Beaucoup de parlementaires ont pris la parole mercredi dernier, le 25 novembre 2015 après un briefing sur la situation au Burundi présenté par le luxembourgeois Schmit Nicolas au nom de la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, Federica Mogherini. Pour le député allemand Zeller Joachim, « les nouvelles en provenance du Burundi sont de plus en plus mauvaises » depuis que le Président Nkurunziza s’est maintenu au pouvoir pour un troisième mandat qu’il juge contraire à la Constitution.
Le député belge Marc Demesmaeker a également insisté sur ce troisième mandat du Président Nkurunziza évoquant un pouvoir « contraire aux principes modernes de gouvernance ». « Le Président a violé la volonté du peuple qui avait adopté une Constitution en 2005 qui met en avant la démocratie » a poursuivi l’élu européen.
La communauté internationale a négligé la crise au Burundi
Les parlementaires européens en sont venus à la conclusion que la communauté internationale n’a pas pris la question du Burundi avec toute l’urgence qui s’imposait. La député hollandaise Kati Piri s’est ainsi interrogé : « les récentes élections au Burundi n’ont pas été reconnues par la communauté internationale et la violence s’intensifie. Que fait l’Union européenne pour ramener le Gouvernement à l’ordre ? ». Le député Marc Demesmaeker a critiqué sérieusement la communauté internationale pour son manque d’engagement au Burundi contrairement aux pays voisins : « la communauté internationale a considéré le Burundi comme un petit pays. Elle a plutôt mis toute son énergie au service de la RDC, de l’Ouganda et du Rwanda. Je pense que cela a été une erreur de jugement ».
L’Union Européenne envisage-t-elle des sanctions contre le Gouvernement Burundais ?
Les consultations entre l’Union Européenne et le Gouvernement Burundais sont attendues prochainement. Bujumbura, via le Ministre des Relations Extérieures Alain Nyamitwe, a accepté de répondre à l’invitation de Bruxelles pour discuter sur base de l’article 96 de l’Accord de Cotonou régissant les relations UE-ACP. Les députés européens ont exprimé le souhait que ces consultations aient lieu au cours de ce mois de décembre.
D’ores et déjà, certains élus ont demandé des sanctions contre le Gouvernement Burundais. « Lors d’une session en avril, nous nous étions convenus de tout faire pour éviter une candidature du Président Nkurunziza pour un troisième mandat. Mais cela n’a pas marché » a martelé le député croate Ivan Jakovčić qui demande alors des sanctions contre le Gouvernement. L’autre élu européen qui s’est prononcé dans ce sens est Zeller Joachim qui estime qu’il ne faut plus s’en tenir aux déclarations : « c’est le moment d’agir ! Certes, un contingent burundais de plus de 5.000 militaires aide en Somalie ; mais cela n’est pas une excuse pour ignorer les exactions et les violations des droits de l’homme du pouvoir ».
L’Union Européenne est le principal partenaire du Burundi, a rappelé le député belge Hilde Vautmans qui insiste sur les conséquences de la crise au Burundi dans toute la région « comme principal partenaire, l’union européenne doit aider dans la médiation et les consultations entre l’union européenne et le Gouvernement burundais sur base de l’Accord de Cotonou doivent aboutir à une solution politique ».
Aucune date n’a encore été fixée pour le début des consultations entre le Gouvernement Burundais et l’Union Européenne.
Le Burundi connait une crise politico-sécuritaire depuis l’annonce du chef de l’Etat Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat que l’opposition, la société civile et la communauté internationale qualifient d’illégal. Cette crise a déjà fait plus de 250 morts selon l’ONU et le Haut commissariat pour les réfugiés dénombre plus de 200.000 burundais qui ont fui le pays.