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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Un ancien ministre des finances rappelle la règle d’or de la gestion de la monnaie

Un ancien ministre des finances rappelle la règle d’or de la gestion de la monnaie

La carence de billets peut provoquer une grande perte de confiance dans le système monétaire ;  crainte  exprimée par un ancien ministre burundais des finances dans une analyse faite à la rédaction de la RPA. L’ancien gestionnaire du budget de l’Etat interpelle le gouvernement à faire attention dans ses politiques de gestion de la monnaie car elle ne se gère en aucun cas par le forcing.

La récente mesure de changements des gros billets du pays n’est en rien une mesure monétaire, critique un ancien ministre burundais des finances. En cas de changement de billets pour des fins monétaires, explique l’ancien ministre, le gouvernement donne un délai suffisant, au minimum 3 à 6 mois précise-t-il pour retirer progressivement du marché  les billets remplacés. Les billets différents fonctionnent en même temps durant cette période.

Pour cet ancien dignitaire, les 10 jours accordés ont bel et bien prouvés que la raison derrière cette mesure n’a rien à voir avec la monnaie. ‘’C’est évident que la mesure constitue par contre une sanction contre certaines personnes.’’ Une mesure monétaire ne peut causer de pertes  à la population comme la récente l’a fait.

Pour l’ancien gestionnaire du budget de l‘Etat, le gouvernement s’est montré pressé à lancer l’opération. L’insuffisance des billets qui se remarquent même aujourd’hui, le prouve à suffisance, souligne-t-il. Une situation qui peut accentuer la méfiance qui existait déjà dans la bancarisation.

Donner de l’argent pour rentrer avec un reçu,  ne pas pouvoir retirer son argent dans les différents établissements financiers peuvent pousser les burundais à garder du cash. Et malheureusement, la mesure aurait été contre-productive car à l’annonce de cette mesure de changement des billets de 5000 et 10 000, le gouverneur de la BRB avait expliqué qu’elle vise entre autres à lutter contre la thésaurisation.

Le moyen le plus efficace de lutter contre cette thésaurisation, conseille l’ancien ministre des finances, est la promotion des autres instruments de paiement comme le paiement électronique. Or regrette l’ancien ministre, les burundais favorisent beaucoup le cash que même les prix donnés par le Président de la République sont en cash. Ici, cette autorité rappelle le prix des ADG dernièrement accordé, la lauréate a reçu 20 000 000fbu cash.

Pour terminer son analyse, l’ancien ministre burundais des finances a appelé le gouvernement à plus de vigilance. La monnaie ne se gère point par le forcing, ce n’est que par la confiance. Aux dirigeants de  la banque centrale, l’ancien ministre leur fait un clin d’œil. Si la banque centrale se comporte comme le gouvernement en place, elle perdra toute la confiance des burundais et les effets seront catastrophiques.

Des opérateurs tirent profit de la pénurie monétaire à Muyinga

Des opérateurs tirent profit de la pénurie monétaire à Muyinga

Les habitants de la province Muyinga s'insurgent contre certains agents de LUMICASH qui exigent des pots-de-vin lorsqu'ils font des retraits de leur argent. Selon ces habitants de Muyinga, la situation s'est empirée avec la carence des billets dans les établissements financiers.

Les habitants de la province Muyinga disent que, depuis la mesure de démonétisation, ils ont de plus en plus du mal à accéder à leur argent hébergé dans différents comptes bancaires. Selon notre source, même le peu qui leur était permis de retirer n’est plus disponible. ‘’Par exemple quand on a 2 ou 5 millions, tu ne peux pas retirer plus de 100 000 francs à la fois. Par chance, on peut te donner 300 000 francs et pas plus. Mais il y a des fois où on ne dit carrément qu’il n’y a pas d’argent et qu’on nous invite à revenir le lendemain, un lendemain qui n’arrive jamais car tout le temps ajourné.’’ Témoigne un des habitants de la province Muyinga frustré d’être contraint de donner des pots-de-vin  à certains opérateurs pour pouvoir avoir accès à son propre argent. ‘’Cette situation est devenue chaotique. Certains agents commencent même à profiter de ce désordre pour s’enrichir sur le dos des gens. Par exemple, quand tu veux retirer 1 000 000 de francs burundais via LUMICASH, on t’oblige à leur donner 30 000 francs avant qu’ils fassent cette opération, à défaut de quoi on te dit que LUMICASH est à court d’argent. Bref, nous ne savons plus où donner de la tête.’’ S’indigne-t-il.

Pour le moment, les habitants de la province Muyinga demandent aux autorités habilités de trouver solution à ce problème car, non seulement ça leur cause énormément de pertes, mais ça ajoute également le drame au drame à la précarité dans laquelle se trouvaient déjà bon nombres de burundais.

Les capitales économique et politique frappées par une Nième crise de carburant

Les capitales économique et politique frappées par une Nième crise de carburant

Ni essence ni gasoil n’est disponible actuellement  dans  les deux  grandes villes du pays. Cette rupture de stock dure déjà  une semaine. Les conséquences se multiplient  du jour au lendemain.

 

A Bujumbura, la capitale économique, cette nouvelle pénurie de l’or noir dure au moins une semaine. Très peu de stations-service ont de l’essence ou du gasoil. Les stations-service sont apparemment approvisionnées une à une et au compte-gouttes. Des files de véhicules se remarquent devant certaines d’entre elles, le jour comme la nuit. 

‘’ Nous passons la nuit devant les stations-service, pour  ne pas perdre notre place. Si tu quittes la file, le lendemain tu te retrouveras loin derrière.’’ A expliqué un conducteur de véhicules.

Sur ces files, se remarquent différents types de véhicules à essence comme à gasoil.

La situation est la même à Gitega, la capitale politique. Sans carburant aussi depuis une semaine, des véhicules font la queue devant des stations-service.

‘’Nous venons attendre dans l’espoir d’être servis. En réalité, nous ne venons pas  avec certitude que la station-service dispose du carburant. Non, nous venons attendre. Nos véhicules restent ici la nuit ce qui nous fait dépenser beaucoup car nous devons payer les veilleurs qui gardent ces véhicules’’, nous a précisés un habitant de Gitega.  Tout comme la capitale économique, la capitale politique n’a également ni essence ni mazout.

 

Des conséquences sur la société dans son ensemble

En Mairie de Bujumbura, l’une des principales conséquences de cette pénurie du carburant est le manque de nourriture. Nourri grâce à la récolte des différentes provinces de l’intérieur du pays, Bujumbura est en ce moment difficilement approvisionné. Dans différents marchés, les quantités de  maïs, du  haricot et du riz  ont visiblement diminuées, selon nos sources de Bujumbura.

A Gitega, les conséquences se remarquent en premier sur les tarifs de transport.  ‘’ Par exemple actuellement le trajet  Bujumbura-Gitega se paie entre  20.000 et 30.000fbu. Même les déplacements ici au centre-ville ont doublé. Pour le moment, vous ne pouvez pas vous  déplacer pour 500fbu  ou  pour 1000fbu. Vous devez avoir au moins 1500 et 2000 fbu.’’ Témoigne un habitant de Gitega.

A Bujumbura comme à Gitega, les conducteurs des véhicules de transport sont doublement affectés. La période de pénurie du carburant, plusieurs se retrouvent au chômage. Subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles devient de plus en plus difficile actuellement que le coût de la vie ne cesse de grimper.  

Cette pénurie de carburant est signalée dans différentes autres provinces du pays. Une situation qui touche toute la population dans son quotidien.

Et si la démonétisation des grandes coupures trainée un grand scandale financier ?

Et si la démonétisation des grandes coupures trainée un grand scandale financier ?

En date du 07 juin courant, la banque centrale BRB a annoncé le retrait des billets de dix mille et cinq mille utilisés depuis 2018. Le gestionnaire de la monnaie burundaise a donné comme raison de ce changement de grandes coupures, un taux élevé de thésaurisation. Plus de 60% de ces billets  n’étaient plus traçables. Quelques mois avant, le Président de la République avait menacé de transformer en paperasse les montants colossaux détournés des deniers publics et cachés dans les maisons. Une mesure qui ne règle aucun de ces problèmes évoqués et qui risque par contre d’empirer la situation économique du pays explique Gratien Rukindikiza, économiste de formation et auteur d’une étude  sur l’économie monétaire, dans une interview accordée à la radio RPA.

 

Pour commencer que dites-vous des raisons annoncées comme étant à l’origine du changement des billets de dix mille et de cinq mille ?

Les deux raisons évoquées : les billets qui ne sont plus visibles dans le circuit monétaire officiel et les détournements des deniers publics.

La grande partie de la population burundaise est plutôt paysanne, rurale sans comptes bancaires. Elle vive dans la campagne et il y a de l’économie là-bas. Les paysans vendent leurs vaches, leurs terres, du café…. Contrairement à ce que les gens pensent, ils gagnent de l’argent, ils peuvent réunir  plus de 10 000 000 fbu. C’est-à-dire  cet argent dont parle, ce sont  des billets qui ne passent pas par la banque. Or, on sait bien que beaucoup de masse monétaire circule en dehors du circuit bancaire. La monnaie est là, elle circule entre les gens de la campagne personne ne cache les billets si on tient juste du fait que ça ne passe pas par les banques. Il faut aussi qu’ils se posent la question, combien de burundais ont des comptes bancaires ? Donc la première raison pour moi ne tient pas debout.

Deuxième argument on parle de vol. Je me dis qu’on ne parle pas de la personne qui a volé 10 000fbu.C’est quelqu’un qui a volé des milliards. En réalité il faut savoir une chose, les gens qui volent des milliards ou des centaines de millions, ce sont des gens intelligents. Parce qu’on ne peut pas voler cet argent sans être intelligent. Ils ne vont pas les prendre dans les caisses, ils détournent des paiements. Et du coup, ils convertissent cet argent en dollars ou en euros et ils ne le  gardent pas sur place. Ils envoient ces billets en Turquie, à  Dubaï,  Ile Maurice, les iles anglo-normandes, dans les paradis fiscaux.   En conclusion,  les grandes coupures  ont été retirées pour  aucune des deux raisons annoncées.

 Dans quelles circonstances normales un gouvernement peut décider de changer sa monnaie ?

 Il y a deux cas.

  1. Le changement de monnaie : On retire tous les billets  et introduit  une nouvelle monnaie. Ça s’est  déjà vu dans le passé notamment après la monarchie, le Président change de monnaie. Ce n’est pas le cas chez nous.
  2. En ce qui nous concerne, on peut retirer les billets  de 5000 et 10 000 quand il y a la contrefaçon. Les billets sont imités facilement. Là on peut changer les billets mais ça prend du temps, on donne le temps suffisant à toute la population  pour convertir.

Ou, quand on  veut changer l’aspect physique d’un billet, par exemple on décide d’ajouter le Roi Mwambutsa sur le billet. On introduit un autre billet, on retire le premier progressivement  sans brusquer l’économie. On donne un délai suffisant, on prolonge le délai si nécessaire, on ne fixe pas de limites parce qu’on ne connait pas la capacité financière de chaque personne.

D’après ce qu’on voit, ce n’est  ni le cas  de la falsification  ni  celui du  changement de l’aspect physique des billets.

 Pourquoi selon vous le gouvernement a fixé un court délai de changement de ces billets mais aussi des montants à remettre ?

Limiter les montants et le délai: Ils voulaient  qu’il y ait de l’argent qui ne soit pas rendu. Non pas que les gens ne veulent pas rendre mais suite aux  aléas : des gens qui avaient épargné par exemple 30 000 000 et ils n’ont eu droit que de rendre 10 000 000. 

En procédant ainsi, ils étaient  sûrs qu’ils allaient avoir une recette exceptionnelle. La question est de savoir qu’est-ce qu’on fait de cet argent qui n’est pas rendu ? Là je vais l’expliquer. 

Prenons par exemple qu’on avait 500 milliards de billets de 5000 et 10 000. Et ils ont commandé 500 milliards nouveaux billets pour remplacer les premiers. Jusque-là, ils disent avoir réuni 78% de billets.  Il y a  22% de billets qui n’ont pas été retrouvés, disons 120 milliards et économiquement ils doivent injecter la totalité donc les 500milliards. Il y a deux options.

  1. Nous avons un gouvernement honnête, soucieux de l’intérêt public qui veut financer l’agriculture, construire des logements pour les gens qui dorment dans la rue,  leur donner à manger, financer le secteur de la santé, etc.On va utiliser ces 120 milliards  à ça. Le montant est mis dans le budget de l’Etat en fait. Ils devront annoncer l’utilisation de ces 120 milliards de FBu qui n’ont pas été retrouvés. Si c’est le gouvernement qu’on a aujourd’hui, on l’applaudira…

        2.Si c’est le contraire alors, les 120 milliards ne seront pas injectés dans le budget de l’Etat. Un gouvernement ou un Président qui n’est pas honnête va dire au Gouverneur de la BRB  qu’il ne veut pas que cet argent  rentre dans le budget de l’Etat. Il aura commis le plus grand scandale financier de l’histoire avec beaucoup de conséquences !

 Au regard de la situation, la mesure aura un impact positif sur l’économie burundaise ?

 Non…

Cet argent même si ils disent qu’il n’était pas visible, il circulait et permettait l’achat de différents produits. Aujourd’hui une partie se perd comme ça. Les gens ont perdu leur fortune. Sur le marché, ils vont vendre du haricot, personne pour acheter car ils n’ont pas d’argent, ils viennent d’être appauvris. Et en plus il y a rien qui montre qu’en injectant ces billets, la production augmente. Elle ne va pas augmenter car il n’y a rien qui implique la production agricole, industrielle, on va continuer à importer…

Et si au pire des cas c’est la deuxième option  l’argent n’est pas injecté dans le budget de l’Etat,  la monnaie burundaise devra être dévaluée. Il y aura une inflation de 22% qui correspond au taux de masse monétaire non échangé.   Pourquoi ?

La personne qui va avoir cet argent non rendu va changer la monnaie en dollars.  Comme il y aura plus de dollars, le cours du dollar va grimper jusque même à 5000fbu. Et la personne ne va pas garder les dollars au Burundi, il va les envoyer dans les paradis fiscaux ci-haut cités. Il va appauvrir  le Burundi.

Les 22% de l’argent qui reste peuvent devenir un sérieux problème pour le Burundi, un problème énorme pour l’économie burundaise. Donc pour une mesure qu’on disait salutaire, en fait de compte on aura causé beaucoup de tort à la population burundaise à moins que la masse monétaire non échangée soit injectée dans le budget de l’Etat et utiliser dans l’intérêt du peuple burundais.

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