Onze ans d’attente : les anciens combattants handicapés toujours sans titres de propriété

Onze ans après la construction de leurs logements, les anciens combattants lourdement handicapés issus des ex-Forces armées burundaises (ex-FAB) et des ex-mouvements armés (ex-PMPA) attendent toujours la délivrance de leurs titres de propriété.
Répartis dans douze villages à travers dix provinces, ces anciens militaires dénoncent l’inaction prolongée des autorités et en appellent aujourd’hui directement au chef de l’État pour faire valoir leurs droits.
Selon leurs témoignages, ces habitations ont été construites par l’État grâce à un financement de la Banque mondiale, conformément à la loi encadrant les droits des anciens combattants atteints de handicaps très sévères. À la fin des travaux, le président de la République en fonction à l’époque a clairement ordonné que les bénéficiaires reçoivent leurs titres de propriété. Mais onze ans plus tard, cette promesse n’a toujours pas été tenue.
Les bénéficiaires affirment avoir multiplié les démarches auprès des autorités compétentes, en vain. Pourtant, la législation en vigueur reconnaît explicitement leur droit à un logement définitif, transmissible à leurs familles après leur décès, comme le stipule l’article 17 du décret ministériel relatif aux droits des anciens combattants.
Le 6 octobre 2023, lors d’une conférence de presse, le ministre en charge des anciens combattants a promis une solution définitive dans un délai d’un an. Or, cette échéance est aujourd’hui dépassée sans qu’aucune mesure concrète n’ait été prise.
Les anciens combattants pointent également du doigt le général de brigade Dominique Nyamugaruka, responsable du département chargé des anciens combattants handicapés. Ils l’accusent de ne pas avoir transmis leurs revendications aux plus hautes autorités, contribuant ainsi à l’enlisement du dossier.
Cette situation suscite une inquiétude croissante. Plusieurs familles rapportent déjà des cas d’expulsion : à la mort du bénéficiaire, faute de titre foncier, les proches sont menacés d’être délogés. « C’est une double peine : après avoir tout donné pour la nation, nous sommes abandonnés, et nos familles mises en danger », déplore un ancien combattant.
Les anciens combattants en appellent au président de la République afin qu’il intervienne personnellement. Ils espèrent enfin voir leurs droits reconnus, respectés et protégés pour eux-mêmes, mais aussi pour les générations futures.