Deux jeunes déplacés du site de Ruhororo à Ngozi sont incarcérés à Kirundo depuis près de trois semaines. Audace et Cédric ont été arrêtés par les jeunes Imbonerakure du parti CNDD-FDD alors qu’ils fuyaient vers le RWANDA. Leurs familles craignent que les leurs soient exécutés et lancent un cri d’alarme.

 

Arrivés à Kirundo, ils se sont vus interpelés par les Imbonerakure de la localité, les jeunes du parti présidentiel particulièrement zélés du côté de la frontière avec le Rwanda. Depuis plus de deux semaines, les deux hommes croupissent au cachot de la police à Kirundo. 

 

Des déplacés du site de Ruhororo disent qu’ils ont peur car ils se sentent menacés et victimes de répression : « Audace et Cédric avaient eu des menaces de mort parce qu’ils sont parmi les leaders des déplacés regroupés dans notre site depuis la guerre civile de 1993. De peur qu’ils soient tués, ils ont pris le large avant de tomber entre les mains de cette milice du parti au pouvoir. Nous savons que les agents du SNR ont une longue liste des individus à arrêter dans notre site. Nous sommes en danger de mort », dénonce un déplacé de Ruhororo qui a préféré garder l’anonymat.

 

Les informations que nous avons recueillies auprès des habitants du site de Ruhororo disent que les agents du SNR à Ngozi se sont rendu à Kirundo, et ont pris des photos de Cédric et Audace. Cela a inquiété encore une fois les membres des familles des deux déplacés, ainsi que les autres déplacés de Ruhororo. Ils craignent que ces photos ne soient utilisées pour d’autres fins comme un montage visant à arrêter d’autres déplacés. 

 

Les familles  de ces détenus ont alerté les défenseurs des droits de l’homme. Ces derniers sont intervenus et le Procureur de la république à Kirundo a annoncé que Cédric et Audace ont été aussitôt relâchés. 

 

Cette information de ce responsable du Parquet est cependant démentie par les membres des familles de ces deux hommes qui affirment plutôt que les leurs sont encore aux cachots : « …nous avons demandé au Bureau des droits de l’homme de l’ONU de suivre de près cette question ; mais le procureur les a trompé en leur disant qu’il a relâché les deux hommes. C’est un mensonge! Nos amis croupissent encore dans le cachot à Kirundo. Nous sommes victimes d’une injustice sans nom. Comment est-ce que quelqu’un peut être arrêté par des gens non compétents et emprisonné illégalement sans dossier ? », s’interroge un autre habitant du site de Ruhororo.

 

Le code pénal Burundais prévoit entre 7 et 14 jours de détention en garde à vue, mais Audace et Cédric vont bientôt y passer 3 semaines.

 

Les autorités de la  Province de Kirundo sont  aussi pointées du doigt comme étant à l’origine des restrictions de liberté de mouvement et de circulation des personnes voulant se rendre au Rwanda. Des  jeunes  Imbonerakure du parti CNDD-FDD se substituent aux policiers : ils contrôlent les véhicules et les passagers sur la frontière burundo-rwandaise à Gasenyi. Ces jeunes enlèvent, emprisonnent ou font disparaître des gens.

 

Malgré les multiples dénonciations, les autorités provinciales à Kirundo n’ont rien fait pour arrêter cela.