Processus électoral au Burundi : des failles dans la loi et des pratiques préoccupantes dénoncées

Le code électoral actuellement en vigueur au Burundi pourrait ouvrir la voie à des fraudes électorales, selon plusieurs observations recueillies dans différentes régions du pays. Certaines dispositions de cette législation permettent, dans des conditions précises, à un individu de voter au nom d’un autre. Toutefois, cette possibilité soulève des inquiétudes, car elle pourrait être exploitée à des fins de manipulation du scrutin.
Dans plusieurs localités, des cas ont été signalés où des personnes, profitant de la précarité économique de la population, achètent des cartes d’électeur. Une pratique qui, selon les citoyens concernés, compromet sérieusement la transparence du processus électoral.
Lors de la récente opération de distribution des cartes d’électeur, de nombreux sympathisants des partis d’opposition, notamment du Congrès National pour la Liberté (CNL), n’ont pas pu accéder à leurs documents. D’autres, bien qu’ayant réussi à obtenir leurs cartes, affirment avoir été approchés par des membres du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, qui leur ont proposé de l’argent en échange de leurs cartes.
Ces dysfonctionnements ont fait naître des préoccupations au sein de la population, certains redoutant une instrumentalisation de la loi électorale par le CNDD-FDD en vue d’influencer les résultats des prochaines élections.
L’article 50 du code électoral du Burundi, applicable aux élections de 2025, encadre pourtant de manière stricte le recours au vote par procuration. L’alinéa a) de cet article réserve cette possibilité aux personnes empêchées de voter en personne pour des raisons professionnelles. L’alinéa b) l’élargit aux femmes en travail d’accouchement, aux personnes malades ainsi qu’aux personnes vivant avec un handicap ne pouvant se déplacer.
Dans toutes ces situations, la procuration doit obligatoirement être accompagnée de la carte d’électeur de la personne concernée et validée par les membres du bureau de vote. Cependant, des citoyens redoutent une utilisation abusive de ces procurations par des militants du parti au pouvoir, en se servant de la loi comme couverture légale.
Ces craintes sont alimentées par le fait que la majorité des membres des bureaux de vote sont perçus comme étant affiliés au CNDD-FDD, ce qui pourrait favoriser des pratiques frauduleuses.
Par ailleurs, des irrégularités ont été relevées dans la distribution des cartes d’électeur. Dans certaines localités, les partisans de l’opposition, notamment ceux du CNL, doivent se rendre chez les chefs de colline pour récupérer leurs cartes. Une situation qui soulève des interrogations, dans la mesure où cette tâche revient normalement à des agents désignés opérant dans des lieux officiels identifiés à cet effet.
Il est à noter que l’article 10 du décret présidentiel du 9 mai 2025, portant ouverture officielle de la campagne électorale pour les élections législatives et communales, interdit explicitement toute distribution d’argent ou de biens matériels dans le but d’influencer les électeurs.
Alors que la période électorale s’annonce sensible, de nombreuses voix s’élèvent pour appeler au respect strict des textes en vigueur, dans l’objectif d'assurer un processus électoral libre, équitable et transparent.
..................
Photo : Distribution de cartes aux électeurs (Bujumbura Mairie)