Monnayage des chambres et sanctions : les pratiques dénoncées à la prison centrale de Mpimba

À la prison centrale de Mpimba, des détenus dénoncent un système de monnayage des chambres mis en place par certains de leurs représentants. Les plus offrants sont favorisés au détriment de ceux qui n’ont pas les moyens de payer.
La surpopulation carcérale constatée dans cette prison semble avoir été détournée en une source d’enrichissement pour certains responsables internes. D’après les témoignages recueillis, ce commerce s’effectue notamment dans la cellule A où, par exemple, une chambre est attribuée moyennant une somme comprise entre 3 et 7 millions de francs burundais. Ceux qui ne parviennent pas à réunir cette somme sont relégués dans un corridor non éclairé, surnommé Kirongozi.
« Le pire s’est produit mardi de la semaine dernière dans le quartier de la cellule A, dirigé par Zarbaber Kantungeko et Clovis Cimpaye, des Imbonerakure bien connus. Ils ont contraint un certain Juvénal à payer 7 millions pour la chambre 11. Les occupants des chambres 3 et 24 ont chacun déboursé 3 millions. C’est honteux pour des gens qui peinent déjà à obtenir la ration quotidienne », rapporte une source.
D'autres témoignages indiquent que certains anciens occupants des chambres sont forcés de les céder à de nouveaux arrivants, simplement parce que ces derniers ont payé davantage. Alors que chaque nouveau détenu devrait normalement s’acquitter d’une somme de 5 000 francs pour des frais de propreté, les témoins regrettent l’inaction de l’administration de la prison, bien qu’elle ait été alertée à plusieurs reprises.
Parmi les noms cités dans ces pratiques figurent Tony Uwizeye, alias Dume, responsable de la cellule B, impliqué dans l’affaire Safisha en 2010, un autre surnommé Tyga, et un dénommé René, capita général du quartier des mineurs. Selon nos informations, la direction de la prison est parfaitement au courant de cette situation, mais n’intervient pas.
Les rares qui osent dénoncer ces abus sont systématiquement punis. « Kado, par exemple, a déclaré que de telles pratiques sont indignes d’un pays indépendant. Il a été emmené dans un lieu surnommé maison rouge, où il a passé un mois dans l’isolement total, sans aucune assistance. Il faut que la ministre de la justice et le président de la République puissent soient informés pour que ces abus cessent », insiste une source.
La rédaction de la RPA a tenté de joindre Frédéric Niyubahwe, directeur de la prison centrale de Mpimba, mais n’a pas obtenu de réponse.