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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Le parquet général annule une quinzaine de mandats internationaux

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Le parquet général annule des mandats d’arrêts internationaux contre 15 personnalités qui font partie de la liste des gens poursuivis pour leur complicité dans la tentative de renversement  du pouvoir en Mai 2015. Cette mesure, censée rassurer la communauté internationale sur la bonne foi du gouvernement, ne rassure cependant pas l’opposition de même que la société civile qui parlent de décision politique.  
 
Cette liste de quinze personnes comprend des acteurs politiques, des activistes de la société civile ainsi qu’un journaliste. Le moment est « bien choisi » selon certains observateurs car ce mois de février pourrait être décisif pour le pouvoir de Bujumbura qui s’apprête à accueillir des visites de marque venus porter un message au président Nkurunziza. 
 
D’ores et déjà, les juristes sont très sceptiques quant à cette mesure décidant la levée des mandats d’arrêts internationaux contre ces personnalités. « C’est une décision politique et non pas de la justice » fait ainsi savoir Maitre Lambert Nigarura.  Pour cet avocat, « avant de lancer un mandat d’arrêt international, il fallait mener des enquêtes ! ». Le procureur général peut avoir plusieurs informations ou se référer aux propos des prévenus, c’est par cette voie que le procureur peut lancer un mandat d’arrêt contre telle personne, explique Me Nigarura qui précise que ce mandat est émis une fois qu’il est constaté que l’un ou l’autre suspect n’est pas au pays. « L’autre étape qui suit est l’ouverture du dossier en justice. Quand le concerné n’a pas été auditionné, aucune décision émanant du procureur ne peut être prise sauf quand il annonce abandonner le dossier définitivement » poursuit l’avocat, démontrant par-là que la décision d’annuler ces mandats est « politique » car si elle était judiciaire, « une moindre explication aurait été fournie » nous explique-t-il. Le procureur Valentin Bagorikunda argumente justement ainsi dans sa correspondance : « les raisons à la base de l’émission de ces mandats ne subsistent plus ».
 
Annuler les mandats internationaux contre ces quelques personnalités serait motivé par la menace de l’Union Européenne de suspendre dans les faits son appui au Burundi. L’UE, lors des consultations avec le gouvernement, avait donné un mois au gouvernement pour fournir des efforts en ce qui concerne la liberté d’expression et le respect des droits de l’homme. « Ce geste viserait donc à montrer sa bonne volonté à l’UE pour éviter qu’elle ne mette en vigueur l’article 96 de l’accord de Cotonou, qui lui permet de rayer un Burundi sur sa liste des pays bénéficiaires de l’aide en cas de non-respect des principes démocratiques et des droits de l’homme » selon une source.
 
 
« Mesure sans effets »
 
 
« La décision d’annuler ces mandats d’arrêt internationaux montre bel et bien que le Président Nkurunziza se trouve dans une peur panique, et que ces mandats n’avaient aucune importance » martèle Pacifique Nininahazwe, Président du Focode. Pour cet activiste de la société civile, cette mesure vise à s’en sortir lors de la visite au Burundi du Secrétaire Général de l’ONU et de 5 chefs d’Etats africains, mais aussi montrer sa bonne volonté devant l’UE. « Il oublie que tout le monde n’ignore pas les questions qui hantent le pays dont le déploiement des forces de maintien de la paix pour protéger la population, un dialogue inclusif à l’extérieur du pays mais aussi permettre des enquêtes sur les différents crimes qui se commettent au Burundi. Cette mesure n’est donc que de la poudre aux yeux » estime Pacifique Nininahazwe. Pour lui, la sécurité de toutes ces personnes prime sur la levée de ces mandats. « On n’acceptera que ces mandats ont été annulés que lorsqu’ils pourront rentrer au pays sans se soucier de leur sécurité, n’oubliez que le pouvoir de Bujumbura est caractérisé par un double langage » poursuit le président du FOCODE.
 
L’autre objectif poursuivi par le pouvoir est de diviser l’ensemble des acteurs engagés dans la lutte contre le 3ème mandat du Président Nkurunziza. « Des gens pourront s’imaginer qu’avec l’annulation de ces mandats, certains abandonneront la lutte. Qu’ils se détrompent ! » conclut Pacifique Nininahazwe qui demande plutôt au président Nkurunziza de laisser le pays être gouverné démocratiquement.  
 
Le Président de la plate-forme de l’opposition CNARED y voit pour sa part une tentative de vouloir diviser le CNARED. « On aurait reconnu que la décision est bonne si tous les mandats avaient été annulés, mais l’unique objectif est de montrer à la communauté internationale sa bonne volonté, alors que ce n’est pas le cas » déclare Léonard Nyangoma. 
 
L’ancien porte parole du président Nkurunziza, actuellement président du parti PPRD-Girijambo, Léonidas Hatungimana qualifie cette décision de simple feuilleton. Il demande aux burundais de restés vigilants et au président Nkurunziza d’assumer qu’il est auteur de tous les crimes et de stopper les assassinats. « Le Président Nkurunziza veut diviser les personnes qui sont contre son mandat. Annuler ces mandats est comme un jeu, comprenez que ce pouvoir joue une carte politique. L’essentiel est que ces assassinats à grande échelle se terminent et qu’il quitte le pouvoir sans condition » termine son ancien porte-parole.
 
La crise qui perdure au Burundi depuis avril 2015 a déjà fait plus de 500 morts, de nombreux disparus ainsi que 250.000 réfugiés. 

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