Depuis 2 ans, le régime burundais, en dehors du cadre du dialogue inter-burundais initié par la médiation est-africaine, aurait établi des mécanismes de contact et des négociations secrètes avec certains politiciens réunis au sein de la principale plateforme de l’opposition Cnared-Giriteka.
Tantôt c’était avec l’appui de l’Organisation internationale CMI impliquée dans la prévention et la résolution des conflits ; tantôt des émissaires du président Nkurunziza rencontraient discrètement certaines grandes figures de l’opposition en exil.
Notre source au sein de la plateforme révèle que le but de ces rencontres était d’éviter une solution négociée avec toute l’opposition politique et autres acteurs de la vie nationale dont la société civile en exil.
L’autre objectif majeur de ces rencontres poursuit notre source, était de trouver un cadre permettant à certains politiciens désignés par le régime, de regagner le pays. Un retour qui aurait permis le pouvoir à convaincre les partenaires internationaux sur la stabilité du pays et par conséquent demander la levée des sanctions internationales et l’abandon des enquêtes de la CPI.
Malheureusement pour les deux camps, un détail est venu compromettre ce deal. Le camp Nkurunziza se serait vite rendu compte qu’avec le retour de ces politiques en exil, deux chantiers sur lesquels le régime bâtit sa stratégie électorale allaient s’effondrer : Il s’agit du dossier des présumés putschistes de 2015 et du dossier de l’assassinat du président Melchior Ndadaye.
Pierre Nkurunziza en la personne, souligne notre source, aurait signifié à ses interlocuteurs du Cnared que 4 personnalités à savoir Dr Jean Minani, patron du Cnared, Onésime Nduwimana le porte-parole de cette plateforme d’opposition, le Major Bernard Busokoza ancien 1er vice-président de la République et Moise Bucumi qui fut ministre de l’énergie et mines, ne pouvaient plus rentrer libre au pays car leur retour engendrerait automatiquement l’abandon des poursuites judiciaires contre tous les présumés putschistes de 2015, ceux en prison au Burundi et ceux sous mandats d’arrêt internationaux dont la plupart sont des politiques, des activistes de la société civile et des journalistes en exil.
Pour Nkurunziza, ajoute notre source, l’abandon de ces poursuites judiciaires mettrait en péril sa stratégie populiste et ethnique auprès d’un électorat bien ciblé. Raison pour laquelle les 4 personnalités du Cnared n’ont pas pu regagner le Burundi avec leurs paires Anicet Niyonkuru, secrétaire exécutif du Cnared et Mamès Bansubiyeko, le commissaire politique de la plateforme Giriteka.
D’autres sources indépendantes affirment que les deux cadres du Cnared actuellement à Bujumbura seraient partis pour également négocier le retour et les avantages politiques pour leurs compagnons de lutte restaient à l’étranger.
Néanmoins, les mêmes sources indiquent que cette question de retour des opposants divise le fameux cercle des généraux autour du président. Certains seraient favorables à ce retour qui, pour eux, faciliterait le contrôle de ces opposants de l’intérieur du Burundi. D’autres se veulent prudent par rapport aux risques que peut déclencher le retour de ces hommes politiques.