Justice : une année 2025 marquée par affaires sensibles, condamnations et changements à la magistrature
Par : Clovis Niyonzima
L’année 2025 a été particulièrement mouvementée pour la justice burundaise, marquée par des affaires judiciaires sensibles, des détentions contestées, des condamnations lourdes et des changements au sein du parquet et de la magistrature. Ces événements révèlent les tensions institutionnelles et les défis persistants dans l’administration de la justice au Burundi.
Parmi les dossiers les plus suivis, celui de la journaliste Sandra Muhoza, travaillant pour le journal La Nova, a retenu l’attention. Arrêtée le 13 avril 2025 à Ngozi pour la publication d’un message sur WhatsApp concernant une vidéo sur la distribution d’armes en 1996, elle a été initialement condamnée à 21 mois de détention par le tribunal de grande instance de Mukaza le 16 décembre 2024. Après un appel jugé irrecevable par la cour d’appel de Mukaza le 13 juin 2025, Sandra Muhoza est restée détenue plusieurs mois avant de comparaître de nouveau devant le tribunal de Ngozi le 19 décembre 2025. Le ministère public y a requis une peine de 12 ans pour atteinte à l’intégrité du territoire national et aversion raciale, le jugement étant mis en délibéré.
L’année a également été marquée par la confirmation de la condamnation du médecin Christophe Sahabo par la cour d’appel de Muha le 16 juillet 2025. Il a été condamné à 20 ans d’emprisonnement pour faux et usage de faux, mauvaise gestion et atteinte à l’économie nationale. Le cas du docteur Patrick Bitangineza illustre, quant à lui, les conditions parfois contestées de détention. Arrêté le 19 novembre 2024, malgré deux acquittements successifs par le tribunal et la cour d’appel de Mukaza, il est resté en détention provisoire pour incitation à la haine raciale et atteinte à la sûreté intérieure de l’État, suite à des propos relatifs à l’exhumation de restes humains sans expertise de la CVR.
En parallèle, l’année 2025 a été marquée par des changements à la tête de la justice burundaise. Le procureur général Leonard Manirakiza a été destitué de ses fonctions le 25 novembre 2025 alors qu’il était en mission à Genève. À son retour, il a été arrêté pour la découverte d’objets de valeur dans son bureau et remplacé immédiatement par Rose Nkorerimana. D’autres procureurs ont également été révoqués pour faute professionnelle : Patrice Niyonzima à Bujumbura, Jean-Marie Ndihokubwayo à Muha, ainsi que des procureurs et présidents de tribunaux dans les provinces de Kirundo et Bubanza, remplacés provisoirement.
L’ensemble de ces événements souligne les tensions persistantes au sein de la justice burundaise, entre affaires judiciaires sensibles, suspicions d’influences politiques et réformes institutionnelles, illustrant les défis de l’administration de la justice dans le pays

