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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Une trentaine de corps découverts dans une fosse commune

mars 02, 2016 0 2832
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Le Maire de la ville de Bujumbura a exhibé devant les médias lundi 29 février 2016 une fosse commune que les autorités ont ‘’découvertes’’ dans le quartier Mutakura de la zone Buterere de la commune Ntahangwa. Freddy Mbonimpa accuse d’ores et déjà l’opposition et ceux qu’il nomme ‘’insurgés’’ d’avoir exécuté des militants du parti au pouvoir. Cette découverte suscite de multiples interrogations car elle coïncide avec l’arrivée des experts de l’ONU venus enquêter sur les violations des droits de l’homme au Burundi.
 
Lundi était une journée pas comme les autres pour les habitants de Mutakura au nord de la ville Bujumbura. De nombreux policiers, militaires et autorités administratives avec en tête le Maire de la ville de Bujumbura étaient venus pour montrer leur découverte : une fosse commune qui leur a été indiquée par deux hommes présentés comme d’anciens rebelles en reddition.
 
Selon des habitants de Mutakura qui ont suivi le déterrement des corps, ces derniers avaient les bras ligotés. Ils indiquent que plus de vingt corps se trouvaient dans la fosse. D’après nos sources, il s’agirait des victimes des massacres des 11 et 12 décembre 2015 jetées dans la fosse. Le Maire de la ville de Bujumbura a déclaré pour sa part que les victimes sont des sympathisants du 3ème mandat du président Nkurunziza ainsi que des jeunes ‘’imbonerakure’’ du parti au pouvoir CNDD-FDD. 
 
Cette version du Maire Freddy Mbonimpa est sérieusement mise en doute par des habitants de Mutakura. Selon eux, cette fosse commune se trouve à quelques mètres d’une position militaire sous les ordres du Lieutenant-Colonel Darius Ikurakure, commandant du camp Génie de combat de Muzinda et régulièrement cité dans des exécutions sommaires des supposés opposants au 3ème mandat du Président burundais. « Il est impossible d’exécuter autant de personnes et de les enterrer sans que les militaires ne le sachent et n’interviennent » poursuivent nos sources. Aussi, ils estiment que le Maire a fait une déclaration précipitée car « il ne connaît même pas les identités des victimes déterrées ni les circonstances de leurs exécutions et n’a procédé à aucune expertise médicale à ce propos ». Pour ces habitants de Mutakura, il faut que des experts aident à répondre à ces questions pour que les familles soient informées du sort des leurs une fois identifiés.
 
L’autre inquiétude soulevée par les habitants de Mutakura ainsi que d’autres habitants de la capitale, c’est le moment de la découverte de cette fosse commune. Pour nos interlocuteurs, « ce n’est pas un hasard que ces corps soient déterrés à la hâte à la veille de l’arrivée des experts onusiens venus enquêter sur les violations des droits de l’homme ». Ils ne doutent pas que cela soit un moyen de tenter d’effacer des preuves des exactions commises par les forces de l’ordre agissant pour le gouvernement Nkurunziza. Les experts onusiens sont justement arrivés à Bujumbura ce mardi 1er mars 2016 pour une première mission d’une semaine au nom du Haut-Commissariat des droits de l’homme auquel ils devront soumettre un premier rapport dès le 21 mars 2016.
 
Plusieurs organisations locales et internationales de défense des droits de l’homme ont dénoncé l’existence de fosses communes après les massacres des 11 et 12 décembre 2015 dont Amnesty International qui a présenté des images satellites de ce que l’organisation dit avoir identifié comme étant des fosses communes toutes récentes. 
 
 
L’opposition dénonce les accusations du Maire 
 
 
L’opposition burundaise dénonce une volonté du pouvoir de vouloir porter ses crimes sur le dos des opposants. Léonce Ngendakumana rappelle que « c’est le même gouvernement qui a toujours rejeté les propositions d’envois d’experts indépendants pour enquêter sur l’armement des milices, les entrainements paramilitaires à Kiliba Ondes en RDC et même tout récemment les allégations d’existence de fosses communes ». 
 
Le président du parti FRODEBU parle de manœuvre : « le pouvoir est parfaitement conscient de l’existence de ces fosses communes. Ne pensez pas qu’ils disent vrai lorsqu’ils accusent les opposants au 3ème mandat d’avoir exécuté ces personnes. Car si cela avait été le cas, il y a longtemps que le gouvernement aurait ouvert les portes aux experts pour des enquêtes » dénonce Léonce Ngendakumana.  
 
Le président du parti UPRONA non reconnu par le gouvernement de son côté accuse le pouvoir de mentir. Charles Nditije rappelle que le même gouvernement a crié haut et fort durant des semaines qu’il n’existe aucune fosse commune au Burundi « et voilà que maintenant il avoue avoir découvert une fosse commune ». « Nous avions toujours été favorable à une enquête d’experts pour déterminer où se trouvent des fosses communes, de quand elles datent ainsi que les identités des victimes. Mais le gouvernement orchestre un montage en affirmant avant toute enquête que ces fosses contenaient les corps des jeunes ‘’imbonerakure’’. Nous sommes convaincus que ce sont des burundais victimes de la barbarie du pouvoir de Nkurunziza » ajoute Charles Nditije.
 
Jusque-là, les victimes retrouvées ce lundi à Mutakura ne sont pas identifiées. De nombreuses personnes sont portées disparues depuis le début de la crise en avril 2015 et beaucoup craignent qu’ils s’agissent de certaines des victimes enlevées, torturées puis exécutées par des agents des forces de l’ordre. 

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