La cause de cette tension est la décision du jury de faire reprendre l’année à un étudiant de la  faculté des lettres et des sciences humaines. L’étudiant ayant échoué dans quatre cours, le règlement stipule qu’il doit reprendre l’année, mais l’étudiant est un membre de ligue imbonerakure du parti au pouvoir CNDD-FDD soutenu par le rectorat qui presse le jury de revoir sa décision. Ce dernier a refusé et certains professeurs subissent des intimidations, d’autres sont mutés arbitrairement.

 

Deux de ses copies ont disparu alors qu’il demandait d’y jeter un œil, d’où le début du climat malsain à l’Université du Burundi. Certains étudiants affirment que « Gilbert Nduwimana a lui-même volé les copies pour ensuite faire des réclamations ». Le règlement académique prévoit que si des copies sont perdues « indépendamment de l’étudiant », une note de 12 sur 20 lui est attribuée. Ainsi, l’étudiant Gilbert Nduwimana aurait réussi son année. 

 

Cependant, le jury a été unanime lorsqu’il a été saisi par l’étudiant en réaffirmant son « échec à l’année académique ».

 

En cas d’insatisfaction de la décision du jury, l’étape suivante est de saisir le doyen de la faculté. Mais l’étudiant Gilbert Nduwimana a brûlé les étapes et aurait directement saisi le rectorat de l’Université du Burundi. Cela se traduit par des pressions que subit le doyen de la part du recteur et du directeur académique, « des pressions qui ont abouti à des arrestations, des intimidations verbales, des correspondances et la récente mutation du professeur de faculté, Juvénal Ngogwanubusa, pour l’Institut de Pédagogie Appliquée, IPA », nous indiquent des sources à l’UB. Une mutation non sollicitée mais qui constitue un message clair puisqu’il s’éloigne du coup de l’établissement à vocation de recherche.

 

D’autres professeurs de la même faculté sont sur la liste des mutations contre leur gré pour avoir exprimé leur position défavorable, de quelque manière que ce soit, à la réussite de l’étudiant et chef imbonerakure Gilbert Nduwimana. 

 

Le dossier du chef des imbonerakure de Mbuye serait aussi à l’origine de l’enlèvement du professeur Paul Ngarambe le 16 Août 2016. Ce jour-là, des agents du service national des renseignements l’avaient retenu pendant quelques heures avant de le relâcher. Paul Ngarambe, ancien président de la commission électorale CENI en 2005, fait partie de la dernière commission mise en place par le rectorat pour trancher sur le dossier Gilbert Nduwimana. La commission s’était prononcée en faveur du jury, donc que l’étudiant Nduwimana avait échoué. Sur ce, le rectorat a conseillé à l’étudiant et chef des imbonerakure de porter plainte en justice.