Jeudi, un jour qui se révèle un peu similaire aux autres. La seule information qui préoccupe toutes les souches de la société : « Le Président va enfin s’engager pour le troisième mandat ». Depuis Burengo à l’Ouest et Rubuye à l’Est de la ville, Kanyami au Nord et Gisagara au Sud, les citadins ne partagent pas le même avis.
Au centre de la ville, c’est toujours le même scénario. Les forces de l’ordre ont multiplié les dispositifs de sécurité dans la ville. Au moment où les cérémonies d’investiture étaient en cours à l’Hémicycle de Kigobe, dans la capitale, tout le monde était à l’écoute de la radio : « Ils attendent la signature du Président de la République » pouvait-on entendre.
A l’intérieur comme à l’extérieur du marché de Ngozi, les grands et petits commerçants étaient tous réunis autour des postes radios. « Ce programme est improvisé ! » s’étonnaient les commerçants, les administratifs et les fonctionnaires de l’Etat. Cette cérémonie était en effet prévue le 26 août courant, fin officielle du deuxième mandat du Président Nkurunziza. Certains habitants de Ngozi supposent que le Président de la République a voulu impressionner le monde qui le croyait capable d’abandonner ce troisième mandat.
Les autres précisent qu’il n’y a rien de spécial ou d’anormal car ils étaient déjà au courant que le Président n’allait pas abandonner ce « maudit mandat », parce qu’il est issu des élections qui ne sont ni libres, ni transparentes, ni inclusives et paisibles et surtout que la loi n’autorise pas plus de deux mandats.
Un climat de joie quelque part, de neutralité et de peur d’autre part.
La population, surtout les paysans qui étaient venus au marché de Ngozi ce jeudi se disait satisfaite de cette décision du Président Nkurunziza. Pour ces habitants de la province natale de Nkurunziza, le Président mérite ce mandat car, c’est grâce à lui que la paix règne dans le pays. « Les programmes de la gratuité scolaire et des soins de santé pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes ont été élaborés par Pierre Nkurunziza », renchérissent t-ils.
Pour les autres, Pierre Nkurunziza vient de se faire succéder au pouvoir en piétinant l’Accord d’Arusha et la Constitution burundaise. Ils estiment que cette décision va bientôt créer un climat de tension entre le Burundi et la communauté internationale, une situation qui risque même de déboucher sur une guerre civile. Les autres préfèrent garder l’anonymat sous prétexte d’être battus, attaqués ou menacés par les jeunes « imbonerakure », affiliés au parti au pouvoir.