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Radio Publique Africaine
“La voix des sans voix”

Burundi: A qui profite la pérennisation de la pénurie du carburant ?

Burundi: A qui profite la pérennisation de la pénurie du carburant ?

La vente frauduleuse du carburant prolifère aussi bien à Bujumbura, la capitale économique, qu’à l’intérieur du pays. En effet, le prix du litre a presque quadruplé. Selon nos sources, ce commerce serait couvert par certaines autorités qui en tirent énormément de profit.

A Bujumbura, un bidon de 20 litres d’essence coûte 250 000 francs burundais. Dans presque tous les quartiers, l’or noir se vend au vu et au su de tout le monde, surtout dans les quartiers périphériques du nord de cette capitale économique comme Kamenge, Kinama, Mutakura et Cibitoke. Selon notre source, on peut même se faire livrer à domicile, moyennant néanmoins un certain pourboire consistant.

Ce commerce, frauduleux certes mais florissant, profite essentiellement aux jeunes imbonerakure du parti au pouvoir, le CNDD-FDD, une jeunesse qui opère en complicité avec l’administration qui lui fournit les procurations nécessaires pour avoir la permission de se promener avec des bidons d’essence.

Même son de cloche au Sud du pays, plus précisément en province Makamba. Une des sources de la RPA prestant dans le secteur pétrolier affirme que les hauts cadres administratifs et policiers sont parmi les personnes les plus actives dans ce commerce frauduleux. Et ce commerçant de dire être même certain que l’interdiction des voitures et motos de se garer le long des stations-service en attendant un probable approvisionnement est liée à cette fraude. « Les camions citernes déchargent leur cargaison en présence de certaines autorités policières et administratives. Chacun de ces dignitaires se taille alors la part qu’il veut, et c’est seulement après qu’ils informent la population de la disponibilité du carburant. Le carburant restant ne pouvant pas faire le plein de plus de  4 véhicules, les gens rentrent bredouilles. » Révèle notre source.

Ce carburant mis de côté est par la suite distribué aux commissionnaires travaillant pour le compte de ces mêmes autorités. Et pendant que ces dernières se remplissent les poches, le petit peuple en paie le prix cher. « Une bouteille d’un litre et demi d’essence coûte aujourd’hui 18 000 francs burundais. Comme conséquence, le trajet qui s’effectuait à 2 000 francs se monnaie aujourd’hui 10 000 francs. Et les responsables de cela sont nos autorités qui stockent le carburant dans leurs maisons d’habitation juste parce qu’elles savent très bien que personne ne va oser aller fouiller chez elles. Donc, les commissionnaires mettent l’essence dans des bouteilles en plastique de 1 litre et demi chacune. Ils les mettent ensuite dans des sacs à dos et sillonnent rues et marchés à la recherche des clients. » S’indigne un habitant de Makamba qui s’est confié à la RPA.

 

A Cibitoke, les habitants profitent de la baisse du prix du carburant provoqué par une rude concurrence observée sur le marché noir

Un litre et demi d’essence est passé de 25 à 18 000 francs burundais en moins d’une semaine. Non pas parce que le carburant est de plus en plus disponible, mais c’est plutôt que la concurrence s’est accrue au sein de ce commerce frauduleux. Notre source à Cibitoke fait savoir que les fraudeurs de la place ne prennent plus la peine de se cacher. De Nyamitanga à la rivière Rusizi, des bidons d’essence sont visibles le long des routes. Selon les informations en possession de la RPA, l’approvisionnement se fait en RDC sur une station située à Ruvungi, et ce  via la mer, la frontière terrestre étant fermée. Et tout ça se fait au vu et au su des autorités administratives et policières qui préfèrent faire comme si de rien n’était, des autorités qui des fois, selon les dires de la population locale, se livrent aussi à cette fraude.

 

 

Burundi : Qui garde le droit aux documents de voyage ?

Burundi : Qui garde le droit aux documents de voyage ?

L'accès aux documents de voyage redevient de plus en plus difficile au Burundi. Les demandeurs de ces documents déplorent que tous les demandeurs n’en bénéficient pas pour autant. Certains ont payé depuis plusieurs mois, mais ils n’ont pas encore eu ces documents de voyage.

Les documents de voyage, les passeports comme les Laissez-passer sont délivrés par le Commissariat Général des Migrations, CGM en single, ex PAFE. Malgré l’option de demande en ligne, plusieurs personnes préfèrent se présenter et introduire la demande physiquement. La raison, expliquent nos sources, est qu’en ligne, la plupart du temps, ils complètent le nécessaire, mais ne reçoivent pas de retour.

Au CGM, s’observe chaque jour de files très longues des demandeurs de documents de voyages. Certains se présentent pour introduire la demande, d’autres pour réclamer le document commandé.

Des policiers dressent les listes de ceux qui vont entrer au commissariat. Pour avancer sur la liste tout comme pour avoir son document dans les délais, les demandeurs doivent motiver les policiers de ce commissariat. « Nous passons des journées entières sur des files attendant notre tour. Et pour avancer sur la liste, il faut soudoyer les policiers. Et même quand tu veux que ton dossier soit traité rapidement, tu dois verser des pots-de-vin aux policiers. Ils nous disent que pour le Laissez-passer, tu dois payer trente-sept mille pour celui qui va t’aider, alors que le laissez-passer coûte trente-cinq mille. Pour le passeport, tu dois payer cent cinquante mille pour les policiers en plus des deux cent trente-cinq mille pour les frais du passeport. »

Ceux qui n’acceptent pas de payer ces montants, passent plusieurs mois en attente. Un des demandeurs de documents de voyage nous a montré qu’il a payé pour le passeport depuis deux mois.  A chaque réclamation, les agents du Commissariat Général des Migrations   expliquent qu’ils gèrent encore les commandes du mois de février. Un argument rejeté par les demandeurs de services au CGM, car, affirment-ils, il y en a qui reçoivent ces documents juste après l’introduction du dossier.

 « Nous nous sommes présentés depuis le dix-huit avril 2024. Mais jusqu’à présent, ils nous répondent qu’ils sont en train de traiter les dossiers du mois de février alors que nous sommes au mois de juin. Ce qui n’est pas vrai, car nous connaissons des gens qui ont eu leurs papiers de voyage dans trois jours, et les autres qui les ont eus en une journée. » Déplore un des demandeurs de documents de voyage.

Les informations en provenance du personnel du Commissariat Général des Migrations indiquent que ce problème d’accès aux documents de voyage, que ce soit les passeports et les Laissez-passer, est causé par le manque des petits livrets pour confectionner ces documents. Les mêmes informations indiquent que le manque de ces petits livrets serait dû à une mésentente entre le gouvernement burundais et les fournisseurs de ces livrets.

Nous n’avons pas pu recueillir le commentaire du responsable du Commissariat Général des Migrations, Général Major de Police Maurice Mbonimpa.

 

Burundi : Des enseignants réclament le salaire de toute l’année scolaire

Burundi : Des enseignants réclament le salaire de toute l’année scolaire

Neuf mois après le début de leur carrière, certains enseignants n’ont pas encore perçu de salaires. Alors que certains de leurs collègues ont commencé à être rémunérés, dans certaines provinces comme Bujumbura, ces nouveaux enseignants n’ont même pas encore de numéro matricule.

C’est à la fin du mois d’août 2023 que les candidats au poste d’enseignants ont passé un test national de recrutement. Les candidats retenus sont entrés en fonction au mois d’octobre de la même année 2023 et ont été affectés dans différentes provinces.

Aujourd’hui, 9 mois après le début de leur carrière d’enseignants, certains sont rémunérés, d’autres pas encore. Le cas illustratif est celui des enseignants qui ont été affectés en province Bujumbura ; ils n’ont encore ni de salaires ni de numéros matricules.

Alors que les nouveaux enseignants percevaient normalement leur premier salaire trois mois ou au plus tard cinq mois après le début des fonctions, ces enseignants disent avoir saisi le ministère de la fonction publique. Aucun rendez-vous précis ne leur a été donné.

« Nous sommes allés au ministère de la fonction publique au mois d’avril. Ils nous ont répondus que nos dossiers étaient en cours de traitement. Nous y sommes retournés, ils nous ont cette fois-ci expliqué qu’il y a eu un problème technique, qu’ils ne peuvent pas sortir nos numéros matricules. » Précise un de ces enseignants qui ajoute qu’il leur a été demandé de vérifier à chaque fin du mois sur leurs comptes. Quand ils auront les salaires, ils pourront donc aller récupérer leurs numéros matricules au ministère de la fonction publique.

Ces arguments n’ont pas convaincu les enseignants lésés surtout que, révèlent-ils, dans certaines provinces, ces nouveaux enseignants sont déjà rémunérés. Ils demandent alors au ministère de la fonction publique de les traiter tous au même pied d’égalité et de les régulariser tous.

Nous n’avons pas pu avoir la réaction de Venuste Muyabaga, le ministre de la fonction publique.

 

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Photo: Bâtiment abritant le ministère de la fonction publique à Bujumbura

 

 

 

 

Matyazo,  un site de déplacés à plusieurs problèmes

Matyazo, un site de déplacés à plusieurs problèmes

Le   site des déplacés des inondations de Gatumba se trouvant à Matyazo en commune Mubimbi de la province Bujumbura connait plusieurs défauts. Une insuffisance des hangars pour l’hébergement, des difficultés d’accès à l’eau potable et accès limité aux soins de santé ainsi que des conditions difficiles de scolarisation des enfants. Une situation qui infortune les déplacés.

Le processus de délocalisation de la population de la zone Gatumba, commune Mutimbuzi, province Bujumbura a débuté le vendredi 10 mai 2024. Il a débuté par des familles volontaires parmi les plus affectées par les inondations. Ces familles ont été installées dans le site aménagé à Matyazo en commune Bubimbi de la province Bujumbura. Au départ, elles étaient à une centaine de familles. Aujourd’hui, elles sont plus de 900 familles. L’un des grands problèmes qui hante ces familles, c'est l’hébergement. Les abris d’urgence apprêtés sont insuffisants et certaines familles dorment à la belle étoile.

 « Les familles qui sont venues de Mushasha 1 et Mushasha 2  n’ont pas encore eu de hangars dans lesquelles s’installer. Seules les familles qui sont venues en 1ᵉʳ, en provenance de Mushasha 1, ont été installées et un tout petit nombre de ceux qui sont venus en provenance de Mushasha  2. Ce sont eux qui nous hébergent, nous qui sommes venus de Mushasha 2, Kinyinya 2 et Gaharawe. Tous les autres, surtout ceux en provenance de la 3ᵉ avenue et de Warubondo dorment à la belle étoile. Mais même ceux qui dorment dans les hangars, nous   dormons les uns collés contre aux autres. Seulement, on nous a donnés des couvertures », explique un de ces déplacés de Gatumba.

Pour la plupart de ces familles, leurs hébergements jouent en même temps le rôle de stock et de cuisine.

« Nous faisons la cuisine à l’intérieur même des hangars dans lesquels nous dormons. Il y a un petit corridor, c’est là où nous préparons de quoi manger. Oui, ce sont en peu de mots ces abris d’urgence qui nous servent de dortoirs, de cuisine, mais également de stocks », ajoute notre source sur place.

 

 L’accès limité aux soins de santé

Le personnel soignant du site de Matyazo ne travaille que les matinées, les déplacés de ce site n’ont droit aux soins de santé que durant trois heures par jour. Les malades doivent donc se réveiller très tôt pour être parmi les  30 premiers, que les services de santé soignent par jour. « Le personnel soignant arrive à 9h et rentre à midi. Ils ne peuvent donc pas soigner plus de 30 personnes. Pour être sur la liste, tu dois arriver tôt. Moi, je me suis réveillé tôt, mais j’étais 40ᵉ.  Je n’ai pas été soigné, je dois y retourner encore plus tôt », regrette une des victimes de ce système.

En cas d’urgence les après-midi ou la nuit, ces déplacés devraient se débrouillent et trouver un établissement sanitaire. Dans cette localité où a été installé ce site des déplacés des inondations de Gatumba, ne se trouve aucune pharmacie qui pourrait permettre aux habitants du site de se procurer des calmants et attendre le retour du personnel soignant.

L’eau potable, un autre grand défi dans le site

Pour accéder à l’eau potable, il faut descendre une montagne à une forte pente. Ce qui cause beaucoup d’ennuis aux déplacés surtout qu’ils ne sont pas habitués à habiter les montagnes.

 « Nous puisons de l’eau du tank installé en bas de notre colline, une colline qui est vraiment pointue, il faut donc y descendre et remonter avec des bidons d'eau. Des gens font des accidents tout le temps, certains se fracturent et d’autres se font des déchirures. C’est vraiment une colline glissante. »

Dans le but d’éviter ces accidents, notre source sur place indique que la majorité des déplacés se retrouvent obligés d’acheter l’eau par bidons. Un bidon de 20 litres coute entre trois et cinq cents fracs burundais.

 

Une scolarisation difficile

Les enfants des familles délocalisées à Matyazo ont été intégrés dans des écoles publiques de la localité. Ces dernières sont sursaturées. À part cet effectif élevé d’élèves, ces écoles de Matyazo manquent de bancs pupitres suffisants et de matériel didactique, ce qui rend difficile l’apprentissage, l’encadrement et le suivi de ces enfants.

Bien qu’il n’y ait pas encore de chiffres illustratifs, des sources de la RPA au niveau du site de Matyazo signalent qu’il y aurait déjà eu des cas d’abandons scolaires.

La rédaction de la RPA n’a pas réussi à recueillir la réaction d’Imelde Sabushimike, la ministre ayant la solidarité dans ses attributions.

Le 10 mai dernier lors du lancement officiel du processus de délocalisation de cette population de la zone Gatumba, Anicet Nibaruta, le directeur général de la police de protection civile, avait annoncé qu’il y avait plus de 1747 familles parmi les plus affectées qui avaient volontairement demandé la délocalisation.

 

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