Ruyigi : les malades de l’hôpital rural livrés à eux-mêmes sans eau ni électricité

Par : Balthazar Miburo
Les patients de l’hôpital rural du chef-lieu de la commune Ruyigi, en province de Buhumuza, vivent dans des conditions extrêmement précaires en raison du manque d’eau et des fréquentes coupures d’électricité qui paralysent les services hospitaliers. Cette situation met gravement en danger la santé et la vie des malades, déjà affaiblis par leurs maladies.
Depuis plusieurs mois, l’hôpital rural de Ruyigi fait face à un manque criant d’eau potable. Les patients se débrouillent comme ils peuvent pour en trouver, certains étant obligés d’aller en puiser eux-mêmes à l’extérieur. Un bidon d’eau coûte jusqu’à 2000 francs burundais, un prix inabordable pour la plupart d’entre eux. « Comme nous n’avons pas les moyens de nous laver régulièrement, on finit par sentir mauvais. Même les toilettes sont tellement sales qu’on ressort aussitôt », confie notre source.
L’absence d’eau affecte non seulement l’hygiène des patients, mais aussi leur alimentation. Faute d’eau, certains malades ne peuvent plus préparer à manger. « Un malade est déjà affaibli par la maladie, mais sa situation s’aggrave quand il a faim et qu’il ne peut rien préparer », témoigne un patient. Plusieurs habitants redoutent désormais une propagation de maladies telles que le choléra, déjà signalé dans d’autres régions du pays. « Sans eau, on ne peut pas vivre. Nous risquons de mourir à cause des maladies liées au manque d’eau », s’inquiète un citoyen.
L’hôpital rural de Ruyigi est également confronté à des coupures d’électricité prolongées. Les patients affirment qu’ils peuvent passer jusqu’à deux jours sans courant fourni par la REGIDESO. Le générateur de secours n’est mis en marche que pour les interventions chirurgicales urgentes, mais même dans ces cas, il arrive que les opérations soient reportées ou que les malades soient transférés vers Gitega, faute de carburant.
Certaines familles doivent elles-mêmes se procurer le carburant nécessaire. En attendant le retour du courant, les patients sont mis en attente, parfois au péril de leur vie. « Quand il n’y a pas d’électricité, les décès s’enchaînent », rapporte une source hospitalière. En l’absence de morgue fonctionnelle, les familles sont contraintes d’enterrer rapidement leurs proches.
Les services les plus touchés par ces coupures sont ceux de la néonatologie, du bloc opératoire, de l’imagerie, du laboratoire et des soins intensifs. La conservation des médicaments est également compromise, entraînant d’importantes pertes pour l’hôpital.
Le véhicule habituellement utilisé pour transporter les malades reste immobilisé, faute de carburant.
Entre soif, obscurité et manque d’hygiène, les patients de l’hôpital rural de Ruyigi se sentent abandonnés et redoutent le pire si rien n’est fait pour rétablir durablement l’approvisionnement en eau et en électricité.