La situation sanitaire à Gisagara, dans la province de Cankuzo, se détériore de jour en jour. Les habitants, qui se rendaient autrefois à l’hôpital de Murore pour se faire soigner, se retrouvent aujourd’hui dans l’incapacité d’y accéder en raison d’une grave pénurie de carburant pour l’ambulance. Un problème qui, selon de nombreux témoins, met particulièrement en danger les femmes enceintes, les personnes en état critique et les victimes d’accidents, pour qui chaque minute peut s'avérer décisive.

À Nyabitare, zone de la commune Gisuru dans la province Ruyigi, de nombreux habitants non affiliés au parti au pouvoir, le CNDD-FDD, dénoncent une discrimination persistante dans la distribution des cartes d’assistance maladie (CAM). Selon leurs témoignages, seuls les membres du parti bénéficieraient de ces cartes, pourtant essentielles pour accéder aux soins de santé.
Dans un contexte national marqué par une pénurie généralisée de cartes CAM, la situation à Nyabitare suscite frustration et colère. Les quelques cartes disponibles dans la localité sont systématiquement réservées aux affiliés du CNDD-FDD. Un résident explique : « Ici, personne ne peut obtenir la carte d’assistance maladie sans passer par le responsable du parti au pouvoir. Si tu n’es pas membre du CNDD-FDD, tu n’es pas parmi les bénéficiaires de la carte CAM. »
Le cas le plus récent concerne un habitant non membre du parti, qui, après avoir sollicité la carte à l’hôpital, s’est vu renvoyé vers le responsable du CNDD-FDD au niveau collinaire. Ce dernier lui a clairement signifié que les cartes restantes étaient exclusivement destinées aux membres du parti.
Un témoin rapporte la scène survenue à l’hôpital local : « J’ai croisé un habitant hospitalisé qui demandait la carte CAM au gestionnaire. Ce dernier lui a répondu qu’il n’avait pas le droit de distribuer ces cartes, que seul le responsable du parti CNDD-FDD en avait l’autorité. Lorsque la personne a demandé qui était ce responsable, d’autres se sont moqués de lui, affirmant que si tu ne connais pas le chef du parti, tu n’as pas droit à la carte. »
Les habitants de Nyabitare interpellent les autorités compétentes et réclament la fin de cette pratique jugée aberrante et contraire à leurs droits. Ils rappellent que l’accès à la carte d’assistance maladie devrait être garanti à tous les citoyens, indépendamment de leur appartenance politique.
Malgré plusieurs tentatives, la rédaction de la RPA n’a pas réussi à joindre Stany Bangurambona, responsable du parti CNDD-FDD dans la zone Nyabitare, pour recueillir sa réaction.
L’hygiène laisse à désirer dans plusieurs centres de santé de la commune Buraza, en province Gitega. Alors que les patients s’y rendent pour se faire soigner, ils s’y exposent également à des maladies liées à l’insalubrité.

Dans plusieurs provinces du pays, les cartes d’assistance médicale (CAM) sont devenues rares, rendant difficile l’accès aux soins pour de nombreux citoyens. En plus de cette pénurie, des pots-de-vin sont parfois exigés pour en obtenir une. Par ailleurs, les médicaments manquent souvent dans les centres de santé, ce qui complique encore davantage la prise en charge des malades.
Les cartes CAM, officiellement vendues à 3 000 FBu (+ 1 000 FBu pour les frais d’ambulance), sont devenues quasi introuvables dans de nombreuses provinces. Les témoignages recueillis auprès des habitants révèlent un système gangrené par les pots-de-vin. « Pour obtenir une CAM aujourd’hui, il faut débourser entre 20 000 et 30 000 FBu via des intermédiaires », dénonce un résident de Muyinga.
À la pénurie s’ajoute une distribution inéquitable. Dans certaines régions, les cartes ont réapparu en mars dernier, mais en quantités insuffisantes face à la demande croissante, notamment après l’expiration des anciennes cartes. « Le gouvernement oblige que chacun soit en règle, mais les cartes manquent cruellement », souligne un citoyen anonyme.
Des médicaments inaccessibles malgré la couverture
Les détenteurs de la CAM font face à une double peine : non seulement la carte est difficile à obtenir, mais elle ne garantit plus l’accès aux médicaments essentiels. « Les structures sanitaires n’ont pas les traitements nécessaires. On nous renvoie vers les pharmacies privées, où tout doit être payé en totalité », explique un usager. Cette situation annule de fait l’utilité de la CAM, pourtant présentée comme un outil de protection sociale.
Le personnel soignant pointe du doigt les retards de paiement de l’État. « Les fonds alloués par le gouvernement arrivent trop tard, ce qui limite notre capacité à acheter des médicaments en quantité suffisante », confie un agent de santé.
Les citoyens, épuisés par cette double injustice, payer une carte inaccessible et devoir financer leurs médicaments, interpellent les autorités : « Si rien n’est fait, la CAM n’aura plus d’utilité », alerte un habitant de Bujumbura.
Les informations que nous détenons de nos sources au sein du ministère de la Santé publique et de la lutte contre le sida affirment que le ministère est informé de la crise et travaille à résorber la pénurie.