Pour les deux organisations de défense des droits humains, le projet de révision de la constitution soumis au référendum n’est qu’une volonté manifeste de renforcer la crise constitutionnelle qui a débuté il y a trois ans
« Le référendum s’inscrit donc dans une tentative de légitimation des autorités, tout en assurant au président la possibilité de briguer deux nouveaux mandats de sept ans et conserver le pouvoir pour au moins les 14 prochaines années. »
FIDH et la ligue Iteka affirment qu’à deux mois de la tenue annoncée du référendum, la note publiée aujourd’hui démontre combien les autorités se sont lancées dans une vaste opération d’enregistrement forcé du corps électoral, y compris des mineurs.
« Le début de cette campagne s’est caractérisé par des menaces, d’actes d’intimidation et de violences », dénoncent les 2 organisations.
Entre autres exemples cités par la FIDH et la ligue Iteka, le discours du Président Nkurunziza lors du lancement de la campagne : « celui qui osera s’opposer au projet de révision de la Constitution en subira les conséquences », avait menacé Nkurunziza. Plus récemment, le porte-parole du Ministère de la sécurité publique se félicitait de l’arrestation de personnes suspectées d’inciter à voter contre le référendum, ont mentionné les 2 organisations dans leur note.
D’après la ligue Iteka, la campagne actuelle vient nourrir la dérive répressive et dictatoriale du régime burundais. Pour la seule année 2017, elle a répertorié 456 meurtres, 89 disparitions forcées, 283 victimes d’actes de torture, 77 victimes de violences sexuelles envers les femmes et 2.338 personnes arrêtées puis souvent détenues en dehors de toute procédure légale.
La FIDH et la ligue Iteka évoquent dans leur note la poursuite par les autorités d’une funeste stratégie d’instrumentalisation des origines ethniques : « Plusieurs dirigeants du parti au pouvoir, le CNDD-FDD continuent de véhiculer une idéologie haineuse et divisionniste, notamment lors des réunions. Et le projet de la nouvelle Constitution pourrait ouvrir la voie à une remise en cause des quotas ethniques tels que définis par l’Accord de paix d’Arusha, lequel avait mis fin à la guerre civile des années 90 ayant fait près de 300.000 morts. »