Dans son allocution à la prison de Gitega vendredi dernier, la ministre Laurentine Kanyana a déclaré que les magistrats gardés en détention mais qui ne sont pas concernés par la mesure de grâce décrétée par le président Nkurunziza en décembre 2018 vont bénéficier de la mise en liberté provisoire. La ministre de la justice dit vouloir commencer par ses collaborateurs et recommande au procureur général de la république de s’exécuter. « Comme on dit, charité bien ordonnée commence par soi-même. Je sais bien qu’il y a des agents de mon institution qui sont détenus mais qui n’ont pas bénéficié de la grâce présidentielle. Je voudrais alors demander au procureur général de la République de faire en sorte que tout magistrat incarcéré soit mis en liberté conditionnelle. »
Un autre groupe qui constitue la priorité pour la ministre de la justice est celui des détenus militaires, des policiers et des agents des renseignements qui ne sont pas poursuivis pour vol à main armé et dont leur jugement n’a pas encore été prononcé. « Ce sont nos collaborateurs. Dans la hiérarchie, nous travaillons en étroite collaboration avec le procureur général dans la prise des décisions sur la mise en liberté provisoire. La question des policiers sera tenue en considération, ainsi que celle des agents de renseignements. Notre métier est délicat et nous sommes exposés aux tentations. C’est le même cas pour les militaires. »
Cette mission de mettre en liberté conditionnelle des détenus issus de ces trois groupes a été confiée à la commission chargée du suivi des prisonniers.
La ministre Laurentine Kanyana a également déclaré que la question des femmes détenues sera aussi traitée en urgence.
Cependant, certains juristes ne sont pas de l’avis de la ministre de la justice. Pour Maître Dieudonné Bashirahishize, toute décision doit être générale, normative et impersonnelle. Il espère toutefois que dans la liste des militaires et policiers à relâcher, y sera inclus ceux qui sont emprisonnés pour des mobiles politiques.