Depuis l’éclatement de la crise burundaise en 2015, la communauté de l’Afrique de l’Est a tenté de mettre en place une voie de la médiation pour mettre fin à cette crise. C’est dans ce cadre qu’a été nommé Yoweri Kaguta Museveni comme médiateur et Benjamin William Mkapa comme facilitateur dans la crise burundaise. Ainsi, des consultations ont été menées pour amorcer le dialogue inter-burundais. Ces consultations se sont soldées par un échec cuisant. Jamais, les protagonistes dans le conflit burundais n’ont jamais été sur une même table de négociation.

La semaine dernière, les chefs d’Etat de l’EAC ont reconduit le mandat de Benjamin Mkapa pour continuer la facilitation dans la résolution de la crise burundaise.

Malheureusement, certains ingrédients militent pour une résolution lointaine de cette crise. Il sera difficile pour les chefs d’Etat de l’EAC d’avoir un consensus pour contraindre Nkurunziza à s’asseoir sur la table des négociations.

L’actuel président tanzanien n’a pas une influence dans le parti Chama cha Mapinduzi, CCM. Toutes les décisions sont prises par son prédécesseur Mulisho Jakaya Kikwete. Ce dernier tire sur toutes les ficelles du système gouvernemental tanzanien. Mulisho Jakaya Kikwete est un allié de Pierre Nkurunziza depuis de longues dates. Il a entretenu des relations avec le gouvernement de Pierre Nkurunziza à travers son ambassadeur Francis Mundoluwa qui est cité dans un rapport des experts des Nations-Unies, pour soutenir et armer les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda. Durant son règne, il n’a jamais eu de bonnes relations avec Kigali.

Francis Mundoluwa, cet ex-général de l’armée tanzanienne, est membre de l’équipe de la facilitation dans la crise burundaise et joue l’espion de Jakaya Kikwete.

De plus, les intérêts de Mulisho Jakaya Kikwete pèsent. Il est actionnaire dans la société Interpétrol qui a le monopole d’importation du carburant au Burundi et est impliqué dans l’exploitation des minerais au Sud-Kivu en collaboration avec certains proches du pouvoir de Bujumbura.

Mulisho Jakaya Kikwete a, par ailleurs, apprêté un hélicoptère pour ramener Pierre Nkurunziza jusqu’à la frontière burundo-tanzanienne le lendemain de son coup d’Etat manqué. Il assistera d’ailleurs à l’investiture de Pierre Nkurunziza en 2015.

Au regard de ce qui précède et de la situation stratégique de la Tanzanie, il est difficile que la Tanzanie adhère à l’idée de prendre des sanctions contre le régime de Bujumbura pour le contraindre d’aller à la table des négociations comme ce fut le cas en 1996 pour le régime de Buyoya.