Une année politique marquée par l’intolérance, des élections controversées et des tensions diplomatiques
Par : Josiane Muzaneza
L’année politique 2025 a été marquée par l’intolérance politique, des élections controversées et une détérioration des relations diplomatiques, sur fond de réformes institutionnelles majeures. Ces différents éléments ont rythmé la vie politique nationale tout au long de l’année.
Comme les années précédentes, l’intolérance politique a figuré parmi les faits marquants de la vie politique. Les personnes visées étaient principalement des membres des partis de l’opposition, en particulier ceux du Congrès national pour la liberté (CNL) pro-Agathon Rwasa. Ce dernier, parlementaire, s’est vu évincé de la tête du parti. Des défenseurs des droits de l’homme et des journalistes ont également été concernés par ces mesures, dans un contexte marqué par la préparation des élections législatives de juin 2025.
Ces élections se sont déroulées dans un climat controversé. Des mandataires des partis de l’opposition ont été écartés des bureaux de vote et les journalistes ont reçu l’interdiction formelle de diffuser en direct les résultats préliminaires. Des irrégularités ont également été signalées, notamment le remplissage des urnes avant l’ouverture des bureaux de vote.
À l’issue du scrutin, les deux chambres du Parlement se sont retrouvées composées exclusivement de membres du parti au pouvoir, le CNDD-FDD. Le processus électoral a également été marqué par une politisation du milieu scolaire. Des élèves ont été contraints de participer à des meetings du parti au pouvoir, en uniforme, sur instruction de certains directeurs d’établissements, eux-mêmes membres du CNDD-FDD. Dans certains établissements, des élèves ont également été amenés à suivre des cours liés à l’idéologie du parti, en dehors des heures de cours.
Sur le plan diplomatique, l’année 2025 a été marquée par des tensions, malgré une reprise récente du dialogue entre le Burundi et l’Union européenne. En septembre, les autorités burundaises ont sommé le directeur pays de l’Agence belge de développement (Enabel), David Leyssens, de quitter le Burundi, pour avoir brièvement partagé sur un réseau social un article de l’hebdomadaire sud-africain The Continent dénonçant les pénuries et le marché noir de carburant au Burundi. Les relations avec les pays voisins ont également été affectées, notamment avec le Rwanda, régulièrement accusé par les autorités burundaises, y compris le président Évariste Ndayishimiye, d’être à l’origine de tentatives de déstabilisation du Burundi et de la sous-région.
L’année a par ailleurs été marquée par un important remaniement ministériel. Le gouvernement est passé de 15 à 13 membres, avec la reconduction de trois ministres. Parmi eux figure Marie Chantal Nijimbere, ancienne ministre du Commerce, nommée ministre de la Défense nationale et des anciens combattants. Civile, elle est devenue la première femme à diriger ce ministère stratégique.
Enfin, l’année 2025 a été marquée par une réforme administrative majeure. Le découpage territorial a réduit le nombre de provinces du Burundi, passant de 18 à 5, constituant l’un des changements institutionnels les plus significatifs de l’année sur le plan politique.

