Matyazo, un site de déplacés à plusieurs problèmes
Le site des déplacés des inondations de Gatumba se trouvant à Matyazo en commune Mubimbi de la province Bujumbura connait plusieurs défauts. Une insuffisance des hangars pour l’hébergement, des difficultés d’accès à l’eau potable et accès limité aux soins de santé ainsi que des conditions difficiles de scolarisation des enfants. Une situation qui infortune les déplacés.
Le processus de délocalisation de la population de la zone Gatumba, commune Mutimbuzi, province Bujumbura a débuté le vendredi 10 mai 2024. Il a débuté par des familles volontaires parmi les plus affectées par les inondations. Ces familles ont été installées dans le site aménagé à Matyazo en commune Bubimbi de la province Bujumbura. Au départ, elles étaient à une centaine de familles. Aujourd’hui, elles sont plus de 900 familles. L’un des grands problèmes qui hante ces familles, c'est l’hébergement. Les abris d’urgence apprêtés sont insuffisants et certaines familles dorment à la belle étoile.
« Les familles qui sont venues de Mushasha 1 et Mushasha 2 n’ont pas encore eu de hangars dans lesquelles s’installer. Seules les familles qui sont venues en 1ᵉʳ, en provenance de Mushasha 1, ont été installées et un tout petit nombre de ceux qui sont venus en provenance de Mushasha 2. Ce sont eux qui nous hébergent, nous qui sommes venus de Mushasha 2, Kinyinya 2 et Gaharawe. Tous les autres, surtout ceux en provenance de la 3ᵉ avenue et de Warubondo dorment à la belle étoile. Mais même ceux qui dorment dans les hangars, nous dormons les uns collés contre aux autres. Seulement, on nous a donnés des couvertures », explique un de ces déplacés de Gatumba.
Pour la plupart de ces familles, leurs hébergements jouent en même temps le rôle de stock et de cuisine.
« Nous faisons la cuisine à l’intérieur même des hangars dans lesquels nous dormons. Il y a un petit corridor, c’est là où nous préparons de quoi manger. Oui, ce sont en peu de mots ces abris d’urgence qui nous servent de dortoirs, de cuisine, mais également de stocks », ajoute notre source sur place.
L’accès limité aux soins de santé
Le personnel soignant du site de Matyazo ne travaille que les matinées, les déplacés de ce site n’ont droit aux soins de santé que durant trois heures par jour. Les malades doivent donc se réveiller très tôt pour être parmi les 30 premiers, que les services de santé soignent par jour. « Le personnel soignant arrive à 9h et rentre à midi. Ils ne peuvent donc pas soigner plus de 30 personnes. Pour être sur la liste, tu dois arriver tôt. Moi, je me suis réveillé tôt, mais j’étais 40ᵉ. Je n’ai pas été soigné, je dois y retourner encore plus tôt », regrette une des victimes de ce système.
En cas d’urgence les après-midi ou la nuit, ces déplacés devraient se débrouillent et trouver un établissement sanitaire. Dans cette localité où a été installé ce site des déplacés des inondations de Gatumba, ne se trouve aucune pharmacie qui pourrait permettre aux habitants du site de se procurer des calmants et attendre le retour du personnel soignant.
L’eau potable, un autre grand défi dans le site
Pour accéder à l’eau potable, il faut descendre une montagne à une forte pente. Ce qui cause beaucoup d’ennuis aux déplacés surtout qu’ils ne sont pas habitués à habiter les montagnes.
« Nous puisons de l’eau du tank installé en bas de notre colline, une colline qui est vraiment pointue, il faut donc y descendre et remonter avec des bidons d'eau. Des gens font des accidents tout le temps, certains se fracturent et d’autres se font des déchirures. C’est vraiment une colline glissante. »
Dans le but d’éviter ces accidents, notre source sur place indique que la majorité des déplacés se retrouvent obligés d’acheter l’eau par bidons. Un bidon de 20 litres coute entre trois et cinq cents fracs burundais.
Une scolarisation difficile
Les enfants des familles délocalisées à Matyazo ont été intégrés dans des écoles publiques de la localité. Ces dernières sont sursaturées. À part cet effectif élevé d’élèves, ces écoles de Matyazo manquent de bancs pupitres suffisants et de matériel didactique, ce qui rend difficile l’apprentissage, l’encadrement et le suivi de ces enfants.
Bien qu’il n’y ait pas encore de chiffres illustratifs, des sources de la RPA au niveau du site de Matyazo signalent qu’il y aurait déjà eu des cas d’abandons scolaires.
La rédaction de la RPA n’a pas réussi à recueillir la réaction d’Imelde Sabushimike, la ministre ayant la solidarité dans ses attributions.
Le 10 mai dernier lors du lancement officiel du processus de délocalisation de cette population de la zone Gatumba, Anicet Nibaruta, le directeur général de la police de protection civile, avait annoncé qu’il y avait plus de 1747 familles parmi les plus affectées qui avaient volontairement demandé la délocalisation.