C’est dans l’une des chambres de la Polyclinique Centrale du Bujumbura que le célèbre défenseur des droits de l’homme est alité. Pierre Claver Mbonimpa a passé son examen de radiographie ce mardi matin, le résultat est tranquillisant : « aucune balle n’est dans son corps » affirme l’une des filles de cet activiste de la société civile qui répond à toutes les questions sans gêne. Selon Amandine Nasagarare, la fille de Pierre Claver MBONIMPA, son père a reçu une balle lors d’une attaque ce lundi alors qu’il revenait d’une audience qu’il a accordée à la Mission de l’Union Africaine de passage à Bujumbura. Cette balle a transpercé sa joue jusqu’à ressortir au niveau de l’œil sans emporter toute la mâchoire supérieure de ce sexagénaire de 65 ans.
La fille de Pierre Claver Mbonimpa affirme aussi que l’état de santé de son père est stable pour le moment. « Hier soir il saignait beaucoup mais les médecins d’ici ont tout fait pour le stabiliser. Même la balle qu’il a reçue est sorti directement ». La famille reste quand même inquiète « il est toujours à l’hôpital car il doit passer d’autres examens dont le scanner. Raison pour laquelle nous sa famille nous demandons qu’il soit évacué pour aller à l’étranger car il ne peut pas se déplacer à Karusi pour sa sécurité. Ceux qui ont voulu le tuer peuvent lui tendre une embuscade ».
Justement pour sa sécurité, le défenseur des droits est gardé par 8 policiers qui sont postés à toutes les entrées de la POLYCEB renchérit notre interlocutrice. Dans les couloirs qui mènent vers la chambre de Pierre Claver Mbonimpa, 4 policiers bien armés sont postés laissant passer seulement les membres proches de la famille. Pour le reste, les activités continuent à la normale dans cette clinique de la ville de Bujumbura.
Rappel des faits.
C’est en début de soirée ce lundi que Pierre Claver Mbonimpa a été victime d’une attaque armée au niveau de l’endroit appelé communément KU KANGA dans la zone Kinama. Un véhicule double cabine lui a coupé la priorité et du coup une moto a surgi conduite par un homme qui a tiré sur le défenseur des droits de l’homme. Mais son chauffeur a pu retourner à toute allure en ville pour l’amener à la Polyclinique Centrale du Bujumbura. Là, plusieurs représentants des chancelleries et ambassades accréditées à Bujumbura sont venus au chevet de Pierre Claver Mbonimpa pour s’enquérir de son état de santé et exiger sa protection.
Les réactions étaient déjà nombreuses ce lundi soir après l’annonce de la tentative d’assassinat de Mbonimpa. L’envoyé spécial du Président Barack Obama dans la région des Grands Lacs Tom Perriello se disait « horrifié » par cette attaque contre Mbonimpa. L’Ambassadeur permanent des Etats-Unis aux Nations Unis Samantha Power parle de Mbonimpa comme d’un « champion paisible des droits humains au Burundi » et pense à lui et sa famille.
Le Ministère Belge des Affaires Etrangères se dit « outré » par l’attaque menée contre « le courageux défenseur des droits de l’homme Pierre Claver Mbonimpa ». La Belgique dit être également profondément inquiète de l’escalade des violations qui déstabilisent le pays et appelle à la retenu et au dialogue.
L’organisation internationale de défense des droits de l’homme Amnesty International se dit inquiète de l’attaque armée contre Mbonimpa. « Le Gouvernement doit enquêter et poursuivre en justice les auteurs » déclare Amnesty International.
Le Secrétaire Général des Nations Unies Ban-Ki-Moon a fortement condamné la tentative d’assassinat contre Pierre Claver Mbonimpa, un « leader burundais dans la défense des droits de l’homme ». Dans une déclaration sortie lundi soir, Ban-Ki-Moon exprime ses souhaits de total rétablissement à Mbonimpa et appelle à des investigations transparentes et promptes dans le but de traduire en justice les auteurs de ce crime.
Ce mardi matin, le Conseiller Principal du Président de le République en charge de la Communication Willy Nyamitwe a tweeté que « le Gouvernement du Burundi est choqué par ce qui est arrivé à Mbonimpa, une attaque annoncée à l’avance sur réseaux sociaux ».