont fui suite à la crise actuelle liée au 3ème mandat du Président Nkurunziza. Tout le monde se souvient des larmes versées par Hafsa Mossi au vu des conditions de vie très difficiles des réfugiés. Selon le directeur de la Télévision Renaissance, « Hafsa Mossi a reçu des menaces directes de la part d’un ministre du gouvernement ». Il ajoute qu’elle a dû en référer directement au Président Nkurunziza.
Hafsa Mossi inhumée dans l’après-midi
La députée de l’EALA, de confession musulmane, a été inhumée dans l’après-midi suivant son décès comme le veut la religion. Devant sa tombe, Cheikh Saidi Kajandi, chef de la communauté musulmane au Burundi, a exprimé sa consternation face à cet acte ignoble qui a pris la vie d’une personne aimée par tous.
« Voici notre sœur, la députée Hafsa Mossi qui nous quitte trop tôt. Elle part alors qu’elle n’était pas malade, victime innocente assassinée sauvagement. Que lui reprochait-on ? Tout le monde l’aimait, elle ne faisait de mal à personne, elle appréciait tout le monde, de quoi est-elle victime ? Vous tous qui avez encore l’esprit assassin, sachez que vous ferez face un jour à Dieu, que direz-vous à Dieu ce jour-là ? Vous oubliez que vous serez enterrés ici même où nous venons de l’enterrer », a déclaré Cheikh Kajandi.
Consternation générale à l’annonce de la mort de Mme Mossi
Les réactions ont fusé de toutes parts après l’annonce du décès de Hafsa Mossi. La député de l’EALA a occupé de nombreuses fonctions au cours de sa carrière.
Elle a débuté comme journaliste au sein de la Radio-télévision Nationale du Burundi (RTNB) à la section swahili avant d’entamer une carrière à la BBC après un passage à Chanel Africa en Afrique du Sud. Un des journalistes de la BBC, Ali Yussuf Mugenzi a témoigné ce mercredi soir du professionnalisme de Mme Mossi : « elle avait une voix radiophonique et pour preuve elle a travaillé pour 3 différentes radios. Je me souviens qu’après l’assassinat du Président Ndadaye au Burundi, la BBC a dû déplacer Hafsa Mossi en dehors du pays pour sa sécurité et l’a placée à Dar-es-Salaam. Ce n’est pas parce qu’elle faisait mal son travail mais parce qu’elle parlait de sujets très sensibles qui ne plaisaient pas à toutes les parties à cette époque et devait être protégée. Elle a travaillé pour la BBC jusqu’à ce qu’elle soit appelée dans son pays pour d’autres fonctions », a déclaré le chef de la section kirundi-kinyarwanda de la BBC.
Après ce passage en journalisme, Hafsa Mossi a entamé une carrière politique comme membre du parti CNDD-FDD. Elle a été respectivement porte-parole du Président Pierre Nkurunziza, puis Ministre de la Communication, ensuite Ministre en charge des Affaires de la Communauté est-africaine (EAC) avant d’être député de la même Communauté.
Le Président Pierre Nkurunziza a condamné un « acte ignoble et lâche », parlant de « perte inestimable pour le Burundi, sa famille et toute l’EAC » sur son compte twitter.
Sur les réseaux sociaux, les réactions étaient nombreuses à l’annonce de son assassinat, plusieurs personnes ayant choisies de mettre sur leur profil la photo de la députée de l’EALA Hafsa Mossi en guise de consternation.
