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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Répression dans les quartiers contestataires : les mêmes causes risquent de produire les mêmes effets.

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Dans une analyse parue récemment, International Crisis Group (ICG) parlait du Burundi comme une bombe géopolitique qui risquait d’avoir des conséquences négatives sur la stabilité sous-régionale. Déjà, sans atteindre l’ampleur de l’exode des refugiés irakiens, syriens et afghans obligés de traverser les déserts et la mer à leur risque et péril, les exilés Burundais commencent à submerger l’Afrique de l’Est : deux cent mille au Rwanda et cinquante mille en Tanzanie. Du point de vue statistique, cette présence pèse sur l’économie et les eco-systèmes des pays d’accueil, même si l’hospitalité leur reste accordée. Pour cause, ces pays d’accueil suivent de près la situation du Burundi de même que la communauté internationale qui avait déjà tiré la sonnette d’alarme sur le risque d’explosion du Burundi.

Sur le plan interne, malgré les appels des communautés sous-régionale (EAC), régionale (UA), et internationale (ONU, UE, Etats-Unis) au dialogue entre les protagonistes du conflit burundais, le constat est que le pouvoir, au lieu de calmer les esprits, joue aux va-t-en guerre. La preuve, l’ultimatum lancé par les Ministres de la sécurité, de la Justice, de l’Intérieur et de la Défense aux quartiers Jabe, Nyakabiga, Musaga et Cibitoke pour remettre toute arme détenue illégalement d’ici trois semaines. Le constat sur cette situation est que depuis le refus du troisième mandat de Pierre Nkurunziza par la rue, ces quartiers ont payé un lourd tribut de la répression du régime sans courber l’échine. Au contraire, plus la violence du pouvoir contre eux s’accroit, plus cette attitude belliciste crée l’effet inverse : la population de ces quartiers entre en résistance. Une population qui a vu des dizaines de gens mourir sous les balles de la police, d’autres blessés, torturés ou emprisonnés par les mêmes agents de l’ordre sans parler des exécutions extrajudiciaires.

Toujours est-il que cette politique du bâton n’est pas la plus efficace pour ramener la paix au Burundi. Les expériences du passé démontrent que la spirale de la violence est alimentée par cette politique du bâton. L’arrestation présente et systématique des jeunes  à Musaga rappelle celle de Kamenge, il y a deux décennies. Or, cette démarche a fait naitre une rébellion, laquelle est aujourd’hui au pouvoir. Les décideurs de l’époque ont finalement choisi l’option du Win-Win parce qu’ils se rendaient compte de l’inutilité de la politique de la terre brûlée.

 

Un pouvoir illégitime sur le plan légal

 

La population burundaise dans sa large majorité et surtout celle éduquée et jeune s’est opposée au pouvoir qu’elle juge d’illégitime sur le plan légal. Ces opposants au troisième mandat du Président Pierre Nkurunziza sont renforcés du pouvoir par l’usage immodéré de la force. Cette opposition populaire est relayée par le CNARED dont les leaders en exil veulent porter haut l’étendard de la contestation sur le plan mondial.  Les habitants de Jabe, Musaga, Nyakabiga et Cibitoke constituent la partie visible de l’iceberg qui a voulu dire haut ce que les autres pensaient bas. La tendance est que cette résistance de quatre quartiers va causer un effet domino, s’il ne l’a déjà fait, sur tout le pays. La politique de la répression a déjà montré son échec sur le plan international où il est désavoué et sur le plan interne, car elle alimente la gestation d’une rébellion.

 

La seule solution, la relance du dialogue

 

Visiblement, celle-ci prend de plus en plus de l’ampleur sauf qu’elle est circonscrite sur le périmètre urbain. Toutes les tentatives pour la mater par le pouvoir se sont soldées par l’échec. La seule solution est la relance du dialogue, car dans le passé, la population avait remis pacifiquement les armes parce que le pouvoir avait du crédit auprès d’elle. Si ce cycle vertueux a joué hier, tout indique qu’elle peut se révéler efficace aujourd’hui ; la surenchère de la violence s’est révélée peu porteuse de fruits en termes de pacification de la population.

La fonction régalienne de l’Etat doit se ramener à la domestication de la violence pour une recherche de la concorde civile. Sinon l’usage de la violence pour la violence va produire l’effet inverse. La population va se barricader et opter pour la résistance. L’histoire du Burundi semble se répéter et non bégayer. Les décideurs d’aujourd’hui se sont trouvés dans la même issue de l’enfermement. Ils s’en sont sortis par la voie des armes. Pourquoi ne tirent-ils pas la leçon de leurs expériences du passé ? Pourtant, rien n’est encore perdu. Dans l’urgence, le pouvoir doit apaiser la peur de ces habitants de ces quartiers et ne pas les pousser le dos au mur. En ce sens, l’usage de la force ne peut en aucun cas être un recours. Le dialogue reste pour le moment la seule alternative.

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