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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Difficile Choix du Chef d’Etat du Burundi dans un contexte de Multiples Crises

Difficile Choix du Chef d’Etat du Burundi dans un contexte de Multiples Crises

Qu’il est difficile de diriger un petit pays, un pays surpeuplé, et de surcroit extrêmement pauvre comme le Burundi. Un pays dont l’Etat est le premier employeur et le premier acteur économique du pays. Dans un contexte d’une triple crise, politique, économique et de gouvernance, impulser un leadership rassembleur semble être le parcours d’un combattant. Il faut certainement disposer d’un courage politique extraordinaire.

Dans mon livre, paru en avril 2022[1], je rappelais que autour de tout dirigeant politique gravitent 4 catégories de personnalités influenceuses de ses décisions : les extrémistes, les courtisans, les justes et les acteurs extérieurs. Aujourd’hui, le Chef de l’Etat du Burundi est placé devant un choix difficile et qui peut déterminer si le Burundi peut sortir de ces crises et à quel prix, ou s’il peut sombrer dans une autre crise. Qui écoute-t’il dans ses décisions ? Les extrémistes ? Les Courtisans ? Les Justes ? Les Acteurs Extérieurs ?

Les Extrémistes : les sapeurs des pouvoirs décisionnels du chef politique

Les extrémistes, ce sont quelques membres du parti du Chef politique, dans des hautes positions du Parlement, de l’administration, de l’armée, la police et de la justice. Ces personnes vont vouloir, à tout moment, pointer du doigt les ennemis, qui ne sont autres que ceux de l’autre ethnie, des partis de l’opposition, ou d’autres visions politiques, ennemis qu’il faut exclure, par tous les moyens, s’il le faut, les exterminer, car, représentant un obstacle à l’exercice de leur pouvoir. Quand les opposants politiques, les représentants des organisations de la société civile, les médias, les confessions religieuses, font des déclarations qui n’épousent pas nécessairement la position des extrémistes, ces derniers feront savoir au dirigeant politique que ces déclarations n’ont d’autre objectif que de saper le pouvoir du dirigeant politique, qu’il ne faut pas les écouter, et qu’il faut, plutôt, sévir. Dans ce contexte, ils aideront le dirigeant politique à mettre en place des stratégies pour fermer toute voie à tous ces ennemis de la Nation, en utilisant la justice, la police, des organes de presse, et des organisations prétendument sans but lucratif, et certains membres de la Diaspora, mais aussi, en organisant des actes de massacres, tortures, emprisonnements, exils forcés, et autres. Le Burundi a énormément souffert du rôle néfaste des extrémistes, qui ont contribué à endeuiller le pays, et à le plonger dans le chaos dans lequel il se trouve, jusqu’à nos jours, avec ou sans le consentement du Chef de l’Etat. La situation économique est catastrophique, et le Chef de l’Etat semble impuissant à la redresser. Les actions nuisibles des extrémistes constituent des obstacles a toute action de transformations socio-économique de la Nation, en vue d’une réduction de la pauvreté et d’une prospérité partagée.

Les Courtisans : manipulateurs et influenceurs des choix du Chef politique

Les courtisans tournent autour du dirigeant politique. Ce sont essentiellement, des membres de la famille proche du dirigeant politique, des fonctionnaires véreux, des hommes d’affaires, qui ont accès au chef politique.  Ils opèrent par des manipulations diverses, des pots de vin, car ils veulent obtenir des postes de responsabilité, des marchés de fourniture de biens et services, des concessions, ils vont tout faire pour influencer les décisions du dirigeant politique, et lui faire commettre des erreurs. A la place d’être de vrais collaborateurs du dirigeant politique, et de lui dire la vérité, afin de lui éviter de commettre des erreurs graves préjudiciables à la société, les courtisans autour du dirigeant politique s’activent, plutôt, à user de tous les subterfuges pour séduire ce dernier. Comme le dira Dominique de VILLEPIN[2] : « L’homme de cour évolue dans un milieu hostile et instable, en raison des variations de l’humeur du prince et des intrigues des rivaux. Aussi, doit-il pour survivre, se composer un personnage tout en dissimulation, il doit être capable de créer l’illusion de maitriser son langage et son corps ». De VILLEPIN poursuivra, en disant : « C'est vrai, l'esprit de cour est en chacun de nous. Il se déploie au contact du pouvoir, aussi petit soit-il et quel que soit son domaine: politique, administratif, entrepreneurial ou sportif. La définition de la puissance suscite depuis toujours la peur et attise l'intérêt, conduisant à un comportement individualiste et à des attitudes qui sont de tous les temps et de tous les pays ». Les courtisans vont côtoyer le chef politique et son entourage, et ne lâcheront jamais ce dernier avant d’avoir atteint leur objectif, quel qu’en soit le coût pour la Nation.

Les Justes : serviteurs zélés et patriotes, mais sans pouvoir d’influencer les décisions

Les justes vont exercer leurs fonctions conformément à la vision et le programme politique. Ils sont, malheureusement, peu nombreux et n’ont pas de poids, pour influencer les décisions du chef politique, face aux extrémistes et les courtisans, et dans certains cas, par rapport aux acteurs extérieurs. Ce sont ces fonctionnaires zélés, qui travaillent honnêtement dans des conditions difficiles, ce sont ces magistrats et ces juges honnêtes, qui essaient de rendre justice mais dont les actions se heurtent à l’omnipuissance des extrémistes et courtisans, ce sont ces enseignants assidus au travail, ce sont ces médecins, qui essaient de sauver des vies dans des conditions extrêmement difficiles. Certains de ces fonctionnaires, de bonne foi, conseillent le chef politique sur les mesures à prendre pour sauver la Nation, mais, submergé par les extrémistes et les courtisans, le chef politique se trouve incapable d’écouter ces conseillers. Travaillant dans un environnement dominé par les extrémistes et les courtisans, ces « justes » finissent par tomber dans le panneau de la corruption et du laisser-aller. Ceux qui ne veulent pas participer au système, sont remerciés ou emprisonnés. Ceux qui ont la chance, parviennent à fuir le pays pour leur sécurité. D’autres, en fin de compte, décident de composer avec les acteurs extérieurs, mais dans tous les cas, ce n’est, ni pour l’intérêt national, ni pour leurs propres intérêts, sauf pour quelques cas, lorsque, en guise de remerciement d’avoir été coopératifs, ils reçoivent quelques rétro-commissions.

Les Acteurs Extérieurs : Politique du bâton et de la carotte

Les acteurs extérieurs constituent un autre groupe puissant. Ce sont les pays occidentaux, les institutions financières internationales, les grandes organisations de la haute finance. Ils viennent avec des financements importants, sous forme de dons ou de prêts, mais qui viennent avec des conditions de réformes politiques et économiques, qui ne répondent pas nécessairement aux intérêts de la population. Ces acteurs prétendent aider le pays dans son programme de reconstruction ou de réforme, mais, en réalité, ils représentent les grandes puissances, occidentales, américaines, russes, chinoises, turques, ou autres, en vue de préserver les intérêts stratégiques ou géopolitiques dans le pays ou la région. Les dons ou prêts octroyés au pays retournent auprès des bailleurs, sous forme de marchés de fourniture de biens et services, de consultants divers, mais, également, sous forme de prise de possession des réserves minières. Les représentants diplomatiques dans le pays sont chargés de faire valoir ces intérêts non avoués. Le dirigeant politique se trouve contraint de se plier à ces stratégies des puissances étrangères et des organisations internationales.

Que choisissez-vous Monsieur le Chef de l’Etat du Burundi ?

Dans un environnement  de multiples crises que connait le Burundi aujourd’hui, le Chef de l’Etat devra choisir, entre, soit, être un leader divisionniste, et suivre les injonctions des extrémistes, et maintenir un système d’exclusion, de pillage des ressources publiques et d’appauvrissement de la population, soit être un leader rassembleur et visionnaire, pour la transformation socio-économique du Burundi, du pays ravagé par des crises multiples, à un pays prospère, uni et moderne. Au cas où il choisit cette deuxième option, il lui faudra un courage politique et une détermination sans faille, pour décider, en fonction de la vision qu’il souhaite impulser au pays et les préoccupations du peuple, quelles stratégies prendre. Il devra s’imposer et imposer sa vision de transformation socio-politique de son pays. Il devra également être en mesure de dire « NON » aux extrémistes, aux courtisans et aux acteurs extérieurs, qui le détourneraient de sa vision. Il devra identifier les justes, au sein ou en dehors de son parti, de la société civile, de la Diaspora. Ils sont nombreux, ces Burundais qui sont affligés de l’état de désintégration de leur belle Nation, de  l’appauvrissement des populations et du pillage systématique des ressources, et sont prêts à lea servir pour le sortir du gouffre dans lequel elle se trouve. Evidemment, c’est un risque à prendre, car les extrémistes, les courtisans et, souvent, les acteurs extérieurs, sont tellement puissants qu’ils peuvent affaiblir les actions du dirigeant politique. Mais, si les justes sont nombreux, ils pourront résister et conduire à terme la vision pour conduire le pays sur le chemin de la transformation socio-politique. Le Chef de l’Etat a toutes les prérogatives que lui confère la Constitution. A moins qu’il soit du côté des extrémistes. ON LE JUGERA A SES ACTES.

                                                                                              André Nikwigize

 

[1] Andre Nikwigize. Ethnisme et Tragédies au Burundi. De l’Identité Nationale a l’Identité Ethnique. L’Harmattan, avril 2022, pp359-361

[2] Dominique De VILLEPIN : De l’Esprit de Cour. La Malédiction Française. Perrin, 2010. 224 pages

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