Kayanza : Les enseignants et élèves confrontés à la pauvreté abandonnent massivement l'école et le métier d'éducateur
Dans la province Kayanza, de nombreux enseignants quittent leur poste, invoquant des conditions salariales insoutenables. Selon des sources internes à la direction provinciale de l’enseignement (DPE), les départs touchent aussi bien le primaire que le secondaire et les écoles des métiers. Plus d’une centaine d’enseignants auraient déjà abandonné leur fonction.
« Les salaires ne couvrent même pas vingt jours du mois », rapporte une source locale. Face à la cherté de la vie, certains enseignants franchissent les frontières, notamment vers le Kenya, à la recherche de petits boulots : travaux champêtres, jardinage ou autres tâches manuelles, souvent loin de leurs qualifications initiales. « Les prix ont dangereusement monté, et nous ne parvenons plus à joindre les deux bouts avec nos salaires », poursuit la même source.
La direction provinciale de l’enseignement, quant à elle, nie publiquement l’existence de cette crise.
L’extrême pauvreté pousse aussi les élèves à quitter l’école
Le phénomène d’abandon ne touche pas que les enseignants. Dans les écoles de la même province, le taux d’abandon scolaire atteint des niveaux alarmants. En moyenne, une trentaine d’élèves par classe abandonneraient l’école chaque année. Des classes comptant 80 élèves au début de l’année scolaire n’en regroupent parfois plus que 50 à la fin.
« Suite à la pauvreté dans les familles, le taux d’abandon scolaire est alarmant », affirme un enseignant de la région. La faim, l’incapacité de payer les frais scolaires, d’acheter les uniformes ou de répondre aux exigences financières imposées régulièrement, poussent les enfants à chercher du travail pour survivre.
« Un enfant qui part à l’école sans avoir mangé, et à qui on exige des frais ou des vêtements qu’il ne peut se permettre, préfère aller chercher du travail dans les ménages ou les fermes pour recevoir un peu d’argent », explique un parent.
Dans certains cas, ces enfants retrouvés en errance dans les pays voisins y croisent leurs anciens enseignants, eux aussi partis tenter leur chance ailleurs. Un exode silencieux, motivé par la même cause : la pauvreté grandissante et l’impossibilité de vivre dignement grâce au système éducatif actuel.