Cette coopérative dénommée « SANGWE » sera implantée dans tous les quartiers de la mairie de Bujumbura, selon nos différentes sources. Pour le moment, les chefs de quartiers ciblent les ménages des membres du parti au pouvoir, les domestiques et certains autres habitants qu’ils jugent flexibles. « Ils sont en train de nous demander des cotisations. Ce serait pour une coopérative de développement appelée « SANGWE ». Nous avons demandé des explications concernant l’organisation et les statuts, mais ils se réservent de tout commentaire. Ils disent que la réponse à toutes nos questions nous sera donnée lors d’une réunion des Bagumyabanga. Ce que nous savons déjà, c’est que les domestiques vont cotiser 500 francs burundais par tête pour être membre de cette coopérative. »
Les habitants des différents quartiers de la mairie de Bujumbura révèlent que leurs domestiques sont souvent harcelés et intimidés par les chefs des quartiers. « Des inquiétudes ne manquent pas parce que, lorsque nous sommes au service, nos domestiques subissent des intimidations lorsqu’ils se rendent au marché et certains préfèrent abandonner leur boulot. Bien sûr, nous avons aussi peur du lendemain si une fois on ne contribue pas à ces cotisations. »
La population s’inscrit en faux donc contre ces contributions intempestives à sa charge. « Tenez ! Nous contribuons pour les élections de 2020, et on doit payer pour tous les membres du ménage. Et Comme le 08 Mars approche, la journée de la fête des femmes, des contributions seront collectées pour cette fin alors que les festivités sont organisées au niveau du Cndd-Fdd. Nous contribuons aussi pour la construction des permanences du parti présidentiel. Nous dépensons beaucoup d’argent sous différentes appellations. Qu’ils tiennent compte de notre pauvreté ! Qu’ils considèrent la dévaluation de la monnaie burundaise ! Qu’ils nous montrent aussi des réalisations faites à partir de l’argent déjà collecté. »
Des sociétés écrans pour rémunérer les Imbonerakure
Ce projet d’implanter des coopératives sur toutes les collines du pays a été lancé dans différentes réunions tenues en 2018 par les hauts dirigeants au niveau du pays et du parti Cndd-Fdd. Selon nos sources au sein des militants du Cndd-Fdd en province Bujumbura, ces coopératives serviront de canal de transmission de l’argent aux membres du Cndd-Fdd, l’argent qui proviendra des caisses de l’Etat. « Dans leurs discours, Evariste Ndayishimiye, secrétaire général du Cndd-Fdd et le président de la République ont fait savoir qu’une partie de la somme de 500 millions francs burundais destinée à chaque commune sera versé dans ces coopératives. Il y’a une autre somme de 3 milliards de francs burundais récemment annoncée par le président de la République qui sera versée chaque année pour financer ces coopératives. Le président du parti a demandé à tous les militants Babumyabanga d’adhérer à ces coopératives expliquant que le parti Cndd-Fdd n’a d’autres canaux pour aider de façon efficace ses membres. »
Les informations recueillies par la RPA auprès des militants du Cndd-Fdd dans différentes provinces convergent sur le fait que ces coopératives implantées sur toutes les collines du pays porteront toutes le même nom. « Les coopératives de toutes les collines du pays seront sans exceptions dénommées SANGWE. »
Notre source en province Ngozi ajoute que chaque membre de la coopérative SANGWE devra payer une somme allant de 500 à 1000 francs burundais par semaine. Une somme qui sera payée jusqu’au financement promis par les initiateurs de ces coopératives. « Quand ces coopératives seront implantées, il y aura ensuite une collecte d’une somme variant entre 500 et 1000 francs qui sera payé, coûte que coûte, par chaque membre adhérant de la coopérative. Car, ont-ils expliqué il ne peut y avoir de coopérative sans avoir de capital, petit soit-il. »
Selon toujours nos sources au sein du Cndd-Fdd, au cours de la réunion tenue en mi-Janvier 2019 à la permanence nationale de ce parti, l’adhésion à ces coopératives a été ouverte aux militants des autres partis, contrairement à l’idéologie de départ. Une ouverture faite, affirment nos sources, pour des fins propagandistes mais avec mot d’ordre que seuls les membres du Cndd-Fdd seront les dirigeants de ces coopératives afin d’atteindre leur objectif principal.
La RPA avait déjà reçu des informations de la part des habitants de la province Muyinga et de la capitale Bujumbura qui parlent des sensibilisations par des administratifs à l’adhésion à de nouvelles coopératives, des coopératives dont cette population ignore les tenants et les aboutissants.