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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Le président du parti MSD ne croit pas en la solidarité internationale

Alexis Sinduhije, n’est pas du tout d’accord avec la façon dont le thème est libellé. C’est comme si le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie, dont il est le président, a fait une affirmation gratuite en choisissant ce thème qu’il juge, d’ailleurs, vaste. Alexis Sinduhije décide alors de naviguer, selon ses dires, dans la complicité du sujet pour se faire comprendre. ‘’Devoir de solidarité avec le peuple burundais : une obligation morale et universelle’’ c’est la cinquième thématique de la conférence organisée par le parti MSD le samedi 25 juillet 2020 et c’est ce sujet-là que ce politique de l’opposition doit exploiter.

Alexis Sinduhije qualifie le sujet d’imposture dès le départ. ‘’L’on me demande un peu de faire croire au peuple burundais à l’angélisme du monde et, à partir de ça, renforcer sa naïveté’’, lance le patron du MSD avant d’entrer dans le fond de son exposé.

Pour lui, il n’existe pas de solidarité internationale ou de morale internationale. Ce qui existe ce sont des intérêts des Etats. ‘’Entre les positions des Chinois et des Russes d’une part et l’hypocrisie des Occidentaux d’autre part, je ne vois pas vraiment la place de la morale dans la politique internationale. Et d’ailleurs si vous suivez le plus souvent, ils s’accordent à l’inaction’’, insiste l’homme au style vestimentaire décontracté.

Les yeux fixés sur son écran, le quinquagénaire continue sur sa lancée. Alexis Sinduhije demande aux Burundais d’essayer d’oublier un peu le terme ‘’communauté internationale’’ parce que, selon lui, la communauté internationale ne peut pas dire qu’elle n’est pas au courant des crimes qui se commettent au Burundi. Il souligne que les Nations Unies, l’Union Africaine et d’autres organisations étatiques ont été créées pour l’idée noble de la paix et de la prospérité des peuples. Ce n’est pas pour les gouvernements, dénonce-t-il. ‘’Ces organisations étatiques internationales sont sur la ligne de Hobbes et de Machiavel. La ligne selon laquelle les Etats doivent décider pour les masses. Ce qui n’est pas mauvais. Mais ils doivent décider pour le bien des masses et pas pour la destruction des masses’’, clarifie Alexis Sinduhije avec un ton accusateur.

Les cases à remplir ?

Le président du MSD estime que les démocraties africaines ont échoué parce qu’elles sont soumises à des cases à remplir. ‘’Si aujourd’hui le Burundi remplit la case de l’équilibre des genres, il va être considéré comme un partenaire. Si demain, il remplit la case de l’équilibre ethnique, ces organisations étatiques internationales ne vont pas chercher à observer s’il y a une représentation réelle de toutes les couches de la société burundaise. Elles vont le considérer comme un héros avec lequel l’on peut faire du business’’. Et selon Alexis Sinduhije, ‘’la communauté internationale valide toujours tous les arrêts rendus par les cours constitutionnelles pour trancher les litiges électoraux même si l’on sait très bien que l’opposition ne peut pas gagner devant ces cours constitutionnelles’’.

Malgré qu’il n’ait pas confiance en la solidarité internationale, du moins en ce qui concerne ces organisations étatiques internationales, Alexis Sinduhije reconnaît qu’il y a des âmes de bonne volonté qui sont là pour aider et qu’il y en aura toujours. Il rappelle, entre autres, l’époque de l’Apartheid en Afrique du Sud. ‘’Les pays de la ligne de front étaient solidaires à tous les Sud-africains à l’époque. Je sais aussi qu’il y a des cubains qui se sont fait tués en Angola pour libérer non seulement les Angolais mais les Namibiens et aussi les Sud-Africains’’. Selon Alexis Sinduhije, la solidarité ou la morale internationale, dans une moindre mesure, ça existe. Mais ça se construit, ajoute-t-il. Alexis Sinduhije enchaîne avec deux ‘’anecdotes’’ pour appuyer ses propos.

Le CNDD-FDD et le FPR

L’ancien journaliste évoque le coup d’Etat sanguinaire de 1993 et la résistance engagée par l’actuel Conseil National pour la défense de la démocratie-Forces de défense de la démocratie (CNDD-FDD). ‘’Quand Melchior Ndadaye a été assassiné en 1993, j’étais un jeune reporter. Je me rappelle que ses collaborateurs, ses ministres s’étaient réfugiés à l’ambassade de France. Je suis allé les voir. Ils étaient tous enragés. Léonard Nyangoma, l’ancien président Sylvestre Ntibantunganya, il y avait aussi l’ancien président Cyprien Ntaryamira. Ils étaient broyés de douleur. Ils parlaient de l’injustice internationale’’. Selon Alexis Sinduhije, ils ne pouvaient pas comprendre comment la communauté internationale pouvait laisser passer ce crime. Mais après, poursuit Sindihuje, ils se sont organisés, ils se sont battus contre cette injustice et leur voix a été entendue. ‘’S’il n’y avait pas eu cette résistance, on ne parlerait pas aujourd’hui du CNDD-FDD’’.

Alexis Sinduhije passe immédiatement sur l’exemple du Front Patriotique Rwandais comme seconde anecdote. ‘’Quand le Front Patriotique Rwandais commence la guerre en 1990, en un mois, il perd la bataille. Et le 4 novembre de la même année, le FPR reprend la guerre avec à sa tête l’actuel président Paul Kagame’’. C’est à ce moment-là qu’il y a eu des rencontres sous-régionales un peu partout, enchaîne Alexis Sinduhije. ‘’Les délégués du FPR étaient en colère. Ils ne pouvaient pas comprendre comment le monde ou la région pouvait les condamner alors qu’ils venaient de passer 30 ans parqués dans des camps des réfugiés. Ils rentraient dans tout le monde. Ils n’avaient pas de langage diplomatique. Ils étaient très clairs en disant qu’ils n’étaient pas d’accord avec ceci ou cela’’.

Pour Alexis Sinduhije, si les Burundais ne construisent pas eux-mêmes leur lutte, personne ne viendra les aider et personne ne la fera à leur place. Le président du MSD tient, cependant, à donner des explications sur la lutte dont il parle. ‘’Quand je parle de la lutte, je ne parle peut-être pas seulement de la lutte armée. Ce n’est pas ça. Et d’ailleurs, je ne suis pas dans cette logique. Ecrire un article c’est aussi résister. Parler, expliquer la situation de chez nous c’est aussi résister’’.

Cette conférence organisée par le Mouvement pour la Solidarité et la Démocratie sur Zoom avait comme thème principal ‘’Burundi à la croisée des chemins : de la répression-militarisation à la paix et l’Etat de droit’’. A part Alexis Sinduhije qui se dit convaincu qu’il faut puiser dans la tradition politique de nos ancêtres, y compris les contes, les dictons et les adages, pour pouvoir sortir des problèmes qui hantent le pays, il y avait Maître Bernard Maingain qui exposait sur le rôle de la justice internationale dans la crise burundaise, Ismaël Diallo sur le panafricanisme à l’épreuve de la crise burundaise, Natacha Songore sur les crises oubliées du Burundi ainsi que Blaise Nijimbere qui exposait sur les impacts de la crise sur la jeunesse burundaise.

 

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