Welcome to RPA   Click to listen highlighted text! Welcome to RPA Powered By GSpeech

Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

L'ONU craint des crimes contre l'humanité et un danger de génocide au Burundi

septembre 21, 2016 0 2537
Rate this item
(0 votes)
L’ONU met en garde contre de possibles crimes contre l’humanité et un grand danger de génocide au Burundi. C’est la conclusion d’un rapport des experts désignés par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme pour enquêter sur les violations des droits de l’homme au Burundi depuis avril 2015. Le gouvernement du Burundi est responsable de graves violations des droits systématiques commises principalement par des agents de l'État et ceux qui sont liés à eux. La présidence qualifie ce rapport de « mensonger ».
 
Dans ce rapport de 25 pages, les trois experts mandatés par l’ONU indiquent la difficulté de quantifier exactement toutes les violations perpétrées et qui continuent d'avoir lieu « dans un contexte aussi fermé et répressif que celui du Burundi » au cours de la période couverte par le mandat de l'enquête indépendante des Nations Unies sur le Burundi (EINUB).
 
Concernant les cas de privations arbitraires de la vie, le rapport onusien se base sur le nombre de 564 cas d'exécutions depuis le 26 avril 2015, des cas vérifiés par le bureau du Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme au Burundi. « Les informations reçues et vérifiées par l’EINUB appuient la conclusion que les exécutions ont été commises à grande échelle par les forces de sécurité, souvent soutenues par les Imbonerakure », écrivent les experts de l’ONU. Le rapport cite ainsi le cas emblématique du jeune Jean Népo âgé de 16 ans, et abattu de deux balles dans la tête par un « commissaire de police » le 26 avril 2015.
 
Les Imbonerakure sont aussi impliqués dans des meurtres, poursuit le rapport. Les enquêteurs de l’ONU indiquent avoir recueillis des témoignages de miliciens ‘Imbonerakure’ qui ont participé à des assassinats de sympathisants de l’opposition présumés y compris « tous ceux qui s’étaient opposé au troisième mandat ou qui ne collaboraient pas avec le CNDD-FDD ».
 
Le même rapport confirme l’existence de fosses communes et des menaces qui pèsent sur les témoins éventuels. « L'EINUB a reçu des témoignages corroborant l'existence de fosses communes. Des cas d'intimidation de personnes en possession d'informations sur ce sujet par des membres des Imbonerakure et du SNR ont été rapportés à l'EINUB et donne encore plus de crédibilité aux témoignages en question », déclarent les experts.
 
Le rapport de l’ONU évoque aussi de nombreux cas de disparitions forcées, de torture et traitements cruels, inhumains ou dégradants ; citant les sortes de torture employés par des agents des forces de sécurité et des jeunes ‘Imbonerakure’. Le même document conclut qu'il existe des motifs raisonnables de croire que les forces de sécurité et les Imbonerakure ont mis en place des lieux de détention non reconnus, selon les nombreux témoignages recueillis et dont une liste exhaustive est reprise.
 
La violence sexuelle est l'un des types de violations prévalent qui se dégage des enquêtes de l’EINUB, poursuit le rapport onusien. « Les incidents enregistrés par l’EINUB auprès des femmes et des filles réfugiées burundaises révèlent diverses formes de violence sexuelle et basée sur le genre vécues au Burundi et lors de leur fuite du pays », écrivent ainsi les experts qui se sont rendus dans les pays frontaliers pour interroger divers témoins ou victimes des violences.
 
Le discours à caractère ethnique inquiète l’ONU
 
Les experts se disent gravement préoccupés par la tendance générale à l’utilisation d’une « rhétorique de division ethnique » par le Gouvernement. 
 
« L’EINUB a obtenu des preuves de plusieurs cas d’utilisation d’un tel propos. Par exemple, en juillet 2015, une femme tutsie de Nyakabiga a été emmenée par quatre hommes en uniforme de police dans les bois. Elle aurait été sévèrement battue, poignardé dans la poitrine et violée par les quatre hommes.
 
L'un d'eux aurait dit «Je fais cela parce que je veux que tu portes mes enfants hutus." », documente le rapport accablant sur les violations des droits de l’homme depuis plus d’une année.
 
Face à  toutes ces violations, les experts onusiens constatent une défaillance des mécanismes nationaux de reddition des comptes. Ainsi, il y a absence totale de justice indépendante. « Le Gouvernement du Burundi a constamment failli à respecter ses obligations d’engager promptement, sérieusement et en toute impartialité des enquêtes et des poursuites sur ces violations; de traduire en justice leurs auteurs présumés et de sanctionner ceux qui sont reconnus coupables à des peines proportionnelles à la gravité de leurs actes… », déplorent les enquêteurs onusiens.
 
La répression se poursuit « secrètement » avec un danger de « génocide »
 
Dans ses conclusions, le rapport onusien indique que « la répression est devenue moins ouverte, plus secrète, plus difficile à repérer, mais elle est plus systématique et en augmentation ».  
 
Ainsi, il y a moins de violence qu’en décembre 2015 ; mais « s’il y a réduction de la violence, celle-ci est largement le résultat d’une répression accrue.  Tout semblant d’opposition au Gouvernement est traité impitoyablement et apparemment sans peur d’avoir à rendre des comptes », estiment les experts de l’ONU.
 
Les experts ne peuvent pas exclure que certaines de ces violations graves des droits de l'homme constituent « des crimes contre l'humanité », et demandent des « procédures judiciaires internationales indépendantes pour traduire les auteurs présumés en justice ». Etant donné l’histoire du pays, « le danger du crime de génocide est grand », mettent aussi en garde les experts.
 
Aussi, les experts se refusent de croire que les violations soient le résultat de la chance, ou de la provocation, encore moins d’une quelconque nécessité. « La forte corrélation entre les violations et des incidents politiques particuliers suggère aussi vivement qu'elles sont le résultat d'un choix délibéré », estiment-ils.
 
Les experts appellent le Gouvernement du Burundi à « immédiatement arrêter la perpétration de violations graves, et autres, des droits de l’homme par ses agents, ainsi que celles commises par d’autres entités dont les actions peuvent lui être attribuées, comme les Imbonerakure ».
 
Bujumbura est aussi appelé à « cesser d’utiliser » les services de renseignement et les forces de police, en particulier, comme des instruments armés « pour défendre un projet politique partisan », faisant référence au troisième mandat du Président Nkurunziza à l’origine de la crise actuelle.
 
Les experts appellent explicitement les Nations Unies, en particulier le Conseil de sécurité, « de s’acquitter efficacement de son mandat de maintien de la paix et de la sécurité », si le gouvernement continue à rejeter la résolution 2303 du Conseil de sécurité et que les violations continuent. Il s’agit là d’une recommandation visant l’envoi de troupes pour protéger les populations civiles. 
 
Une autre recommandation émise par les experts au terme de leur rapport est la mise en place d’une commission d’enquête par l’ONU pour « déterminer les responsabilités individuelles et partager ses résultats avec le Conseil de sécurité pour des sanctions ciblées ». Ce mandat doit inclure d’enquêter sur les allégations concernant des groupes armés transfrontaliers opérant au Burundi, y compris la possible implication d’autres États, poursuit le rapport. Cette commission devra avoir les ressources et garanties nécessaires, et accès à une expertise balistique et en médecine légale.
 
« Les Nations Unies et l’Union africaine devraient progressivement mettre fin à l’utilisation des troupes burundaises dans les opérations de maintien de la paix tant que la crise perdure », estiment aussi les trois experts onusiens ; concluant que le Conseil des droits de l'Homme devrait considérer si le Burundi peut rester membre de cet organisme onusien.
 
« Un rapport mensonger », rétorque Bujumbura
 
Réagissant à la publication de ce rapport ce mardi, le conseiller principal en communication du Président Nkurunziza a qualifié de « mensonger » le rapport. Selon Willy Nyamitwe, le rapport vise à discréditer le gouvernement du Burundi par des montages.
 
« Ils [les experts] disent eux-mêmes qu’ils se sont fiés à des gens. Comment pouvez-vous imaginer quelqu’un qui, au lieu de mener des enquêtes, se fie aux dires de certaines personnes au Burundi, au Rwanda ou en Ouganda ? Les propos de certaines personnes ne suffisent pas pour produire un rapport » a déclaré le Conseiller du président sur la BBC.
 
Willy Nyamitwe a en outre annoncé que le gouvernement avait déjà répondu au rapport des experts de l’Onu et « regrette » que les réponses de Bujumbura n’aient pas été incluses dans le rapport final. Il a nouveau indexé la « responsabilité du Rwanda dans la déstabilisation de la sécurité au Burundi », ajoutant que le rapport onusien ne fait nulle part mention de cette responsabilité. 
 
Le conseiller chargé de la communication de la Présidence indique aussi que le rapport ne mentionne pas les combattants armés qui se sont rendus et « qui ont donné les noms des commanditaires des attaques et violences ».
 
Le Conseil des droits de l’homme analysera le rapport en détail lors d’une séance consacrée au Burundi le 27 septembre 2016 à Genève au cours de sa 33ème session qui a débuté le 13 septembre.   

Leave a comment

Make sure you enter all the required information, indicated by an asterisk (*). HTML code is not allowed.

Faire un don

Nos journaux parlés

Qui est en ligne?

Nous avons 379 invités et aucun membre en ligne

Click to listen highlighted text! Powered By GSpeech